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Emouvant hommage aux 71 migrants asphyxiés dans un camion: "Ma famille a aussi dû fuir la Hongrie, mais elle est restée en vie" (vidéo)

Deux jours après la découverte en Autriche d'un camion charnier contenant 71 cadavres, probablement de réfugiés syriens, quatre hommes, interpellés en Hongrie, devaient comparaître samedi devant la justice, tandis que l'ONU appelait l'Europe à "faire bien davantage" pour les migrants au nom du devoir d'"humanité".

Partageant l'émotion suscitée par le drame de ces réfugiés, dont quatre enfants, vraisemblablement morts asphyxiés et abandonnés dans un camion en bord d'autoroute, le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, s'est dit "horrifié" par cette "tragédie humaine" qui, a-t-il insisté, "appelle une réponse politique collective et déterminée".

Et alors que l'Union européenne peine à adopter une position commune et que plusieurs de ses Etats membres rechignent à donner asile aux dizaines de milliers de réfugiés fuyant notamment la guerre en Syrie, Ban Ki-Moon a lancé un appel aux "gouvernements impliqués", en premier lieu européens, pour qu'ils "fournissent des réponses globales" et "développent des canaux légaux et sûrs de migration".

"Ce n'est pas seulement une question de droit international, c'est aussi notre devoir en tant qu'êtres humains", a lancé M. Ban, évoquant une "crise de solidarité, pas une crise de chiffres".

Les Hongrois rendent hommage aux migrants décédés

Les Hongrois ont allumé des bougies et apporté des fleurs en hommage à ces migrants décédés dans le camion. "De nombreuses personnes de ma famille ont dû fuir la Hongrie à différentes périodes de l'histoire. Certaines sont revenues, d'autres pas. Mais elles sont toutes restées en vie", a dit une Hongroise venue se recueillir.

Un bénéfice de 700.000€ aux passeurs qui pourraient comparaître pour meurtre

Samedi, les quatre hommes interpellés, trois Bulgares - le propriétaire du camion et deux chauffeurs - et un Afghan, vont comparaître devant un tribunal à Kecskemét, ville située à mi-chemin entre Budapest et la frontière serbe. Selon la police autrichienne, ils sont soupçonnés d'être "les petites mains (...) d'un gang bulgaro-hongrois de trafic d'êtres humains". Selon un responsable autrichien, le voyage des 71 réfugiés, depuis la guerre en Syrie jusqu'à leur mort sur une autoroute européenne, a rapporté au total aux passeurs 700.000 euros.


Enfermés dans 15 m² sans air: ils sont probablement morts asphyxiés au bout d'une heure

L'Autriche a d'ores et déjà annoncé qu'elle demanderait l'extradition des quatre hommes interpellés, qui selon le Parquet pourraient être poursuivis pour meurtre. Selon le quotidien autrichien Oesterreich, les 71 victimes étaient enfermés dans 15 m2 et ont dû mourir asphyxiés au bout d'une heure, ayant été enfermés sans aucune aération.

 
Des familles entières fuient la misère et font confiance aux passeurs

Ce sont des ouvriers travaillant à l'entretien de l'autoroute qui ont alerté la police après avoir vu "des fluides de corps en décomposition" couler du camion garé sur la bande d'arrêt d'urgence. La découverte macabre en Autriche n'est que la dernière d'une série de tragédies qui ont causé la mort ces derniers mois de milliers de migrants, parfois des familles entières fuyant la guerre ou la misère et qui ont livré leur sort aux réseaux de passeurs sans scrupules.

 
Fuyant la guerre ou en quête d'une vie meilleure

Jeudi, un bateau transportant environ 400 migrants, partis d'Afrique pour rejoindre l'Italie, a fait naufrage au large de la Libye. A ce jour, seuls 198 personnes ont été secourues, et 111 cadavres repêchés, selon le dernier bilan du Croissant-Rouge. Plus de 300.000 migrants ont traversé la Méditerranée depuis janvier, et plus de 2.500 personnes sont mortes en mer après avoir tenté de rallier l'Europe, selon le Haut-commissariat de l'ONU pour les réfugiés (HCR).

La "route des Balkans de l'Ouest", dont venaient probablement les migrants retrouvés morts en Autriche, est quant à elle surtout empruntée par des réfugiés Syriens ou des Irakiens fuyant la guerre mais aussi par des Albanais, Kosovars ou Serbes en quête d'une vie meilleure.

 
La Hongrie a érigé un mur...

En bus, à pied, passant sous les barbelés ou prenant d'assaut les trains, les scènes de chaos se multiplient en Europe orientale à mesure que des milliers de migrants avancent à travers le continent. 

Membre de l'UE, la Hongrie, qui fait face à un afflux record avec plus de 140.000 arrivées depuis le début de l'année, a érigé un mur de barbelés, quasiment achevé, le long de ses 175 km de frontière avec la Serbie, pour tenter d'empêcher le passage des migrants. Et Budapest envisage désormais de sanctionner de peines allant jusqu'à 3 ans de prison les migrants qui franchiraient illégalement sa frontière.

Puanteur des parkings

"Si la puanteur de nos parkings se renforce, peut-être allons nous comprendre, et pas seulement en Autriche, qu'il est temps de créer des routes sûres en Europe (pour les migrants), un enregistrement rapide, et une répartition juste" entre les pays d'accueil, a réagi le représentant d'Amnesty international en Autriche Heinz Patzelt.

En Allemagne, qui doit accueillir 800.000 demandeurs d'asile en 2015 et où les manifestations xénophobes se sont multipliées, un rassemblement de solidarité avec les réfugiés était prévu samedi à Dresde à l'initiative de l'"Alliance antinazis".

La presse allemande a elle aussi décidé de se mobiliser, avec à sa tête Bild, le quotidien le plus lu d'Europe. "Le grand drame des réfugiés - Nous aidons", proclame samedi sur toute sa une le quotidien populaire qui entend lancer "une grande opération d'aide" en faveur des réfugiés pour "montrer que les braillards et les xénophobes ne gueulent pas en notre nom" et que "l'Allemagne a un coeur pour ceux qui ont besoin d'aide".

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