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Gabbani et son gorille pour réconcilier l'Italie et l'Eurovision

Voix légèrement éraillée, refrains entraînants et bonne humeur communicative, Francesco Gabbani a tout récemment conquis l'Italie et tentera samedi de la réconcilier avec l'Eurovision.

Avec ses cheveux gominés, ses costumes cintrés, sa petite moustache rétro... et un danseur costumé en gorille pour interpréter sa chanson "Occidentali's karma", ce chanteur-auteur-compositeur de 34 ans est donné favori pour le concours européen samedi à Kiev.

Aucune fièvre pourtant en Italie, où l'Eurovision laisse profondément indifférent. Le pays a déjà remporté le concours en 1964 et en 1990 et a souvent été bien placé, mais ses stars y ont rarement brillé et il a séché, faute d'audience nationale, plus de la moitié des éditions depuis 35 ans.

Parce que l'Italie a son concours à elle: le festival de Sanremo, qui cloue les Italiens devant leur télévision chaque début février. Cette année, Sanremo a réuni une moyenne de 10,8 millions de téléspectateurs (50% de parts d'audience) pendant cinq soirées de suite...

Créé en 1951 dans la cité balnéaire de San Remo, en Ligurie (nord), ce concours musical a révélé des dizaines d'artistes comme Adriano Celentano, Toto Cotugno, Eros Ramazzotti, Andrea Bocelli ou Laura Pausini.

Et traditionnellement, c'est son vainqueur qui représente l'Italie à l'Eurovision, conçu d'ailleurs sur le modèle de son cousin italien. Or depuis deux ans, Francesco Gabbani est le roi de Sanremo.

Né au milieu des carrières de marbre de Carrare, grandi dans le magasin d'instruments de musique de ses parents, en couple depuis cinq ans avec une tatoueuse, il a enregistré plusieurs albums sans vraiment sortir de l'anonymat.

Mais en 2016, il s'impose à Sanremo dans la catégorie "jeunes talents" avec "Amen", un appel au soulèvement optimiste qui fait danser l'Italie tout l'été.

- 'L'énergie passe' -

Le vainqueur chez les jeunes remportant toujours un billet pour la compétition seniors, il revient début 2017 avec "Occidentali's karma", co-écrite avec, entre autres, son frère cadet Filippo.

Sur scène, son gorille et leur pas de danse font sensation et l'énergie de la chanson séduit, même si les paroles saupoudrées de références orientales laissent parfois perplexes.

"Leçons de Nirvana, le Bouddha est en file indienne, pour tous une heure d'aria et de gloria ! La foule crie un mantra, l'évolution trébuche, le singe nu danse", lance ainsi le refrain, en référence à l'éthologue Desmond Morris qui décrit l'homme comme un "singe nu".

A la surprise générale, et grâce au vote des téléspectateurs, il coiffe sur le poteau Fiorella Mannoia, grande dame de la chanson italienne qui partait largement favorite, pour devenir le premier chanteur à remporter de suite le concours jeunes et seniors.

Le lendemain de sa victoire, son clip d'"Occidentali's karma", qui mélange lui aussi allègrement les références visuelles occidentales et orientales, totalise 4,3 millions de vues en 24 heures sur YouTube, un record en Italie.

La chanson est triple disque de platine en quelques semaines et le clip dépasse désormais les 110 millions de vues, là aussi un record pour un artiste de l'Eurovision avant le concours.

"La formule magique n'est pas seulement dans la chanson mais dans ce qu'elle transmet. Le fait qu'elle soit aussi vue à l'étranger en est la preuve: ils ne comprennent pas les paroles, mais l'énergie passe quand même", a-t-il expliqué récemment à la presse à la sortie de son nouvel album "Magellano".

Une grande tournée à travers l'Italie est prévue pour tout l'été, mais le gorille ne sera pas du voyage: "Il a fait son temps. Il servait à expliquer de manière plus amusante le sens de la chanson. Avec tous ses poils, il sera bien en Ukraine".

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