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Euro-2016: ils font plus parler que leur sélection, les hooligans russes en 5 questions

Depuis le début de l'Euro en France, les hooligans russes font plus parler que leur équipe nationale. Qui sont-ils? Tour d'horizon en cinq points.

. Quand sont-ils apparus?

Il faut attendre la chute de l'Union soviétique en 1991 pour voir apparaître les premiers groupes de hooligans en Russie. "Il n'y avait pas de groupes ici avant le début des années 1990, ils ont été entièrement inspirés par les hooligans de football anglais. Ils ont cherché à les imiter", résume Vladimir Kozlov, auteur d'un livre et d'un documentaire sur les hooligans tourné pour la télévision russe.

Le terme "firm", qui désigne en argot anglais ces groupes de hooligans, apparaît tel quel en russe. La hiérarchie de ces "firms" est secrète, mais le "Iaroslavka", le groupe des hooligans du CSKA Mosclou est l'un des plus connus.

. Qui sont-ils?

Les hooligans russes mènent des vies ordinaires, ont des familles. Et sont plus jeunes et en meilleure condition physique que leurs homologues anglais, estiment deux hooligans russes après avoir participé samedi aux affrontements à Marseille qui ont fait 35 blessés.

"Nous ne buvons pas et nous faisons de l'exercice, alors qu'ils boivent et ne font pas d'exercice", explique Denis, 32 ans. "A un moment donné, nos chemins se croisent, et qu'est-ce qu'ils espèrent?", ironise-t-il.

Vladimir, un autre hooligan de 30 ans, marié et père de deux enfants, situe à "20 à 30 ans" l'âge de ses camarades de bagarres. "La plupart sont des sportifs qui pratiquent la boxe ou un art martial", précise ce responsable des relations publiques.

. Combien sont-ils?

Peu, selon Vladimir Kozlov. "Je pense qu'il y en a peut-être quelques centaines ou quelques milliers au maximum", affirme-t-il.

Tous les Russes qui ont participé aux affrontements en France ne sont pas forcément membres d'un groupe organisé. Mais certains semblent l'être. Pour preuve, certains "portent des T-Shirts presque identiques et semblent pratiquer le même sport", estime M. Kozlov. En France, pendant l'Euro, des T-shirts des "Orel Butchers", groupe affilié au Lokomotiv Moscou, reviennent sur les photos à Marseille samedi et à Lille ce mardi lors d'escamourches. Ils ont été imprimés pour l'occasion, avec la mention "Tour de France", en français, et une insulte en anglais "Fuck Euro-2016"

. Se battre et pourquoi?

Pour ces groupes, le plus important est de se battre contre les autres hooligans qu'ils considèrent comme leurs ennemis. "Les affrontements ont lieu en dehors des stades et très peu de personnes sont au courant", explique M. Kozlov.

Un point de vue partagé par Denis: "Le football, c'est secondaire. Je pense que ce sport n'est pas amusant et n'est pas intéressant".

Lorsqu'il s'agit de se frotter à un autre pays, cela devient une "question d'honneur et un test de nos forces et de nos capacités à nous organiser et à nous battre", raconte-t-il.

Vladimir assure que ses camarades respectent un stricte code de conduite, en n'utilisant que leurs poings. Mais, selon M. Kozlov, ces règles sont souvent violées. En pratique, ils "se servent de tout ce qu'ils peuvent trouver".

. Que font les autorités russes?

Les bagarres dans les stades russes, les insultes racistes lancées à l'encontre des joueurs de couleur, n'aboutissent que rarement à des sanctions sévères pour leurs auteurs.

En 2012, la Russie a adopté une loi renforçant les sanctions contre les fauteurs de troubles, qui risquent désormais jusqu'à sept ans de détention. Mais les incidents impliquant des hooligans russes restent fréquents.

Alors que la Russie va accueillir le Mondial-2018, les autorités russes devraient "faire une forte pression sur les hooligans avant et, si nécessaire, pendant les finales", estime John Williams, maître de conférences en sociologie à l'Université de Leicester, qui étudie le hooliganisme dans le football.

Les hooligans qui ont sévi à Marseille ont reçu le soutien d'un député d'extrême-droite, Igor Lebedev. Celui qui est aussi un haut responsable de la fédération russe de football a tweetté: "Je ne vois pas ce qu'il y a de mal avec le fait que des supporteurs se battent. C'est même plutôt le contraire, bravo les gars. Continuez!".

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