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Attentat terroriste en France: la victime décapitée était l'employeur de l'auteur présumé

Une tête décapitée retrouvée près de drapeaux islamistes et au moins deux personnes blessées dans une explosion: voilà le bilan de l'attentat commis vendredi dans un site de gaz industriels en Isère, près de Lyon. Selon le président français François Hollande, un suspect a été arrêté et identifié.

Une personne est morte et plusieurs ont été blessées dans une attaque commise vendredi matin dans une usine de gaz industriels à Saint-Quentin-Fallavier (nord de l'Isère), selon une source proche du dossier. "Selon les premiers éléments de l'enquête, un ou plusieurs individus, à bord d'un véhicule, ont foncé sur l'usine. Une explosion s'est alors produite", a précisé une autre source proche du dossier. L'incendie serait maîtrisé et la situation "sous contrôle". 

L'attaque est survenue vers 10H00 dans une unité du groupe américain Air Products située dans une vaste zone logistique entre Lyon et Bourgoin-Jallieu (nord de l'Isère), non loin de l'aéroport de Saint-Exupéry et d'une prison. Le parquet antiterroriste s'est saisi de l'enquête.

La dépouille de la personne retrouvée décapitée vendredi sur les lieux de l'attentat contre un site de gaz industriels, en Isère, est celle d'un chef d'entreprise de la banlieue de Lyon qui était l'employeur de l'auteur présumé de l'attaque, a-t-on appris de sources proches du dossier.


Plusieurs personnes interpellées

Une personne, soupçonnée d'être l'auteur de l'attentat, a été arrêtée. Selon François Hollande, intervenu en direct lors d'une allocution réalisée depuis Bruxelles, où il était en déplacement, l'individu suspecté d'avoir commis l'attaque a été "identifié". L'auteur présumé de l'attentat commis vendredi en Isère a été fiché en 2006 par les services de renseignements pour "radicalisation" et était "en lien avec la mouvance salafiste", a annoncé le ministre de l'Intérieur Bernard Cazeneuve. La fiche n'a pas été renouvelée en 2008, a ajouté le ministre, qui a précisé que l'auteur présumé, Yassine Salhi (orthographe non confirmée), âgé de 35 ans, n'avait pas de casier judiciaire. D'éventuelles complicités vont être étudiées.

Une seconde personne a été interpellée à son domicile à Saint-Quentin-Fallavier. Il s'agit d'un conducteur, aperçu ce matin en train de faire des allers-retours devant la société ciblée. "Un véhicule a été repéré en train de faire des allers-retours suspects en périphérie de l'enceinte, son numéro d'immatriculation a été relevé et son propriétaire a été identifié. Il a été arrêté", a détaillé une source proche du dossier. Aucun lien formel n'a toutefois été établi à ce stade entre l'attaque et cet homme.

Toujours d'après le ministre de l'Intérieur, le supect a été neutralisé par un pompier qui s’est rendu sur place et qui a procédé à la mise hors d'état de nuire.

Une perquisition serait en cours au domicile de la deuxième personne interpellée à la suite de l'attentat perpétré près de Lyon vendredi, indiquent plusieurs médias français. Selon le préfet de l'Isère Jean-Paul Bonnetain, le véhicule qui a pénétré dans l'usine disposait d'une autorisation. "On ne peut pas accéder à ces sites industriels librement. C'est un véhicule qui bénéficiait d'un agrément pour entrer sur le site en question. Donc la procédure a été respectée mais les circonstances, et l'enquête le révèlera, nous prouvent que c'est peut-être au sein même du dispositif ou de l'entreprise intervenante qu'était logée la menace", a indiqué le préfet, cité par le Monde.

L'épouse de Yassin Salhi a été interpellée, indique une source judiciaire.


La tête décapitée, retrouvée accrochée au grillage de l'usine

La tête de la victime a été retrouvée accrochée au grillage de l'enceinte du groupe américain Air Products à Saint-Quentin-Fallavier, entourée de deux drapeaux islamistes, signe d'une mise en scène. C'est la première personne décapitée en France lors d'une attaque terroriste, une pratique fréquemment utilisée en Syrie et en Irak par le groupe Etat islamique (EI). Selon les premiers éléments de l'enquête fournis par une de ces sources, l'entreprise de transports de cet homme, qui serait âgé d'environ 45 ans, disposait d'une habilitation pour entrer sur le site de la société américaine Air Products, située à Saint-Quentin-Fallavier, non loin de l'aéroport de Lyon. L'auteur présumé de l'attentat, Yassin Salhi, 35 ans, a ensuite repris le volant de la camionnette et percuté des bouteilles de gaz, provoquant une explosion. Il est ensuite sorti du véhicule pour se rendre dans un bâtiment proche et manipuler d'autres bouteilles.

Une équipe de pompiers, appelée en secours, a été accueillie par Salhi au cri de "Allahou Akbar" (Dieu est le plus grand), a poursuivi cette source proche du dossier. Les pompiers sont parvenus à le ceinturer et à le maîtriser en attendant l'arrivée des gendarmes. L'épouse de Yassin Salhi a été interpellée près de Lyon. Une autre personne a été interpellée après avoir été repérée aux abords du site, mais aucun lien avec l'attaque n'est pour l'heure établi, selon ces sources.

Outre cette personne décédée, le bilan fait état de deux blessés légers.


