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"Risque d’une guerre entre la Russie et les Etats-Unis au cœur de l’Europe": quel est-il?

Ce midi dans "On refait le monde" sur RTL-TVI, nos chroniqueurs ont décortiqué le problème ukrainien, ses enjeux et son origine. Si vous ne comprenez pas grand-chose au problème en Ukraine et craignez qu’on doive bientôt rentrer en guerre contre la Russie, cette remise en contexte vous éclairera peut-être sur cette éventualité, qui ne servirait pas forcément les intérêts de Poutine, contrairement à ce qu’on imagine lors qu’on ne suit l’actualité en Ukraine qu’au travers des infos quotidiennes.

Est-on passé à côté d’une nouvelle guerre?

Pas encore, pour nos chroniqueurs. "Je pense qu’il y a des éléments très radicaux (présents dans l’Est de l’Ukraine, du côté des rebelles pro-russes, ndlr) que même Poutine ne parvient pas à contrôler", a estimé Michel Henrion, expert en Médiapolitique. Voilà pourquoi des petits heurts, des provocations des rebelles ont déjà éclaté et vont encore arriver malgré le cessez-le-feu. Il est donc capital que l’armée ukrainienne s’abstienne de répliquer. Le fait que le président ukrainien Petro Porochenko soit apparu en tenue militaire, en tant que chef des armées, à la télévision nationale ukrainienne pour demander expressément à ses militaires de ne pas répliquer aux attaques et de respecter scrupuleusement l’accord de cessez-le-feu est, pour notre grand reporter Christophe Giltay, un très bon signe dans ce sens. "Il faut que ça réussisse sinon il y a le risque d’une guerre entre la Russie et les Etats-Unis au cœur de l’Europe", a rappelé Michel Henrion.


Pourquoi sont-ce Hollande et Merkel qui ont dû aller négocier avec les deux camps?

Deux réponses: les républicains américains qui pourraient allumer la mèche d’une guerre avec la Russie et la situation délicate de Vladimir Poutine dans son propre pays. "Il faut bien comprendre que si ce cessez-le-feu ne fonctionne pas, il y a le danger que les républicains américains veuillent armer l’armée régulière ukrainienne", a fait remarquer Michel Henrion. Pour Christophe Giltay, "c’est cette intention qui a décidé Hollande et Merkel à agir, parce que nous, on est en première ligne. Les Américains, ils sont à 12.000 km." Mais Michel Henrion épingle aussi la situation complexe dans laquelle Vladimir Poutine se trouve aussi. "La démarche de Hollande et Merkel a été suscitée par Poutine parce que lui-même est dans une situation difficile au niveau de sa politique intérieure. Les sanctions européennes étaient déjà dures, mais la chute du prix du pétrole a terriblement alourdi la situation en Russie, avec la chute du Rouble. Donc Poutine a lui-même besoin d’un no man’s land diplomatique pour l’instant."


Pourquoi n’était-ce pas l’Union européenne?

"Hollande a dit : ‘La France, c’est 66 millions d’habitants, l’Allemagne, 80 millions. Mais quand nous sommes ensemble, nous faisons 150 millions et là on pèse autant que la Russie et pas mal face aux Etats-Unis.’ Et donc quand vous avez l’Europe qui s’unit, et plus particulièrement ses deux piliers continentaux, on a une vraie puissance", a rappelé Christophe Giltay. Mais pour l’expert en communication Alain Raviart, ce dossier prouve que "l’Union européenne est d’une faiblesse incroyable. L’Europe, c’est l’axe franco-allemand, que ce soit du point de vue géostratégique ou socio-économique."


Qu’est-ce qui est à la base du problème en Ukraine?

"Il faut bien réfléchir à la mentalité russe et à ce que représente le fait d’imaginer ce que représenterait une Ukraine (qui est le berceau de la Russie ; Kiev est la mère de la Russie) qui serait et dans l’Union européenne et dans l’Otan. C’est un casus belli (une occasion de guerre, ndlr) absolu. Ce qu’a fait Poutine, d’abord il a protégé les russophones du Dombass, Car il ne faut pas oublier que la première décision du gouvernement ukrainien il y a un an c’était de supprimer le russe comme langue officielle. C’est ça qui a tout fait péter. Il ne faut pas fâcher l’ours", a rappelé Christophe Giltay. Et l’ambition des républicains américains étaient justement de faire entrer l’Ukraine dans l’Otan pour avoir une position stratégique aux portes de la Russie tout en réalisant un véritable affront symbolique au peuple russe. Il ne faut pas oublier que seule la partie non russophone du pays était pour son entrée dans l’Otan et l’Union européenne, les russophones de l’est, qui constituent aujourd’hui les forces rebelles, ne souhaitant pas s’éloigner de leur patrie historique. "Ce sont les mêmes républicains américains qui rêvaient d’intégrer l’Ukraine à l’Otan, ce que Poutine ne voulait absolument pas. Ils ne se rendent pas compte du brasier que ça pourrait devenir. Ce sont les mêmes qui ne savaient pas que la Crimée, historiquement, c’était le cœur de l’empire russe. Ce sont les mêmes qui ignorent que l’Ukraine est liée à la Russie depuis 1000 ans de manière très très proche", rappelait pour sa part Michel Henrion. Alain Raviart, lui, estime que Vladimir Poutine est finalement le grand gagnant du conflit ukrainien jusque maintenant, y compris avec cet accord de paix qui donnera aux région russophones suffisamment d’autonomie pour ne pas sortir du giron d’influence russe, tout en ayant déjà annexé la Crimée. "Pour le reste, Poutine avance ses pions petit à petit et de manière quand même subtile. C’est accord de paix, c’est aussi un changement constitutionnel en Ukraine donnant beaucoup plus d’autonomie aux deux régions concernées dont Donetsk. Après la Crimée, vous voyez que historiquement on a l’impression que c’est quand même Poutine qui écrit les pages de l’Histoire."


L'accord de cessez-le-feu pourrait être une vraie solution

Au final, dans un pays divisé entre pro-européens (et par là-même, pro-américains) et pro-russes, au XXIème siècle, une solution négociée séparant le pays en deux entités au sein d’une Ukraine fédérale laissant beaucoup de libertés aux deux communautés, à l’image de pays comme la Suisse ou la Belgique, semble être la plus raisonnable. Cette solution, que contient l'accord signé, respecterait les désirs des populations locales.

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