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"Nous avons froid!": le cri d'alarme de migrants hébergés sous des tentes en Allemagne

"Nous avons froid!": des réfugiés, logés faute de mieux sous des tentes en Allemagne, poussent un cri d'alarme alors que les températures dégringolent et obligent des autorités surmenées à chercher des solutions pour des dizaines de milliers de migrants. "Ils disent qu'ils vont faire quelque chose mais ils ne nous disent pas quand. Peut-être quand tout le monde se sera transformé en glaçon!": Hussein, un jeune Afghan de 25 ans refusant de dévoiler sa véritable identité, dort depuis un mois sous l'une des tentes non chauffées montées en urgence par la ville de Hambourg (nord).

"La nuit, on ne peut pas rester plus d'une heure sous la tente", poursuit-il. Dans ce grand port du Nord comme dans le reste du pays, le thermomètre a vertigineusement chuté, transformant les nuits sans chauffage en cauchemar. Et l'hiver allemand, réputé pour sa rigueur, n'a pas encore démarré.

En Saxe (est), la Croix-Rouge, qui veille sur 10.000 réfugiés, a également sonné l'alarme.

Dans les tentes non chauffées, "c'est devenu un problème sanitaire: les gens sont tombés malades à cause du froid", explique un porte-parole, Kai Kranich. "Nous avons distribué tous les sacs de couchage et couvertures que nous avions mais cela ne suffit pas".

Pour l'heure, tous les réfugiés de la région ont pu être "relogés" dans des tentes chauffées, précise M. Kranich. Mais il n'exclut pas de devoir accueillir de nouveau des migrants dans des lieux non chauffés.

A Hambourg, où 4.000 des 30.000 migrants dorment dans des tentes, certains ont manifesté ces derniers jours pour dénoncer leurs conditions d'hébergement précaires. "Nous avons froid!", ont-ils inscrit sur un carton de fortune.

Au total, en Allemagne, au moins 42.000 réfugiés, sur les 305.000 pris en charge par les 16 Etats régionaux, n'ont actuellement pas de toit en dur, selon une estimation du quotidien Die Welt.

Mais avec quelque 800.000 demandeurs d'asile attendus cette année, l'Allemagne fait face à une situation d'ampleur inédite, la contraignant à faire preuve d'imagination: construction de villages de containers d'habitation, réquisition de casernes militaires, ou encore reconversion en foyers de magasins de bricolage.


"Nous ne pouvons pas créer des logements d'un coup de baguette magique"

A Berlin, une des halles d'exposition qui accueillera en janvier le salon de l'agriculture vient d'être transformée en centre d'accueil d'urgence. Un millier de réfugiés s'y entassent sur des lits superposés séparés par de fines cloisons de contreplaqué.

Des gymnases ont également été réquisitionnés, provoquant les grognements de certains parents qui voient leurs enfants privés d'entraînement de basket ou de volley, en cet automne rigoureux qui ne permet plus les activités en extérieur. La chancelière Angela Merkel a promis qu'il ne s'agissait "pas d'une solution durable".

"Les maires que je connais font vraiment tout ce qu'ils peuvent pour que ces gymnases soient le plus rapidement possible de nouveau utilisés pour des activités sportives", a-t-elle insisté dans le quotidien Bild.

Des baraques en bois sont également en cours de fabrication pour protéger les migrants du froid. A Hambourg, les femmes et les enfants y seront relogés en priorité.

Mais le dirigeant Vert du Bade-Wurtemberg (sud), l'une des régions les plus riches d'Allemagne, Winfried Kretschmann, a prévenu: "Nous ne pouvons pas créer des logements d'un coup de baguette magique".

"Nous gérons encore (la situation) actuellement mais ça va être de plus en plus difficile", a-t-il ajouté lors d'une réunion des dirigeants de Länder.

A Berlin, qui affiche 5 à 6 petits degrés, les centaines de migrants qui font la queue devant le principal centre d'enregistrement des demandeurs d'asile se sont enroulés pendant des jours dans des couvertures pour résister durant les longues heures d'attente.

Un nouveau centre d'enregistrement, pour tenter de désengorger le premier, vient d'ouvrir, mais comme l'explique le responsable des Affaires sociales de la ville, Mario Czaja, "avant, Berlin accueillait entre 1.500 à 2.000 demandeurs d'asile par an. En ce moment, c'est le nombre de réfugiés qui arrivent ici chaque jour".

Plus de 600.000 migrants, dont de nombreux réfugiés fuyant des pays en guerre (Syrie, Afghanistan...), ont afflué depuis le début de l'année en Europe, lorsque la crise migratoire s'est brusquement aggravée aux frontières méditerranéennes du continent.

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