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Avec la naissance de la petite princesse, la reine Elizabeth devrait-elle abdiquer pour laisser place à Charles et William?

La presse britannique a accueilli avec joie la naissance de la fille du prince William et de Kate, affichant en une dimanche des photos en gros plan du nouveau membre de la famille royale. Mais malgré ce bonheur immense et cette nouvelle génération qui arrive, c'est toujours la Reine Elizabeth qui est sur le trône et le prince Charles vieillit.

La naissance d'une fille, second enfant de William et Kate, est célébrée comme une nouvelle illustration éclatante du renouveau de la dynastie des Windsor, mais l'heureux événement planétaire est quelque peu un trompe-l'oeil : la monarchie britannique au zénith de sa popularité est aussi et surtout une gérontocratie.


Quatre générations

Quatre générations cohabitent désormais au sein de la famille régnante. Au sommet trône Elizabeth II, 89 ans, "ravie" d'être arrière grand-mère pour la cinquième fois mais qui n'entend pas abdiquer au profit de son fils aîné, Charles, prince de Galles. Ce dernier se prépare activement à son futur métier de roi à 66 ans, un âge où ses sujets aspirent à la retraite. Au deuxième rang dans la ligne de succession, William jouit d'une forte cote de popularité jamais démentie depuis son mariage mis en scène comme un conte de fées en mondovision avec la roturière Kate, en 2011. En troisième position suit George, le premier enfant du couple modèle et moderne, né en juillet 2013. La princesse née samedi s'intercale en quatrième position, repoussant d'un cran l'infortuné prince Harry, frère de William.


La petite princesse accompagnée d'une modernisation

L'avènement se devait d'être salué par des salves de canons à Londres, et des vivats dans le monde entier. "Il est très peu probable que le bébé règne un jour mais la possibilité ne peut être écartée", a fait valoir à l'AFP l'historien Robert Jobson. Quel que soit son destin, la petite princesse est entrée de plain-pied dans l'histoire millénaire de la dynastie. Elle est la première à bénéficier d'une modernisation qui permet désormais "de ranger les héritiers par ordre de naissance", sans priorité donnée aux garçons, rappelle Bob Morris expert à l'University College London (UCL).


L'avenir prévisible est à la gérontocratie

La jeune garde est bien là, mais l'avenir prévisible est à la gérontocratie, tempèrent les experts royaux. "Si la reine vit aussi longtemps que sa mère décédée à 101 ans, alors le prince Charles aura environ 80 ans quand il accédera au trône", avait prévenu le constitutionnaliste Robert Hazell, à l'occasion de la naissance de George. "Si le prince de Galles, à son tour vit jusqu'à un âge avancé, alors William sera passablement vieux le jour où il sera appelé à régner", poursuit aujourd'hui Morris. "Nous risquons de nous retrouver coincés avec des monarques du troisième âge pour un bon bout de temps".


Elizabeth II a redoré le blason de la dynastie britannique

Le constat relativise le message martelé par la formidable machine à communiquer du palais de Buckingham, vantant les bienfaits de la pérennité d'Elizabeth II, garante d'une stabilité rassurante. Il est vrai que la reine a redoré le blason dynastique terni par les frasques des jeunes princes dans les années 80, et a majestueusement fêté son jubilé de diamant (60 ans) en 2012. Elle battra le 9 septembre le record absolu de longévité sur le trône détenu par sa trisaïeule la reine-impératrice Victoria.


La Reine a fait le serment de servir à vie

D'aucuns jugeraient la mission accomplie. Mais elle a fait le serment de "servir à vie". Qui plus est, la montée des nationalismes et autres indépendantistes écossais qui menacent l'intégrité de son Royaume-Uni "l'incitent à rester", juge Morris. Conséquence: "Une abdication est peu probable" poursuit-il, exprimant une opinion largement partagée par tout ce que le pays compte d'experts ès Majesté. Après elle, "les choses pourraient changer" note toutefois Jobson. Ses héritiers pourraient s'inspirer des précédents établis par les départs en retraite inopinés du pape Benoît XVI, de la reine Beatrix des Pays-Bas, du roi des Belges Albert II ou encore de celui d'Espagne, Juan Carlos.


Une transition en douceur?

La reine poursuit bon pied bon oeil mais son emploi du temps officiel et celui de son mari le prince Philip, 93 ans, ont été subrepticement allégés. Certes, elle va se rendre en visite d'Etat en Allemagne en juin et entend assister au sommet du Commonwealth à Malte fin novembre, mais c'en est a priori fini des déplacements sur ses terres du bout du monde, comme l'Australie. De sorte que les médias les moins révérencieux évoquent une transition en douceur, sinon une régence de facto. Un acte de 1937 prévoit ce cas de figure "en cas d'incapacité mentale ou physique du monarque" rappelle Jobson pour ajouter aussitôt: "Ce n'est pas à l'ordre du jour"

Charles remet des médailles, prononce des discours, "ça ne fait pas de lui un régent", stipule Morris. "Il peut la soulager. Il ne peut pas la remplacer". Les petits-fils de sa Majesté, William et Harry, l'assistent, dans une moindre mesure, de sorte que la monarchie prend une apparence rajeunie et plus collective. Pendant ce temps, les républicains plafonnent à 20%.

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