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Royaume-Uni: embellie pré-Brexit mais le pire reste à venir

La croissance de l'économie britannique a accéléré plus que prévu au deuxième trimestre à la faveur d'une embellie avant le vote en faveur du Brexit, qui risque toutefois de se traduire désormais par de fortes turbulences.

Le produit intérieur brut (PIB) du Royaume-Uni a progressé de 0,6% au deuxième trimestre, après 0,4% au premier, grâce notamment à la production industrielle, selon une première estimation de l'Office des statistiques nationales (ONS). L'activité a été particulièrement solide au mois d'avril.

Ces chiffres portent sur les trois mois d'avril à juin et concernent donc pour l'essentiel la période précédant le référendum du 23 juin, qui s'est traduit par un vote en faveur d'une sortie du pays de l'Union européenne.

Ils sont meilleurs que ce qu'attendaient les économistes. Ces derniers tablaient sur une croissance de 0,5%, selon un consensus établi par l'agence Bloomberg, mais certains attendaient une stagnation.

Beaucoup pensaient en effet que la prudence d'avant référendum aurait conduit à des gels des investissements et des embauches des entreprises, qui semblent finalement ne s'être pas matérialisés.

"La plupart des gens pensaient que le Royaume-Uni voterait pour rester dans l'UE donc les craintes d'avant vote n'ont pas été aussi intenses que ce que l'on craignait", a expliqué Alan Clarke chez Scotiabank.

Le gouvernement a aussitôt salué ces chiffres, alors que le Royaume-Uni devrait maintenant entrer dans une période de turbulences post-Brexit, qui pourrait se traduire par une récession selon certains économistes.

- "Toutes les mesures nécessaires" -

"Il est clair que nous entrons dans les négociations pour quitter l'UE en position de force économiquement", a souligné le nouveau chancelier de l'Échiquier, Philip Hammond.

"Ces négociations vont marquer le début d'une période d'ajustement mais je suis confiant dans le fait que nous avons les outils pour gérer les difficultés à venir et, avec la Banque d'Angleterre, ce gouvernement prendra toutes les mesures nécessaires pour soutenir notre économie et maintenir la confiance des entreprises et des consommateurs", a-t-il ajouté.

La prudence est désormais de mise car les indicateurs publiés depuis le référendum indiquent que le Royaume-Uni est entré dans une période difficile sur le plan économique. La semaine dernière, l'indice des directeurs d'achat "PMI" a fait état ainsi d'une contraction de l'activité privée au mois de juillet, la plus forte depuis la crise financière en 2009.

"La croissance du deuxième trimestre devrait probablement représenter un dernier hourra pour l'économie avant d'entrer dans une période de faiblesse avec plus de turbulences. Le manque d'élan au moment de débuter le troisième trimestre signifie que les chances d'un chiffre négatif pour le trimestre actuel sont élevées", a commenté Martin Beck, économiste du EY Item Club.

Il faudra du temps pour disposer de statistiques officielles - les chiffres du PIB du troisième trimestre ne seront publiés qu'au mois d'octobre - mais les économistes s'accordent à dire que le Brexit aura des effets négatifs, au moins à court terme.

Les bons chiffres de la croissance du deuxième trimestre ne devraient donc pas empêcher la Banque centrale d'agir au mois d'août après le statu quo du mois de juillet. Il est probable que la Banque d'Angleterre abaissera son taux le mois prochain et/ou étendra son programme d'assouplissement quantitatif afin d'injecter des liquidités dans l'économie, estiment les experts.

Le gouvernement pourrait pour sa part annoncer des mesures de relance lors du budget rectificatif d'automne. Rompant avec l'orthodoxie de son prédécesseur George Osborne, grand adepte de l'austérité, Philip Hammond a déjà parlé de "remettre à plat la politique budgétaire" si la conjoncture se détériore trop ces prochains mois.

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