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"C’était un jeune homme très agréable, amusant et poli." Ces mots, ils ne sont pas de moi. Ils sont de Klaus Radke. A priori jusque hier soir, ça ne me disait rien, un parfait inconnu. En réalité, Klaus Radke, c’est le président d’un petit club d’aviation en Allemagne, à Montabaur. Un petit club comme il en existe beaucoup avec des passionnés, des dingues de carlingues, de vol à voile, des fadas du manche, des inconditionnels de l’altitude, des types qui rêvent d’Icare et de Saint-Expury à la fois, bref des pilotes.
Mais Klaus Radke, le président de ce petit club d’aviation, il ne parle pas de cela lorsqu’hier il a prononcé ces mots: "C’était un jeune homme très agréable, amusant et poli." Il parle en réalité d’Andréas Lubitz, l’homme, enfin l’homme, la personne qui a délibérément plongé un avion droit vers la montagne... Crash! 70.000 kilos de métal, de kérosène et de 149 personnes... Crash! Un zinc lancé à 700 km/h sur un mur, un versant rocheux... Crash!
Alors ces mots entendu hier: "C’était un jeune homme très agréable, amusant et poli", ces mots ont une drôle de saveur, celle des pleurs des familles, de l’incompréhension des proches, des interrogations du monde entier sur les raisons d’une telle folie. Andréas Lubitz était très agréable même s’il s’est enfermé délibérément dans le cockpit empêchant le pilote de revenir pour amener tout le monde à bon port. Andréas Lubitz était amusant même s’il a volontairement tourné un petit bouton demandant à son avion de descendre doucement vers la mort. Andréas Lubitz était poli même si dans les dernières minutes il ne parlait plus. Juste une respiration posée alors qu’à l’arrière 149 personne criait, hurlaient pour vivre.
"C’était un jeune homme très agréable, amusant et poli". Dix mots pas plus. L’un des rares témoignages de quelqu’un qui a connu Andréas Lubitz et qui aujourd’hui, comme moi, comme vous, comme quiconque ayant un fond d’humanité, d’empathie, quelqu’un qui ne comprend pas pourquoi.
