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Crise en Catalogne - Madrid reprend la main face à des indépendantistes sans projet clair

(Belga) Le président du gouvernement espagnol Mariano Rajoy a annoncé samedi déclencher le processus de suspension de l'autonomie catalane, dernière étape de la crise qui a éclaté le 1er octobre avec la tenue difficile du référendum pour l'indépendance de la région. "Les indépendantistes sont divisés sur quasiment tout hormis la volonté de voir une Catalogne indépendante. Aujourd'hui, on dirait qu'ils n'ont pensé à aucun plan B ou C, leur stratégie politique pose problème", estime Jean-Michel De Waele, professeur de sciences politiques à l'ULB.

M. Rajoy a indiqué que son exécutif emploierait "les pouvoirs que l'article 155 de la Constitution donne au gouvernement". Cet disposition, encore jamais utilisée dans l'histoire espagnole et dont les termes sont flous, permet à Madrid de reprendre le contrôle d'une région autonome qui agirait "de façon à porter gravement atteinte à l'intérêt général de l'Espagne". Le président du gouvernement a également annoncé que Carles Puidgemont, le président de la Catalogne, va être démis de ses fonctions, tandis que des élections seraient organisées dans la région endéans les six mois. "C'est une bonne façon de demander aux Catalans ce qu'ils pensent de l'avenir de leur communauté", estime M. De Waele, qui pense que rien n'indique que les indépendantistes seront en meilleure position au moment du scrutin. "Il faudra cependant un jour passer par un référendum", ajoute-t-il. Hendrik Vos, professeur de politique européenne à l'UGent, juge quant à lui que Madrid essaie de gagner du temps en appelant des élections. "Les aspirations indépendantistes vont encore augmenter entre-temps en Catalogne. Il faut faire des progrès rapidement", fait-il valoir. "Personne n'attend l'intervention des soldats espagnols dans les rues de Barcelone." Le professeur gantois envisage une sortie de crise via une médiation extérieure. "Ce serait peut-être une mission pour un vieux politicien, quelqu'un avec une expérience dans la gestion de conflit", indique-t-il. Une solution à laquelle Jean-Michel De Waele ne croît pas vraiment. "Une médiation extérieure ferait de Madrid et Barcelone des égaux. Quel état accepterait cela? Madrid ne peut pas perdre sa souveraineté sur une telle question, cela reconnaîtrait la Catalogne indépendante de facto." M. De Waele pointe par ailleurs le manque de culture du compromis et d'imagination institutionnelle en Espagne. "En Belgique, nous avons conclu des accords institutionnels surréalistes, mais ils ont eu le mérite d'éviter ce genre de situation. Je ne vois pas de Jean-Luc Dehaene, de Wilfried Martens ou de Leo Tindemans en Espagne", conclut-il. (Belga)

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