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Décès de Léon Zyguel, déporté et témoin au procès de Maurice Papon

Léon Zyguel, déporté à Auschwitz et à Buchenwald, témoin lors du procès de Maurice Papon, est décédé jeudi à l'âge de 87 ans, a-t-on appris auprès du Parti communiste et du Front de gauche.

Né à Paris en 1927 de parents juifs polonais émigrés en France, Léon Zyguel est arrêté par la gendarmerie allemande à 15 ans, en mai 1942, au passage de la ligne de démarcation.

Déporté à Auschwitz en septembre 1942, il participe en janvier 1945 à l'une des "marches de la mort", qui voient les Allemands faire évacuer certains camps devant l'avance des troupes soviétiques, et se retrouve à Buchenwald.

Là, il participe avec les prisonniers à la libération du camp, le 11 avril 1945.

"Il fait preuve, lors de cette action libératrice, avec les autres prisonniers, d'une humanité rare. Cette même humanité qu'il garda chevillée au corps tout au long de sa vie, choisissant de faire prisonnier ses geôliers, pour qu'ils soient jugés, plutôt que de se faire justice", ont écrit les élus du Front de gauche de Montreuil, dans un communiqué.

Militant communiste et anticolonialiste après la guerre, acteur de son propre rôle dans le film "Les héritiers" (2014), où il venait raconter sa déportation aux élèves d'un lycée de Créteil, Léon Zyguel vivait à Montreuil, près de Paris.

"Installé depuis plus de 50 ans à Montreuil, Léon était une personnalité attachante et remarquée de notre ville, où il jouait un rôle actif dans la transmission de la mémoire", ont rappelé les élus du Front de gauche, qui saluent "sa modestie, son humanité rare, sa hauteur d'esprit, sa simplicité à dire l'indicible et les valeurs qu'il défendait et incarnait".

Il avait été témoin à charge dans le procès de Maurice Papon, condamné en 1998 pour complicité de crimes contre l'humanité pour des actes commis alors qu'il était secrétaire général de la préfecture de la Gironde, entre 1942 et 1944.

"Artisan de la mémoire, passeur auprès des jeunes générations (#LesHéritiers), poursuivons le combat courageux de Léon Zyguel", a twitté le Premier ministre, Manuel Valls.

Sa mémoire ne s'éteindra pas tant qu'il y aura des héritiers pour la transmettre", a réagi de son côté la ministre de l'Education nationale, Najat Vallaud-Belkacem, tandis que le secrétaire d'Etat chargé des Anciens combattants et de la Mémoire, Jean-Marc Todeschini, a salué "un passeur de mémoire, un homme qui avait fait de son expérience tragique le combat de sa vie".

Léon Zyguel est mort deux jours après les commémorations du 70e anniversaire de la libération du camp d’Auschwitz, le 27 janvier. A cette occasion, il avait témoigné dans l'Humanité: "L'essentiel, c'est de garder sa dignité. Il ne faut jamais l'oublier. Eux voulaient nous déshumaniser pour mieux nous abattre".

Il était chevalier de la Légion d'honneur.

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