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Tout ce qu'il faut savoir sur le vote en Catalogne: 893 blessés, le président catalan demande une médiation internationale

La police espagnole a fait usage de la force dimanche pour empêcher des milliers de Catalans de voter lors du référendum interdit sur l'indépendance de leur région, Madrid et Barcelone se renvoyant la responsabilité des incidents. D'après les chiffres des services de santé catalans, relayés par El periódico et El mundo, 893 personnes ont été reçues dans les hôpitaux de la région pour des blessures diverses.

Voici ce que l'on sait du référendum sur l'indépendance de la Catalogne organisé par les séparatistes malgré son interdiction par le gouvernement espagnol.


Les séparatistes crient victoire, le président catalan exige le retrait des policiers envoyés par Madrid

La question posée dimanche aux Catalans était: "Voulez-vous que la Catalogne soit un Etat indépendant sous forme de république?".

Quelque 5,3 millions d'électeurs étaient appelés à se prononcer. Selon le gouvernement séparatiste de Catalogne, le "oui" l'a emporté avec 90% des voix. Il a assuré que 2,26 millions de personnes avaient voté, établissant le taux de participation à 42,3%.

En théorie, en vertu de la loi votée le 6 septembre par la majorité séparatiste au parlement catalan, l'indépendance doit être proclamée dans les 48 heures suivant une victoire du "oui".

Quelque 2.300 bureaux avaient été mis en place par l'exécutif régional pour permettre aux 5,3 millions de Catalans de voter, mais le gouvernement espagnol avait annoncé la veille avoir mis sous scellés 1.300 bureaux.

Carles Puigdemont, le président catalan

Le président de la Catalogne Carles Puigdemont a affirmé dimanche que les habitants de sa région avaient gagné "le droit d'avoir un Etat indépendant qui prenne la forme d'une République". Samedi, il avait assuré qu'en cas de victoire du "oui", il déclarerait l'indépendance de la Catalogne. Ce lundi, il a demandé le retrait de toutes les forces de l'ordre déployées par Madrid, "en raison de la répression". Carles Puigdemont a également demandé une médiation internationale dans la crise avec le gouvernement espagnol.

Le chef du gouvernement espagnol Mariano Rajoy a lui estimé qu'il n'y avait "pas eu de référendum d'autodétermination en Catalogne". "L'Etat de droit reste en vigueur avec toute sa force", a-t-il dit.


Les forces de l'ordre recourent à la violence pour éviter le référendum 

Malgré l'interdiction du vote, des milliers de Catalans se sont massés dès l'aube ce dimanche devant les bureaux de vote.

Dix mille membres des forces de l'ordre ont été envoyés en renfort en Catalogne par Madrid, selon le journal El Pais. Rapidement les policiers anti-émeutes ont forcé plusieurs bureaux de vote pour saisir bulletins de vote et urnes. A Barcelone, selon des témoins, ils ont tiré des balles en caoutchouc puis chargé à coups de matraques contre des milliers de personnes qui étaient descendues dans la rue pour participer au scrutin. Rosa Maria, une Barcelonaise, a d'ailleurs témoigné pour RTL après avoir voté. Elle a assisté aux violences.

La police a tiré des balles en caoutchouc sur les manifestants, selon des témoins. Le ministère de l'Intérieur a quant à lui diffusé des vidéos montrant des contestataires lançant des pierres sur les policiers. Le président indépendantiste catalan Carles Puigdemont a dénoncé la "violence injustifiée" de la police nationale.

Selon les services de santé régionaux, au total en Catalogne, 893 personnes ont "sollicité l'assistance sanitaire pendant la journée du référendum, en relation avec les charges des forces de police de l'Etat", selon le gouvernement régional. Deux personnes sont gravement blessées, une victime d'un infarctus et une atteinte à l'oeil. De son côté, le ministère de l'Intérieur a annoncé que 33 membres des forces de l'ordre avaient été blessés, certains ayant été visés par des jets de pierres.

Le préfet dénonce l'attitude des policiers régionaux

Le représentant de l'Etat en Catalogne a dénoncé dimanche l'attitude de la police régionale catalane qui n'est pas intervenue pour faire fermer les bureaux de vote qui devaient servir à l'organisation d'un référendum illégal.

"Les policiers catalans avaient reçu l'ordre d'empêcher la tenue du référendum illégal et devaient éviter que les centres ouvrent, mais malheureusement cela n'a pas été le cas", a affirmé le préfet Enric Millo, en dénonçant aussi "l'immense irresponsabilité" des dirigeants catalans. "La ligne politique a pris le dessus sur la ligne professionnelle mettant en danger de manière irresponsable le prestige d'un corps de police", a-t-il déclaré, en expliquant l'intervention de la police et de la garde civile, envoyées en renfort en Catalogne. "La police et la garde civile devaient agir", a-t-il expliqué en précisant qu'elle ne visent pas "les personnes (mais) le matériel électoral".

Le poids de la Catalogne

Grande comme la Belgique, la Catalogne fait partie avec Madrid des deux régions les plus riches d'Espagne, elle-même quatrième économie de la zone euro. Ce territoire ayant une langue et une culture propres, bordé par la Méditerranée et les Pyrénées, représente 6,3% de la superficie de l'Espagne, 16% de la population et un cinquième du PIB.

La Catalogne accueille industries de pointe et centres de recherche. Elle fournit un quart des exportations de l'Espagne et connaît un taux de chômage de 13,2%, quatre points de moins que la moyenne nationale. Terre des peintres Salvador Dali et Joan Miro ou de l'architecte Antoni Gaudi, la Catalogne est la première région touristique d'Espagne.

En sport, Barcelone est la seule ville espagnole à avoir accueilli les jeux Olympiques d'été, en 1992, et le FC Barcelone est le deuxième club le plus titré du pays.

La Catalogne est néanmoins l'une des régions espagnoles les plus endettées avec une dette publique égale à 35,2% de son PIB. La région dénonce la répartition inéquitable des deniers publics en Espagne, responsable de son asphyxie financière, ce que Madrid conteste.

De larges compétences

Berceau de l'anarchisme en Espagne, la Catalogne a souvent eu des relations complexes avec le pouvoir central.

Le dictateur Francisco Franco avait retiré ses compétences et infligé une dure répression à ce fief de ses ennemis Républicains, interdisant aussi l'usage officiel du catalan.

Aujourd'hui, la Catalogne dispose de très larges prérogatives en tant que "communauté autonome historique", comme le Pays basque (nord), la Galice (nord-ouest) et l'Andalousie (sud).

Dans une Espagne très décentralisée, elle doit respecter la Constitution, mais administre directement la santé et l'éducation et a sa propre police, les "Mossos d'Esquadra", également soumise au pouvoir central.

A partir de 2003, la Catalogne obtient un renforcement de ses compétences. L'annulation partielle de ce "statut" par la Cour constitutionnelle en 2010, alimentera, comme la crise économique, le sentiment indépendantiste.

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