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Grande-Bretagne: Cameron et Miliband a priori condamnés à des alliances pour gouverner

Le conservateur David Cameron et son adversaire travailliste Ed Miliband livraient lundi leurs ultimes promesses avant les législatives britanniques ultra-serrées du 7 mai, tandis que les petits partis en situation de faiseurs de roi énonçaient le prix de leur ralliement, indispensable pour gouverner.

En dépit de l'énergie déployée dans la dernière ligne droite d'une campagne généralement atone, les partis en lice restaient comme figés au début de cette semaine fatidique.

Dans le "poll tracker" de la BBC établissant la moyenne des sondages, les conservateurs stagnaient à 34% devant les travaillistes (33%), l'Ukip europhobe (14%), les libéraux-démocrates (8%), les verts (5%) et le bloc des "autres partis" -incluant les nationalistes écossais du SNP et les Gallois du Plaid Cymru- (6%).

David Cameron, 48 ans, a résumé à sa façon lundi, jour férié au Royaume-Uni, son duel avec Ed Miliband, 45 ans: "Le choix incontournable est simple: Ou bien c'est moi, à la tête d'un gouvernement fort et stable, ou c'est lui et le chaos, avec à la clé une prise d'otage par le SNP".

Miliband a rétorqué avec son interprétation du "choc de deux visions" diamétralement opposées entre "un avenir pour les travailleurs ordinaires ou pour les riches et puissants".

Au coeur des ultimes arguments figurent l'austérité, la pression fiscale, l'immigration, l'Europe et le devenir du NHS, le service public de santé cinquième employeur au monde derrière McDonald et l'armée rouge chinoise.

- Le coup d'après -

Les sondages prédisent qu'aucune des deux formations traditionnelles ne seront en mesure de décrocher la majorité de 326 sièges à la chambre des Communes, qui autorise à gouverner seul.

Comme en 2010, "une sorte d'arrangement" selon les mot de Kate Jenkins, analyste à la London School of Economics (LSE), devra être trouvé. Une occurrence rare sur les îles britanniques mais courante sur le continent européen.

Les pronostics des sondeurs sont compliqués par les distorsions introduites par la traduction en sièges des suffrages exprimés en voix : les Écossais du SNP avec 4% escomptent une cinquantaine de députés, là où l'Ukip avec 14% devrait se contenter de 4, au maximum.

Les conservateurs et les travaillistes ainsi que leurs alliés de demain se projetaient déjà lundi dans "le coup d'après", c'est-à-dire les tractations en vue de trouver la combinaison gagnante à compter du vendredi 8 mai.

Les médias conservateurs, à commencer par le Times, insistaient sur "la légitimité" qu'aurait David Cameron à s'accrocher au pouvoir si son parti Tory sortait, comme c'est probable, avec le plus grand nombre d'élus.

Pour ce faire, le Premier ministre sortant devrait renouer les liens avec les libéraux-démocrates, ses alliés pendant cinq ans au sein d'une coalition acrimonieuse. Il lorgne aussi du côté des petits partis de droite nord-irlandais, comme appoint.

Nick Clegg, le leader des Lib-Dems qui seraient ravis de sauver la moitié de leurs 57 sièges... et pourraient basculer dans une alliance à gauche, a énoncé lundi "ses lignes rouges" en vue de faire prévaloir "ses valeurs fortes, compassionnelles et libérales" à mi-chemin entre une surdose d'austérité à droite, et des travaillistes sur-dépensiers.

Le Labour qui arriverait en second pourrait aussi tenter de former un gouvernement, en s'appuyant sur un nombre a priori supérieur d'alliés potentiels.

- Arithmétique électorale -

Mais une arithmétique électorale favorable ne saurait occulter les difficultés de la tâche.

Ed Miliband a dû promettre qu'il ne passerait pas "de marché" avec les nationalistes écossais, plus à gauche, qui favoriserait leur rêve d'indépendance.

Nicola Sturgeon, chef de file du SNP, a averti dimanche soir que son parti "voterait contre" un budget du Labour "imposant des coupes supplémentaires aux gens les plus vulnérables".

Le Labour aurait tort de prendre "pour acquis le soutien de mon parti", a pour sa part signifié Leanne Wood, dirigeante du Plaid Cymru gallois.

Simon Hix, expert à la LSE, rappelle qu'"à défaut de règles, l'usage veut qu'à l'issue de négociations, il revient au chef du parti le plus à même de recueillir la confiance du parlement de solliciter l'adoubement de la reine".

En attendant, les médias étaient unanimes à trouver bizarre sinon risible une initiative d'Ed Miliband qui a littéralement fait graver dans la pierre ses six principales promesses. Le dirigeant a complaisamment posé sur une photo à côté de la stèle haute de 2,60 mètres, intitulée "un meilleur plan pour un futur meilleur".

"Il s'agit de la lettre de suicide la plus lourde de l'histoire de l'humanité", a raillé Boris Johnson, le maire conservateur de Londres.

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