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Sécurité : l'Allemagne tire des leçons après l'attentat de Berlin

L'Allemagne a tiré mardi de premières leçons des failles sécuritaires apparues lors de l'attentat djihadiste de Berlin en décembre, en imposant des bracelets électroniques à des personnes jugées dangereuses et des expulsions accélérées de demandeurs d'asile déboutés.

Berlin a confirmé sa volonté de mettre la pression sur les pays qui refusent de reprendre les candidats à l'asile refusés, en réduisant ou supprimant l'aide au développement, ont indiqué les ministre de l'Intérieur Thomas de Maizière et de la Justice Heiko Maas lors d'une conférence de presse à Berlin.

"Nous voulons tout faire pour que le cas Amri ne se reproduise pas", a dit M. Maas, alors que les dysfonctionnements révélés par le cas du jeune Tunisien de 24 ans, auteur présumé de l'attentat le 19 décembre sur un marché de Noël berlinois, Anis Amri, ont suscité un tollé en Allemagne.

Avec ces propositions, qui viendront compléter des projets de loi sur la sécurité en cours d'examen ou de préparation, "nous voulons élever le niveau de sécurité et envoyer un signal fort à nos concitoyens", a indiqué M. de Maizière.

Parmi elles, figure le placement en rétention facilité et plus systématique, en attendant leur expulsion du pays, des étrangers jugés dangereux pour la sécurité nationale ou dont la demande d'asile a été rejetée.

Dans le cas de ces derniers, un placement en rétention sera possible si leurs pays d'origine refusent de les reprendre dans un délai de trois mois.

Anis Amri, auteur présumé de l'attentat au camion-bélier qui a fait 12 morts, avait vu sa demande d'asile rejetée en juin 2016. Mais les autorités allemandes n'ont pu l'expulser car la Tunis a contesté pendant longtemps sa nationalité tunisienne.

Berlin entend sévir en la matière en réduisant ou supprimant son aide financière aux pays qui refuseront de reprendre leurs demandeurs déboutés. "Il faudra exercer la pression nécessaire sur ceux qui ne coopèrent pas suffisamment", a dit M. Maas, en citant "l'aide au développement et l'aide économique".

Ce volet ne fait toutefois pas l'unanimité au sein de la coalition gouvernementale d'Angela Merkel.

Le ministre chargé de l'aide au développement, Gerd Müller, membre de l'aile droite de la famille politique conservatrice de la chancelière, s'en est ému. Il a mis en garde contre un effondrement des économies des pays du Maghreb qui conduirait "à d'énormes problèmes".

- Bracelets électroniques -

Le port de bracelets électroniques pourra aussi être imposé à de nombreuses personnes jugées potentiellement dangereuses, en particulier celles sortant de prison après une condamnation pour une affaire de terrorisme.

Les demandeurs d'asile utilisant plusieurs identités dans le pays pour s'enregistrer auprès de l'administration allemande seront sanctionnés notamment par une obligation de résidence dans un territoire restreint.

Anis Amri avait utilisé 14 identités différentes lors de son séjour en Allemagne, depuis l'été 2015, à la fois pour pouvoir percevoir différentes allocations sociales mais aussi pour brouiller les pistes alors qu'il était surveillé par le renseignement intérieur.

Selon les renseignements allemands, 548 islamistes vivant ou ayant vécu en Allemagne constituent actuellement une menace pour la sécurité publique. Anis Amri en faisait partie.

Le premier attentat jihadiste d'ampleur sur le sol allemand a aussi révélé des carences dans le renseignement intérieur, éclaté dans les différents Etats régionaux et qui n'a pu arrêter à temps Anis Amri alors que ce dernier était connu pour sa dangerosité.

Le ministre de l'Intérieur a du coup proposé la semaine dernière une centralisation du renseignement en supprimant les services régionaux. L'idée a provoqué une levée de boucliers des Länder qui s'inquiètent d'une remise en cause du fédéralisme, pilier du système allemand.

Berlin envisage enfin de classer le Maroc, l'Algérie et la Tunisie comme des pays "sûrs", ce qui rendrait les demandes d'asile difficiles pour leurs ressortissants. Mais la loi est bloquée depuis des mois au Parlement par la gauche, qui argue de violations des droits de l'homme dans ces pays.

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