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Rajoy célèbre la reprise, menacée par le "risque" de l'"incertitude" catalane

Le chef du gouvernement conservateur Mariano Rajoy a célébré vendredi la forte reprise en Espagne, estimant cependant que certains risques pesaient encore sur l'économie, à commencer par "l'incertitude politique" en Catalogne.

"Aujourd'hui les choses vont beaucoup mieux. En Espagne, nous pouvons commencer à envisager l'avenir avec davantage de confiance et d'optimisme", s'est félicité M. Rajoy vendredi lors de sa conférence de presse semestrielle.

"L'amélioration évidente de l'économie nous permet d'inverser peu à peu [la tendance] sur les efforts demandés à la société espagnole", a-t-il lancé à quelques mois des élections de novembre, et après des années d'austérité en Espagne.

M. Rajoy a ainsi salué une "réforme fiscale" avec baisse des impôts et une hausse en 2016 de 1% du budget pour le salaire des fonctionnaires.

M. Rajoy a souligné qu'il s'agissait de la première hausse après cinq ans de gel, tout en défendant la poursuite d'une politique de maîtrise des dépenses. Il a également annnoncé une hausse des financements pour les régions de 10 milliards d'euros.

L'Espagne avait été précipitée en 2008 dans sa plus sévère crise depuis l'avènement de la démocratie à la fin des années 1970 en raison de l'éclatement d'une bulle immobilière ayant entraîné un taux de chômage record.

La crise avait fait exploser le déficit qui avait dépassé 9% du PIB en 2011, et entraîné ensuite des coupes claires de quelque 150 milliards au total sur les dépenses.

Cette austérité a cependant coûté cher au gouvernement, d'autant qu'en parallèle les affaires de corruption touchant la classe politique ont explosé.

M. Rajoy a annoncé que le budget de 2016 serait consacré à 53% à des dépenses sociales, insistant sur le fait que son gouvernement avait maintenu les "piliers" de l'Etat providence, en préservant les retraites qui absorberont en 2016 quelque 39% de ses dépenses.

"Avec ce budget, c'est une étape très difficile qui se referme", a-t-il encore assuré après avoir fait l'inventaire des bonnes nouvelles: compétitivité, retour des touristes, hausse du crédit, des investissements, des exportations, qui représentent 32% du PIB, "devant la France et l'Italie", et création d'un million d'emplois sur deux ans (2014-2015), le tout avec une croissance attendue de 3,3% sans risque d'inflation.

"Il nous reste beaucoup à faire", a-t-il admis, évoquant indirectement le taux de chômage, encore le deuxième plus élevé en Europe après celui de la Grèce, à 22,37%.

Le chef du gouvernement conservateur a devant lui un second semestre très compliqué politiquement, qu'il n'a pas manqué d'évoquer.

Le 27 septembre, les élections régionales en Catalogne seront centrées sur la question de l'indépendance, avant des législatives dans tout le pays fin novembre.

"Il existe des risques, qui ne viennent pas de l'économie mais de l'incertitude politique", a prévenu Rajoy, évoquant "le défi indépendantiste" en Catalogne, qui "atteindra son point culminant" lors des élections de septembre. Il a rappelé que le gouvernement défendrait "le respect de la loi" et "l'unité d'Espagne".

M. Rajoy a aussi critiqué l'incertitude entraînée par les propositions économiques de l'opposition et du reste de la gauche, qui mettent en danger les piliers de la reprise, sans citer ouvertement le parti antilibéral Podemos, troisième force politique. Il a enfin évoqué la situation en Grèce comme une "troisième menace".

"Rajoy construit un pays insupportable pour les plus humbles", a réagi un responsable du Parti socialiste (PSOE).Ces prévisions sont fantaisistes et occultent la situation limite de nombreux citoyens", a considéré le chef d'Izquierda Unida (écolo-communiste), Alberto Garzon.

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