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Escrime: Arianna Errigo, le pari fou de la polyvalence

Du jamais vu depuis des décennies. L'escrimeuse italienne Arianna Errigo s'est lancée cette année dans un pari fou: doubler le fleuret, son arme de prédilection, avec le sabre, pour viser une polyvalence totalement inédite aux jeux Olympiques de Tokyo en 2020.

Vendredi à Leipzig, Errigo s'avancera comme l'une des prétendantes au titre mondial en fleuret, forte de sa 3e place mondiale, avec pour principales rivales la Russe Inna Deriglazova (championne olympique à Rio), la Française Ysaora Thibus, ou les Américaines Lee Kieffer ou Nicole Ross.

"Cette saison, c'était comme un échauffement, pour essayer. Et pour l'année prochaine, je vais essayer de me qualifier", prévient la championne du monde 2013 et 2014 de fleuret, héritière à 29 ans de la légende italienne du fleuret, Valentina Vezzali (six titres olympiques), retraitée en 2016.

"Je vais continuer, parce que l'objectif reste d'aller aux jeux Olympiques avec deux armes", ajoute la Transalpine. Et pas pour y faire de la figuration! "J'espère intégrer le top 3 mondial. Mon rêve est de participer aux Jeux ou aux Mondiaux au sabre et au fleuret, mais pour y disputer les médailles."

En début de saison, elle a surpris en s'inscrivant aux épreuves de Coupe du monde de sabre, en plus du fleuret. Sur six compétitions de sabre, elle est montée jusqu'à un 8e de finale en Chine, avec notamment une victoire contre la N.2 mondiale, la Hongroise Anna Marton.

Un premier galop d'essai toutefois insuffisant (seulement 7e sabreuse en Italie) pour se qualifier dès cette année aux Mondiaux (seules les quatre premières).

"Elle a une compréhension de l'arme, et c'est une vraie passionnée d'escrime", estime l'entraîneur du sabre français Jean-Philippe Daurelle. "Pour y arriver, il faut un énorme physique et un gros mental, ce qu'elle a", précise-t-il.

- "Projet fou ambitieux et crédible" -

Car entre le fleuret, arme école qui requiert patience et attente, et le sabre, qui nécessite explosivité et agressivité, il y a plus qu'un monde de différence. Comme si un sportif doublait le 100 m et le 800 m en athlétisme.

"Son projet est fou ambitieux et crédible. Tactiquement, elle peut faire n'importe quelle arme. Elle dégage une sérénité", s'enthousiasme la Française Cécilia Berder, vice-championne du monde en titre au sabre.

"Il faut un petit grain de folie qui lui va très bien. C'est très courageux, parce que faire une saison c'est déjà fatiguant, avec les tournées en Asie puis en Europe. Elle l'a fait en double!", ajoute-t-elle Berder.

"Je vais devoir faire des choix en sabre et en fleuret, parce que je dois aussi trouver le temps pour m'entraîner", reconnait Errigo, qui espère réduire de sept à cinq le nombre d'épreuves au fleuret. "Avec moins de compétitions, j'aurai plus de temps pour l'entraînement".

Et avec son tempérament éternellement positif, elle assure pouvoir tirer bénéfice de cette expérience, même si son projet de se qualifier au sabre et au fleuret à Tokyo-2020 n'aboutit pas.

"Le travail au sabre est très utile pour le fleuret. Pour les mouvements et les déplacements sur la piste, le sabre c'est ce qui se fait de mieux", assure-t-elle. "Mon escrime au fleuret se rapproche du sabre. C'est pour cette raison que, même si c'est difficile, je crois en ce projet."

Elle aura vendredi un premier élément de réponse sur son niveau de fleuret, après être passée totalement à côté de ses Jeux à Rio (élimination dès les 8es de finale).

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