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Attaque à Londres: les débats suspendus au parlement écossais

A une semaine du déclenchement du Brexit, le parlement régional écossais, qui devait voter mercredi pour autoriser la Première ministre Nicola Sturgeon à demander un nouveau référendum d'indépendance, a suspendus ses débats après l'attaque à Londres.

Ken Macintosh, représentant le parlement écossais, a annoncé dans un communiqué que l'attaque dans le quartier londonien du parlement à Westminster "affectait le débat", "donc nous décidons de suspendre la séance", sans préciser la date de sa reprise.

Il a également annoncé que la sécurité avait été renforcée devant l'entrée du palais de Holyrood, siège du parlement.

"Mes pensées sont avec tous ceux qui sont à Westminster ou autour, impliqués dans cette affreuse attaque, et avec les services de secours", a écrit sur son compte Twitter Nicola Sturgeon.

La Première ministre écossaise réclame l'autorisation du parlement régional pour demander à Londres l'organisation d'un référendum fin 2018 ou début 2019, soit avant la conclusion des négociations avec Bruxelles.

Elle accuse Londres de ne pas prendre en compte les intérêts écossais dans la perspective de la sortie de l'Union européenne.

Mardi, elle a dénoncé le refus de la Première ministre britannique Theresa May de lui garantir le maintien dans le marché unique européen comme elle le réclame au nom de la préservation des emplois écossais, devant les députés écossais qui commençaient l'examen de la motion.

Alors que les Écossais ont voté à 62% pour rester dans l'UE -contre 52% des Britanniques dans leur ensemble qui ont voté pour sortir-, elle a revendiqué "un mandat démocratique incontestable" pour organiser cette consultation.

"Tous nos efforts de compromis ont été rejetés", a-t-elle affirmé.

Mais Mme May, qui s'apprête à déclencher officiellement le Brexit le 29 mars, lui a signifié la semaine dernière que ce n'était "pas le bon moment". Or le gouvernement régional écossais a besoin de l'aval de Londres et du Parlement de Westminster pour organiser ce référendum.

- 'Incertitude négative' -

Si les analystes imaginent mal Mme May opposer une fin de non-recevoir, elle pourrait faire traîner la date de la tenue de la consultation pour qu'elle n'ait pas lieu avant la fin des négociations complexes qui s'annoncent avec Bruxelles et doivent durer deux ans.

Si elle parvient à décrocher un nouveau référendum, Mme Sturgeon devra aussi convaincre les Écossais. Selon un sondage publié dimanche, seuls 44% d'entre eux sont à ce jour favorables à une indépendance, et une légère majorité (51%) sont contre un référendum dans un avenir proche.

Lors d'une première consultation en septembre 2014, ils s'étaient prononcés à 55% contre l'indépendance.

Se pose également la question de savoir si Édimbourg a les moyens de son indépendance, alors que la santé de l'économie écossaise s'est détériorée avec la chute des cours du pétrole depuis 2014.

Pour l'ex-Premier ministre d’Écosse et ex-leader du SNP Alex Salmond, l’Écosse est "la 15e nation la plus prospère au monde en termes de PIB par habitant". "Affirmer que nous n'aurions pas les moyens d'être indépendants est fondamentalement stupide", estime-t-il.

Mais Graeme Roy, directeur de l'Institut Fraser of Allander de l'université de Strathclyde, a mis en garde Édimbourg et Londres contre les risques économiques liés à l'incertitude qui règne.

"La hausse de l'incertitude liée à l'activation de l’article 50 (du Traité de Lisbonne, qui lancera les négociations du Brexit, ndlr) et la perspective d'un second référendum d’indépendance vont influer de manière négative sur de nombreux secteurs économiques", a-t-il déclaré à l'AFP.

L'ancien gouverneur de la Banque d'Angleterre Mervyn King a averti que l'indépendance pourrait "coûter cher".

L’Écosse pourrait "certainement" être indépendante mais aura du mal à emprunter sur les marchés financiers si elle décide de mener une politique de déficit public pour soutenir ses dépenses, a-t-il déclaré mardi sur la BBC.

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