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L'Autriche appelle l'UE à ouvrir les yeux sur le "bazar" créé par la crise migratoire

Le chef de la diplomatie autrichienne a appelé samedi l'Union européenne à "ouvrir les yeux", estimant que le transport en car de milliers de migrants par la Hongrie jusqu'à la frontière autrichienne montrait "à quel point c'est le bazar en Europe en ce moment".

"Bien que, Dieu merci, ce problème ait pu être résolu d'une façon humanitaire hier soir (vendredi), il faut ouvrir les yeux sur à quel point c'est le bazar en Europe en ce moment", a déclaré le ministre Sebastian Kurz en arrivant à une réunion de l'UE à Luxembourg.

"J'espère que cela va réveiller" les dirigeants européens car "cela ne peut pas continuer comme ça", a-t-il ajouté.

L'Autriche a commencé à recevoir des milliers de personnes bloquées en Hongrie, qui a décidé de les acheminer en car vers des postes-frontière autrichiens afin de mettre fin à une situation devenue intenable, notamment autour de la gare de Budapest.

Une partie de ces migrants devraient ensuite continuer leur route vers l'Allemagne, qui a annoncé qu'elle ne renverait pas les réfugiés syriens vers le pays par lequel ils sont rentrés dans l'UE, comme le prévoient les accords de Dublin.

M. Kurz s'est entretenu à Luxembourg avec son homologue macédonien, par où transitent les migrants arrivés en Grèce et qui essaient de gagner le nord de l'Europe. "Il a dit que chaque jour, des milliers (de personnes) viennent de Grèce en Macédoine pour continuer vers l'Autriche, l'Allemagne ou la Suède", a assuré le ministre autrichien, parlant d'une "hausse massive" du nombre de migrants tentant ce périple".

"Ceux qui pensent qu'il suffit d'attendre pour régler ce problème se trompent. Ceux qui pensent que l'hiver va régler le problème parce que ça va réduire le nombre (de migrants) ont peut-être raison en ce qui concerne la route méditerranéenne vers l'Italie, mais pas en ce qui concerne la route des Balkans occidentaux", a martelé M. Kurz.

Son homologue hongrois Peter Szijjarto a rejeté la responsabilité de la situation sur l'Union européenne et des pays "irresponsables", une claire référence à l'Allemagne, que le Premier ministre populiste hongrois Viktor Hongrois critique vertement depuis plusieurs jours pour sa décision d'accueillir sans conditions les réfugiés syriens.

"Ce qui s'est passé en Hongrie depuis la nuit dernière est la conséquence, d'abord de l'échec de la politique migratoire de l'Union européenne et ensuite d'une série de déclarations irresponsables de certains dirigeants politiques européens", s'est défendu M. Szijjarto.

"Tout le monde a entendu les déclarations (en Allemagne, NDLR) selon lesquelles les procédures d'asile auraient lieu dans le pays sans tenir compte de par où les migrants sont passés pour les atteindre", a-t-il insisté.

"Cela peut être mal interprété par les migrants et les trafiquants et causer ensuite ce genre de situation", a-t-il affirmé.

Plusieurs pays de l'est de l'Europe sont très remontés contre la Commission européenne, qui va proposer la semaine prochaine de répartir au sein des 28 pays de l'UE 120.000 demandeurs d'asile afin de soulager les pays d'arrivée, Grèce, Italie et Hongrie.

"Comment peut-on discuter des quotas quand il y a ces énormes afflux de réfugiés ?", a demandé le ministre slovaque des Affaires étrangères Miroslav Lajcak. "Nous ne savons pas vraiment quels sont les chiffres", a-t-il fait valoir.

"Ceci va créer un appel d'air pour ces gens. Une fois qu'ils sauront qu'ils seront redistribués entre les Etats membres, cela apparaîtra clairement comme une invitation", a-t-il ajouté.

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