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A Amatrice, des secouristes français refusent de baisser les bras

D'un pas décidé, quatre hommes en combinaison orange pénètrent dans la "zone rouge" d'Amatrice, détruite par le séisme. Escortée par les pompiers italiens, cette brigade française d'intervention spéciale espère encore retrouver des survivants.

Casque fiché sur la tête, lunettes en plastique sur le nez, rangers aux pieds, écusson bleu-blanc-rouge cousu sur leur combinaison, les hommes de la Birta (Brigade Internationale de Recherches Techniques et d'Assistance) effectuent un premier état des lieux.

"Nous arrivons de Rennes. Nous avons pris la route mercredi et nous sommes arrivés ici jeudi soir", raconte à l'AFP Bastien Bizieux, responsable de l'équipe, qui a dû obtenir l'autorisation du maire et des pompiers italiens pour intervenir.

"Là, nous allons sur un autre chantier, pour aller chercher du matériel que nous avons amené et qui permet de soulever des charges lourdes... Car il y a peut être encore un corps sous les décombres à désincarcérer", poursuit-il.

A Amatrice, qui pleure plus de 220 morts, les secouristes ont extrait trois nouvelles victimes samedi, portant à 284 le nombre de décès du séisme qui a rasé plusieurs villages dans le centre de la péninsule.

L'équipe de Bastien Bizieux est composée de sapeurs-pompiers et d'anciens militaires de la protection civile. Tous sont bénévoles et partent sur leurs jours de congés.

"Nous sommes tous spécialistes dans le sauvetage, nous ne sommes pas des amateurs. Quand il y a une urgence, on se regroupe et on part", raconte Bastien Bizieux.

"La situation sur la +zone rouge+ est très compliquée. L'artère principale de la ville est entièrement détruite. Autour, c'est un peu plus disparate, mais la route principale est assez étroite", explique-t-il.

"Les pelleteuses et les machines constituent aussi un risque pour les sauveteurs, qui sont très confinés pour travailler, ce qui limite l'engagement des équipes possibles", poursuit-il.

-"Course contre la montre"-

La brigade n'en est pas à son premier tremblement de terre. En 2010 en Haïti, ses hommes avaient participé au sauvetage de la petite Darlène Etienne, 14 jours après le séisme dévastateur.

"Apparemment il y a des bruits sous les décombres, on sait pas trop ce que c'est (...). Il y a encore de l'espoir", assure le chef d'équipe. Même si à Amatrice, les décombres offrent "très peu de caches de survie".

"Ma maison de trois étages a été réduite à 30 cm de poussière", raconte ainsi une survivante au téléphone à sa voisine. Les tas de ruines en témoignent, même s'il est difficile d'imaginer comment certaines maisons on pu ainsi s'écrouler comme des châteaux de cartes.

"S'il n'y avait pas d'espoir, nous ne serions pas là. C'est une course contre la montre", insiste Bastien Bizieux.

Tout comme les membres de la brigade française, l'ensemble des secouristes s'activent, sans une minute à perdre.

"Beaucoup de temps s'est déjà écoulé depuis la première secousse et cela n'aide pas à garder l'espoir. Nous cherchons encore des disparus, nous n'avons pas reçu de signes de vie, l’espoir est très vague", confirme Luca Cari, responsable de la communication des pompiers.

Il rappelle toutefois qu'après le séisme de 2009 à L'Aquila, à une cinquantaine de kilomètres, une personne avait été extraite vivante des décombres au bout de 72h.

Les secouristes italiens ont reçu de nombreuses propositions d'aide de l'étranger, mais assurent avoir les moyens d'agir. Même si les 1.024 pompiers déployés dans l'urgence commencent à accuser les signes de leur intense fatigue.

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