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Jesus and Mary Chain, retour en grâce avec "Damage and Joy"

"Nos bagarres ne nous ont pas tués, alors autant aller de l'avant." Les frères Reid, dont les disputes légendaires feraient passer celles des Gallagher d'Oasis pour des chamailleries, ressuscitent leur groupe Jesus and Mary Chain, avec "Damage and Joy".

Dans le rock alternatif, il y a un avant et un après Jesus and Mary Chain. Cette bascule remonte à 1985 et à leur premier album "Psychocandy", dans lequel les guitares saturées dressent un mur du son sur des mélodies pop. Du jamais entendu à l'époque ou presque.

Précurseurs de ce mouvement qu'on nomme la "noisy pop", les Ecossais ouvrent alors la voie à d'autres groupes comme My Bloody Valentine ou Sonic Youth, eux aussi devenus cultes.

Sauf qu'aucun d'entre eux n'a connu autant de tumultes que Jesus and Mary Chain, tant ses deux leaders, Jim et William Reid, se sont bagarrés. Partout, entre eux et contre le monde entier. En studio, sur scène, à la maison, sous l'emprise de l'alcool et des drogues.

"Dans les années 90 on avait complètement perdu le contrôle. On ne savait plus comment dialoguer", reconnaît Jim Reid, qui contrairement à son frère aîné, a délaissé à 55 ans la chevelure hirsute qui les caractérisait.

- 'Beaucoup d'amour' -

Dans "Facing up to the Facts", un des titres forts du nouvel album, il chante: "I hate my brother and he hates me / And that's the way it's supposed to be" ("Je déteste mon frère et il me déteste / Les choses sont ainsi").

"Non... On ne se déteste pas", sourit-il. "Nous avons juste ce truc, ces étincelles qui sortent de lui et moi. Il y a beaucoup d'amour entre nous. Mais il peut y avoir une part de haine. Nous avons cette relation particulièrement orageuse. Et il se trouve que c'est ce qui permet au groupe d'avancer."

Dans le parcours de Jesus and Mary Chain, il y aura tout de même eu un silence long de 19 ans, jusqu'à ce retour inattendu, que n'espéraient même plus leurs fans les plus ardents. Et ce malgré quelques concerts assurés il y a dix ans.

"La peur de nous retrouver au travail en studio est une des raisons qui explique qu'on a mis tant d'années à faire un nouvel album, explique Jim Reid, qui se produira avec son groupe le 27 avril à l'Elysée-Montmartre à Paris. Et c'était plus mon problème que celui de William. Je freinais sans cesse."

- Résultat honorable -

"L'élaboration de notre précédent album +Munki+ avait été incroyablement douloureux. J'étais persuadé que cela se reproduirait, d'autant que lorsqu'on s'est reformé en 2007, il y avait toujours ces mêmes vieilles disputes entre nous", ajoute-t-il.

Finalement, l'enregistrement de ce septième opus s'est fait sans trop de heurts, pour un résultat honorable, avec un disque dont le titre "Damage and Joy" fait écho à ce qui affecta longtemps le groupe et à l'état d'esprit qui l'a semble-t-il gagné depuis.

"+Damage and Joy+ est une traduction littérale du mot allemand +Schadenfreude+ ("la joie du dommage" en français). Cette joie malsaine qu'on éprouve face au malheur des autres n'est cependant pas le sujet de l'album. Mais avec Jesus and Mary Chain, il y a eu beaucoup de dommages et, heureusement aussi, beaucoup de joie", abonde Jim Reid.

"Ces derniers temps, c'est devenu agréable d'être ensemble. Il y a toujours cette animosité tapie entre nous, mais elle est devenue plus constructive. Longtemps elle n'a été que destructrice", explique cet admirateur de Francis Bacon, peintre de la violence et de la destruction.

"Il y aura certainement d'autres albums après celui-ci", ose-t-il même. "Qui sait? On était tellement terrifiés à l'idée de faire ce disque. Il se trouve que ça n'a pas été si dur. Alors je ne vois pas pourquoi ce serait si compliqué d'en enregistrer un autre".

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