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Grande-Bretagne: de "rottweiler" à "Altesse royale", le long chemin de Camilla

Elle est celle que les Britanniques ont adoré détester : après la mort de Diana, la "briseuse de cœur" Camilla Parker Bowles mettra huit ans avant d'épouser le prince Charles, et ses compatriotes refusent toujours de la voir reine.

Pour celle qui est désormais duchesse de Cornouailles, la route fut longue avant d'obtenir le soutien d'Elizabeth II et l'acceptation d'une partie de la population, sans lesquels cette roturière divorcée, âgée de 70 ans, n'aurait jamais pu intégrer la famille royale.

Le 31 août 1997, le décès de Lady Di dans un accident de voiture laisse "un grand vide" dans le cœur des Britanniques, écrit le tabloïd Daily Mail. Et ce n'est pas la maîtresse du prince Charles qui va les réconforter.

Aux yeux de tout un peuple, elle est responsable de la séparation du couple princier : Charles et Diana ont divorcé en 1996, deux ans après que l'héritier du trône eut reconnu entretenir une liaison adultère avec Camilla depuis des années.

"Nous étions trois dans ce mariage, c'était un peu surpeuplé", s'était confiée la princesse de Galles à la télévision, reconnaissant son mal-être, ses tentatives d'auto-mutilation et ses crises de boulimie.

Entre une princesse qui s'est vu imposer son divorce et une "briseuse de cœurs qui ne supporte pas le bonheur des autres", selon son beau-frère Richard Parker Bowles, les Britanniques prennent fait et cause pour Diana. "A ce moment là, Camilla était profondément impopulaire", indique à l'AFP Penny Junor, qui a écrit sa biographie.

Pour légitimer sa compagne, le prince Charles va lancer une campagne de séduction auprès du public. Il nomme pour cela Mark Bolland secrétaire particulier adjoint en 1997. Ancien directeur de l'organe de régulation des médias britanniques, Bolland connaît bien les arcanes de la puissante presse populaire, passage obligé de toute reconquête de l'opinion publique.

L'homme élabore une opération de communication pour restaurer l'image du couple. Tandis que Charles apparait aux côtés des Spice Girls, les apparitions de Camilla sont soigneusement calibrées, afin qu'elle soit peu à peu associée au prince et à la famille royale.

Six mois après la mort de Diana, ils commencent tous deux à assister à des réceptions officielles, mais en prenant soin de ne jamais être photographiés ensemble. Le premier cliché autorisé du couple ne sera publié qu'en 1999.

- Rencontre "historique" -

Camilla doit aussi gagner sa place à Buckingham Palace. Une rencontre est d'abord organisée avec William, le fils ainé de Charles et Diana, en juin 1998. Révélée plusieurs semaines plus tard, l'entrevue est qualifiée d'"historique" par la presse.

L'aboutissement de cette stratégie est la présentation officielle de Camilla à la reine Elizabeth en juin 2000. Dans la foulée, pour la première fois, une majorité de Britanniques se disent favorables au remariage de Charles avec elle.

Leurs noces ne sont plus qu'une question de temps. Le couple vit déjà ensemble, et Camilla, qui bénéficie de trois employés payés par la famille royale, apparaît dans les comptes officiels du prince Charles dès 2004.

Seule une controverse religieuse sur la possibilité d'unir deux divorcés retarde le sacrement.. En 1936, Edouard VIII avait dû abdiquer pour épouser Wallis Simpson. L’église anglicane donne finalement sa bénédiction en juin 2004, estimant l'union "naturelle".

La cérémonie se tient le 9 avril 2005. Camilla devient la deuxième femme la plus importante de la monarchie britannique après la reine. L'ancien "rottweiler", comme l'avait surnommé Diana, jouit dorénavant du titre d'Altesse royale.

Dès lors, sa position et sa présence aux côtés de Charles ne sont plus remises en question. Mais sondage après sondage, les Britanniques refusent toujours qu'elle puisse devenir reine un jour.

D'autant que l'évocation de Diana brouille encore parfois son image. "Il y a quelques semaines, j'aurais affirmé que Camilla était populaire. Mais avec le 20e anniversaire de la mort de Lady Di, certaines émotions reprennent le dessus", explique Penny Junor. Les documentaires et les commémorations qui lui sont consacrés ravivent, selon l'écrivain, le souvenir d'une princesse "jolie, vulnérable et malheureuse, qui tenait Camilla responsable de son malheur".

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