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Italie: Giuseppe Conte cherche à boucler son gouvernement

Giuseppe Conte, chargé de former le gouvernement italien, tente vendredi de boucler la composition de son équipe, objet d'âpres négociations entre les populistes italiens qui ont porté ce novice en politique à la présidence du conseil.

Arrivera-t-il à présenter sa liste en fin de journée au président Sergio Mattarella ? "On verra, on verra", a-t-il répondu à la presse avant de s'enfermer plus d'une heure avec Luigi Di Maio et Matteo Salvini, les chefs de file du Mouvement Cinq Etoiles (M5S, antisystème) et de la Ligue (extrême droite).

Après avoir rencontré jeudi des élus de tous les partis représentés au Parlement, il avait promis de consacrer sa journée à l'élaboration de son gouvernement. "Les ministres que je proposerai seront des politiques", avait-il assuré.

Mais même s'il y met les formes que la Constitution requiert, c'est avant tout avec le M5S et la Ligue que ce juriste de 53 ans, totalement inconnu en Italie il y a encore quelques jours, doit négocier la composition du gouvernement italien, le 65e depuis 1946.

Ces deux forces politiques, majoritaires au Parlement après les législatives du 4 mars, ont suggéré le nom de ce très discret professeur de droit parce que chacune refusait qu'un poids-lourd de l'autre camp dirige le gouvernement.

Selon les médias, M. Salvini devrait devenir ministre de l'Intérieur tandis que M. Di Maio prendrait la tête d'un grand ministère du Développement économique et du Travail.

Mais le nom qui pose le plus de problèmes est celui sur lequel la Ligue insiste pour le portefeuille stratégique de l'Economie et des Finances: Paolo Savona, un ancien ministre de 81 ans, vieux routier des milieux financiers aux positions critiques sur l'évolution de l'UE et sur l'euro.

M. Salvini défend bec et ongles le choix de cette "personnalité éminente, reconnue, appréciée", au point d'avoir provoqué la colère du président Sergio Mattarella: "pas de veto mais pas de diktat", a fait valoir le chef de l'Etat selon la presse, en rappelant que lui et M. Conte étaient les seuls habilités à choisir les ministres.

- Respect des engagements -

Déjà peu convaincu de l'autorité de M. Conte face aux poids-lourds politiques qui composeront son équipe, M. Mattarella, garant du respect des traités internationaux et élu par un Parlement alors dominé par le centre gauche, tient à ce que l'Italie respecte ses engagements européens.

M. Salvini a pris acte. "Laissons à (Giuseppe) Conte l'honneur de proposer à qui de droit les noms" des ministres, a-t-il assuré jeudi soir, ajoutant qu'il se contenterait d'offrir "humblement" quelques conseils.

Le suspense sur le nom du futur ministre des Finances de la troisième économie de la zone euro continuait vendredi à inquiéter Européens et marchés financiers.

Le spread, l'écart très regardé en Italie entre les taux d'emprunt italien et allemand à dix ans, a ainsi franchi vendredi la barre des 200 points de base.

Le vice-président de la Commission européenne, Valdis Dombrovskis, a émis vendredi une nouvelle mise en garde à l'attention de l'Italie.

"Le message de la Commission européenne est très clair: il est important que l'Italie continue à maintenir des politiques fiscales et macro-économiques responsables", a-t-il déclaré.

Le ministre des Finances sortant, Pier Carlo Padoan, a lui aussi rappelé les enjeux: "sur le choix de mon successeur il y aura un signal car, derrière le nom, il y a toujours des idées", a-t-il déclaré dans un entretien avec le quotidien Il Sole 24 Ore.

Après avoir martelé ces dernières semaines que les Italiens ne seraient "plus jamais les larbins de personne", M. Salvini a voulu rassurer jeudi soir: "nous sommes sûrs qu'une fois qu'on passera des paroles aux actes, tous ceux qui auront eu quelque préoccupation seront rassurés car notre objectif est de faire croître l'Italie".

Le chef du gouvernement sortant, Paolo Gentiloni, se préparait à quitter le Palais Chigi et a lancé un avertissement au cours d'une cérémonie d'adieu avec les employés.

"Remonter la pente ces cinq dernières années comme l'a fait l'Italie n'est pas simple, cela réclame de la persévérance, de la constance et du sacrifice. Pour gâcher cela, il n'y a pas besoin de cinq ans, parfois quelques mois, voire quelques semaines, suffisent", a-t-il prévenu.

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