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Conflit des Balkans: le procureur rend hommage aux survivants, "les vrais héros"

Le procureur du Tribunal pénal international pour l'ex-Yougoslavie (TPIY) a rendu hommage lundi aux survivants du conflit des Balkans venus témoigner lors des différents procès et a appelé à la réconciliation dans une région toujours fracturée.

"Les vrais héros, les seuls héros sont les survivants qui sont venus à la Cour, ceux qui ont survécu dans une fosse commune pendant des heures et qui, des années plus tard, sont venus raconter leur histoire et affronter les coupables", a déclaré Serge Brammertz.

Le procureur du TPIY et son équipe ont souvent été inspirés par le courage des victimes dans leur quête de traduire en justice des criminels de guerre, a confié M. Brammertz dans une interview donnée à l'AFP à deux jours du verdict historique rendu contre l'ancien chef militaire des Serbes de Bosnie Ratko Mladic.

"Elles ont vraiment donné, à mon équipe et à moi-même, l'énergie nécessaire pour faire notre travail, parce qu'elles nous rappellent à chaque fois, encore et encore, pourquoi ce tribunal a été créé", a-t-il poursuivi.

Plus de 20 ans après les conflits qui ont déchiré l'ex-Yougoslavie, Ratko Mladic, 74 ans, surnommé le "boucher des Balkans", connaîtra mercredi le verdict du TPIY, refermant une page de l'Histoire.

- 'La peine la plus élevée' -

Car après avoir, au cours de ses deux dernières années, jugé Ratko Mladic et condamné son alter ego politique Radovan Karadzic à quarante ans de prison, le TPIY fermera définitivement ses portes le 31 décembre avec, au compteur, 161 inculpés.

Dernier à être jugé en première instance, le général Mladic est poursuivi pour génocide, crimes contre l'humanité et crimes de guerre lors de la guerre de Bosnie (1992-1995), qui a fait plus de 100.000 morts et 2,2 millions de déplacés.

L'accusation a requis la perpétuité contre M. Mladic. Serge Brammertz se dit "confiant", et "attend la prononciation de la peine la plus élevée", "celle que M. Mladic mérite sur la base des preuves présentées et compte tenu du haut niveau de responsabilité".

Le TPIY se prépare à rendre "l'un des plus importants jugements de son histoire", a souligné le procureur, pour qui il est désormais l'heure de regarder dans le rétroviseur.

Depuis son bureau au sein du tribunal basé à La Haye, il se souvient que dès ses premières rencontres avec les victimes bosniaques, la requête qui les tenait le plus à coeur "a toujours été de voir (Radovan) Karadzic et (Ratko) Mladic arrêtés et traduits en justice".

- 'Avancer ensemble' -

Ainsi, fermer les portes du TPIY sans avoir poursuivi ces deux-là, accusés des pires atrocités commises en Europe depuis la Seconde guerre mondiale, "aurait été pour toujours l'un des chapitres les plus noirs de l'histoire du tribunal", a confié le procureur.

Lui qui voyage souvent dans la région des Balkans s'inquiète des nationalismes naissants et des "politiciens qui glorifient aujourd'hui les criminels de guerre", ajoutant que la "situation avait régressé ces dernières années".

"J'espérais qu'il y ait une acceptation des actes répréhensibles, qu'il y aurait une acceptation commune du passé. Cela n'est pas le cas", a regretté Serge Brammertz.

"Si vous ne pouvez pas être d'accord sur le passé, comment pouvez-vous construire un avenir ensemble?", interroge-t-il. "J'espère vivement qu'une nouvelle génération de personnes en ex-Yougoslavie aura une lecture beaucoup plus critique du passé pour avancer ensemble."

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