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Ex-gardien d'Auschwitz de 94 ans, il pourrait être le dernier condamné pour crimes nazis: qui est Reinhold Hanning?

La justice allemande rendra vendredi son verdict contre Reinhold Hanning, un ex-gardien d'Auschwitz qui a confessé sa "honte" d'avoir participé à un tel "cauchemar" et pourrait être le dernier condamné pour les crimes nazis. Aujourd'hui âgé de 94 ans, l'ancien SS "a participé à l'entreprise d'anéantissement du camp", a estimé le procureur Andreas Brendel, réclamant une peine de six ans de prison pour "complicité" dans l'extermination d'au moins 100.000 Juifs.

Le tribunal de Detmold (ouest) doit annoncer sa décision à 12H00 GMT dans la salle des pas perdus du bâtiment, exceptionnellement reconvertie en salle d'audience en raison de l'affluence médiatique et de la présence d'une quarantaine de parties civiles venues des Etats-Unis, du Canada ou d'Israël.

M. Hanning est le troisième accusé d'une vague de procédures entamées avec la condamnation en 2011 de John Demjanjuk, ex-gardien de Sobibor, puis celle l'an dernier d'Oskar Gröning, ex-comptable d'Auschwitz, après des décennies de relative indulgence à l'égard de ce niveau de responsabilité.

Deux autres gardiens du camp emblématique de la Shoah devaient comparaître cette année. Mais le procès du premier est suspendu aux experts médicaux, et le second est mort une semaine avant d'être jugé.

Comme pour Demjanjuk et Gröning, l'accusation ne reproche à Reinhold Hanning aucun geste criminel précis mais le dépeint en "rouage" de l'extermination, si massive qu'elle engageait tout le personnel du camp.

La défense a de son côté réclamé l'acquittement, relevant l'absence de preuve d'une "participation directe" de son client aux meurtres, un argument clé sur lequel la jurisprudence allemande a beaucoup varié. Saisie par Oskar Gröning, la Cour fédérale doit trancher ce point avant la fin de l'année.


Engagé à 18 ans dans les Waffen SS

Jeune ouvrier dans une usine de vélo, engagé à 18 ans dans les Waffen SS, Hanning avait combattu aux Pays-Bas, dans les Balkans et sur le front russe. Blessé, il avait été transféré début 1942 à Auschwitz dans l'unité Totenkopf (tête de mort).

"Nous avons presque le même âge. Nous ferons bientôt face à nos derniers juges", lui avait lancé au premier jour d'audience Leon Schwarzbaum, rescapé du camp de 95 ans, l'exhortant à sortir de son mutisme.

Hanning, scruté par plus de 200 personnes et gardant les yeux obstinément baissés, a fini par écouter avec attention les récits poignants des anciens déportés, puis a confié à ses avocats 25 pages de confession, lues fin avril.>- 'Spectateur' -

"J'ai honte d'avoir laissé cette injustice se produire et de ne rien avoir fait pour l'empêcher", écrit l'ancien soldat devenu laitier-fromager après guerre, confiant n'avoir "jamais pu parler de son expérience à Auschwitz avec d'autres personnes. Ni à ma femme, ni à mes enfants, ni à mes petits-enfants".

Il "savait", a-t-il reconnu, "qu'une grande partie des gens qui arrivaient en train" étaient "abattus, gazés et brûlés". "Je pouvais voir comment les cadavres étaient transportés (...) Je percevais les odeurs d'incinération", raconte Reinhold Hanning.

Dépeignant un "cauchemar" qu'il a "essayé toute (sa) vie de refouler", il a assuré avoir demandé par deux fois à retourner au front, en vain.

"Ce n'est pas une déclaration de culpabilité mais une explication du point de vue du spectateur", a déploré Christoph Heubner, vice-président exécutif du Comité international d'Auschwitz.

Quelque 1,1 million de personnes, dont un million de Juifs, ont péri entre 1940 et 1945 à Auschwitz-Birkenau, alors situé en Pologne occupée, un camp libéré par les troupes soviétiques fin janvier 1945. Au total, six millions de Juifs ont été exterminés par les nazis.

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