Un site sensible

Le site où l'attentat a été perpétré est une base logistique de la société Air Products localisée dans le zoning industriel de Saint-Quentin-Fallavier. L'entreprise Air Products fournit des gaz industriels, des équipements et services associés à ces gaz. Il s'agit d'un site classe Seveso, à savoir un site industriel présentant des risques d'accidents majeurs.

Les pompiers ont masqué la zone. Deux drapeaux islamistes étaient également visibles sur le grillage vert entourant le site, selon une journaliste de l'AFP, signe d'une probable mise en scène. La décapitation est un mode opératoire qui évoque une signature du groupe terroriste Etat islamique.

Les accès au site Air Products, où sont entreposées des centaines de bonbonnes de gaz et où stationnaient de nombreux poids-lourds, ont été bouclés par les gendarmes alors que la presse affluait. Aucun dégât n'était apparent depuis les abords où les journalistes étaient cantonnés.

"La nature de l'activité de l'entreprise n'est peut être pas étrangère au choix de la cible", a indiqué le prefet de l'Isère Jean-Paaul Bonnetain, comme le relève le site du Dauphiné Libéré.


Le parquet se saisit de l'affaire et la vigilance est renforcée

Le ministre de l'Intérieur, Bernard Cazeneuve, qui était en déplacement dans le département voisin du Rhône, s'est immédiatement rendu sur place en hélicoptère. Le Premier ministre Manuel Valls, en déplacement en Amérique du Sud, a lui ordonné une "vigilance renforcée" sur tous les sites sensibles de la région Rhône-Alpes.


Hollande rentrera cet après-midi à Paris

Le président français François Hollande qui participait vendredi à un sommet européen à Bruxelles est rentré "en tout debut d'après-midi" à Paris après l'attentat commis en Isère, a-t-on appris auprès de son entourage. "Il rentrera en tout début d'après-midi et est en contact permanent avec le ministre de l'Intérieur Bernard Cazeneuve et les services de l'Etat", a-t-on déclaré de même source, précisant qu'il s'exprimera "avant 13 heures" devant la presse à Bruxelles.

Cela fait près de six mois que les attentats de Paris ont eu lieu. Ils avaient fait 17 morts.


Le film des évènements

Le film de la journée du 26 juin, marquée par un attentat islamiste en Isère qui a fait un mort:

- Peu avant 10H00: Un homme percute avec une camionnette des bouteilles de gaz stockées dans une usine de la société Air Products de Saint-Quentin-Fallavier, dans l'Isère, provoquant une forte explosion. Selon les images de la vidéosurveillance, le chauffeur avait préalablement placé la tête tranchée de son employeur, propriétaire du véhicule, sur le grillage extérieur, entourée de drapeaux islamistes. Les pompiers dépêchés sur place maîtrisent l'auteur présumé de l'attentat, avant de le remettre aux gendarmes.

L'homme arrêté était connu des services de renseignement pour des accointances avec la mouvance salafiste. Au moment de son interpellation, il ne porte pas de papiers et refuse de s'exprimer.

- 11H00: En visite non loin de là dans le Rhône, Bernard Cazeneuve, ministre de l'Intérieur, annonce qu'il se rend immédiatement sur place.

- 11H30: Le Premier ministre Manuel Valls, en déplacement en Colombie, ordonne une "vigilance renforcée" sur les sites sensibles de Rhône-Alpes. Le parquet antiterroriste se saisit de l'enquête.

- 12H15: Le ministre de la Défense, Jean-Yves Le Drian, annonce qu'il écourte son déplacement dans le Sud-Ouest pour rejoindre Paris et être présent au Conseil convoqué par le président de la République, François Hollande. Dans un communiqué, Marine Le Pen demande que "des mesures fermes et fortes soient prises immédiatement pour terrasser l'islamisme".

- 12H50: De Bruxelles, où il participe à un sommet européen, le président de la République évoque une "attaque de nature terroriste" et un auteur, "identifié", "peut-être" deux.

- 13H20: Bernard Cazeneuve indique que l'auteur présumé est "en lien avec la mouvance salafiste". Il s'agit de Yassin Salhi, 35 ans, marié et père de trois enfants, habitant de la banlieue lyonnaise.

- 14H30: Un second homme est interpellé, après avoir été repéré en train d'effectuer des allers-retours suspects devant l'usine. Il sera par la suite relâché.

- 14H45: De Bogota, Manuel Valls affirme que "le terrorisme islamiste a frappé une nouvelle fois en France" et annonce qu'il participera par conférence téléphonique au Conseil convoqué à l'Élysée par le président. Il indique qu'il partira immédiatement après pour Paris.

- 14H50: La femme et la soeur de Yassin Salhi sont interpellées.

- 15H15: La dépouille de la personne décapitée est identifiée, il s'agit d'un chef d'entreprises dont la société employait Yassin Salhi.

- 15H30: Le Conseil restreint débute à l'Élysée.

- 15H55: François Hollande et le président tunisien Béji Caïd Essebsi expriment, lors d'une déclaration commune, "leur solidarité face au terrorisme", après cet attentat et celui commis en Tunisie dans l'après-midi, à Sousse et qui a fait 27 morts.

- 16H45: François Hollande annonce que le plan Vigipirate est porté "en alerte maximum" pendant trois jours dans la région Rhône-Alpes.

- 16H55 : Le président Hollande appelle à "l'unité" face au "terrorisme" et à ne pas se "laisser détourner par de vaines querelles" après l'attentat.

 

 

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