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Grande-Bretagne: le travailliste Ed Miliband contre les contrats "zéro heure"

A un mois des élections législatives, le chef des travaillistes Ed Miliband est parti en guerre contre les contrats "zéro heure", présentés comme un symbole de l'explosion de la précarité des salariés britanniques dans un pays pourtant en nette croissance.

Ces contrats "zéro heure", qui ne spécifient aucun temps de travail et ne garantissent aucun revenu, "constituent le symbole le plus criant d'une économie qui ne fonctionne pas pour la majeure partie des gens", a lancé M. Miliband. "Nous faisons face une épidémie de contrats zéro heure (et) nous allons y mettre fin", a-t-il ajouté devant les employés d'une usine dans le Yorkshire (nord de l'Angleterre).

En cas de victoire des travaillistes le 7 mai, M. Miliband succèderait au 10, Downing Street à l'actuel Premier ministre, le conservateur David Cameron, élu en 2010.

Concrètement, le Parti travailliste propose que chaque personne employée sous contrat "zéro heure" depuis au moins 12 semaines se voit offrir un contrat avec un temps de travail établi.

Avec un contrat zéro heure, l'employé peut se voir, ou non, allouer un certain nombre d'heures de travail par l'entreprise et son revenu mensuel dépend du temps travaillé. Sa paie peut donc varier d'une somme extrêmement réduite, s'il a peu travaillé, à un montant plus confortable.

Ce type de contrats existe depuis longtemps au Royaume-Uni mais était auparavant beaucoup moins utilisé. L'Office des statistiques nationales (ONS) estime désormais que près de 700.000 personnes disposaient d'un contrat "zéro heure" comme source principale de revenu à la fin 2014. C'est quatre fois plus qu'en 2010, à l'arrivée de M. Cameron au pouvoir.

Lors d'une émission télévisée la semaine dernière, le Premier ministre a reconnu qu'il ne pourrait personnellement pas vivre avec un contrat "zéro heure".

- Cent patrons derrière Cameron -

Leur multiplication a néanmoins contribué à faire chuter le taux de chômage, qui n'atteint que 5,7% d'après les dernières statistiques disponibles.

Si elle reconnaît "quelques abus", l'organisation patronale CBI a estimé que "la diabolisation des contrats précaires (par les travaillistes, ndlr) faisait peser un risque sur les emplois auxquels de nombreuses entreprises et de nombreux travailleurs sont attachés et ont besoin".

Le camp conservateur brandit le repli du chômage comme un argument de campagne, mettant en avant la reprise de l'économie britannique dont la croissance a atteint 2,8% en 2014, soit mieux que l'Allemagne (1,6%) et beaucoup plus que la France (0,4%).

Une centaine de dirigeants d'entreprise ont d'ailleurs apporté leur soutien au camp conservateur mercredi, dans une lettre commune publiée par le journal Daily Telegraph et intitulée : "le Parti Travailliste menace la reprise de la Grande-Bretagne".

"Nous pensons que le gouvernement dirigé par les conservateurs a été bon pour les affaires (et) qu'un changement d'orientation menacerait la création d'emplois et dissuaderait l'investissement", ont souligné ces chefs d'entreprise, dont le directeur général du géant pétrolier BP, Bob Dudley, et celui de l'assureur Prudential, le franco-ivoirien Tidjane Thiam qui est en partance pour le géant bancaire Credit Suisse.

Mais les travaillistes dénoncent un rebond qui ne profite qu'aux riches, pointant une montée de la pauvreté et des inégalités.

Les Britanniques ont ainsi davantage recours aux services des 850 banques alimentaires du pays, dont l'un des principaux gérants, Trussell Trust, a multiplié par 15 le nombre de repas servis en trois ans.

A Londres, les 10% les plus favorisés ont en outre accru d'un quart leur richesse par rapport à avant la crise financière, tandis que les 10% les plus défavorisés ont vu leur revenu s'effriter d'un cinquième, d'après une étude de la London School of Economics sur la période 2007-2013.

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