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L'Espagne retire le mandat d'arrêt européen contre Puigdemont

La justice espagnole a renoncé mardi à demander à la Belgique l'extradition du président catalan destitué Carles Puigdemont, candidat aux élections régionales du 21 décembre, préférant attendre qu'il revienne de lui-même en Espagne pour l'arrêter.

C'est un nouveau rebondissement dans la crise politique opposant depuis plus de deux ans les dirigeants indépendantistes de Catalogne au gouvernement espagnol du conservateur Mariano Rajoy.

Après que les indépendantistes ont proclamé le 27 octobre à Barcelone une "République catalane" restée sans effets, Madrid a placé sous tutelle cette région aux 7,5 millions d'habitants et convoqué de nouvelles élections régionales dans l'espoir de mettre un terme aux tentatives de sécession.

La décision du juge d'instruction de la Cour suprême a créé la surprise mardi alors même que les partis indépendantistes entamaient leur campagne, avec leurs principaux candidats en prison ou en exil.

Le magistrat, Pablo Llarena, a décidé de retirer les mandats d'arrêt européens émis le 3 novembre à l'encontre de M. Puigdemont et de quatre de ses "conseillers" (ministres) qui s'étaient exilés en Belgique.

Il a fait valoir que la situation avait changé car M. Puigdemont ainsi qu'Antonio Comin, Lluis Puig, Meritxell Serret et Clara Ponsati, "ont manifesté l'intention de retourner en Espagne pour y exercer des mandats électoraux" en se portant candidats aux élections.

Le magistrat espagnol maintient cependant le mandat d'arrêt espagnol les visant, selon des sources à la Cour suprême, et ils seraient arrêtés à leur retour en Espagne.

Le magistrat explique qu'il veut éviter le risque que la justice belge ne retienne pas contre eux tous les chefs d'inculpation pesant sur l'ensemble des dirigeants indépendantistes ayant préparé la sécession manquée de la Catalogne.

Une telle décision créerait "une distorsion substantielle" dans les poursuites contre les inculpés, car ceux restés en Espagne --dont certains en détention provisoire-- risqueraient plus que ceux qui ont quitté le pays.

Le magistrat espagnol maintient cependant le mandat d'arrêt espagnol les visant, selon des sources à la Cour suprême, et ils seraient arrêtés à leur retour en Espagne.

La plupart des inculpés sont poursuivis pour "rébellion", "sédition" et "détournement de fonds publics", dans une enquête sur le processus de sécession.

L'accusation de rébellion - définie comme le fait de se "soulever violemment et publiquement" - est cependant contestée par des spécialistes du droit qui l'estiment disproportionnée. La peine maximale pour rébellion est de 30 ans de prison.

- Exil ou prison? -

Douze des treize membres du gouvernement catalan déchu sont candidats aux élections - dont MM. Puigdemont et Junqueras qui rivalisent désormais pour la direction du camp indépendantiste.

Or leur situation diffère radicalement.

M. Junqueras, indépendantiste de gauche et ex-vice-président catalan, a été maintenu en détention provisoire lundi en Espagne, alors même qu'il est en tête dans les sondages.

M. Puigdemont, indépendantiste de centre-droit, peut lui faire campagne en s'adressant à ses partisans par vidéoconférences, comme tête de sa liste "Junts per Catalunya" (Ensemble pour la Catalogne). Et a accusé lundi soir Madrid de vouloir "mettre tous les obstacles possibles" pour que les indépendantistes ne puissent pas faire campagne à égalité avec les autres candidats.

L'avocat de M. Puigdemont, Jaume Alonso Cuevillas, a réagi à la décision du juge espagnole en parlant de "surprise" et de "joie".

Pour lui, la justice espagnole a retiré ce mandat d'arrêt européen "pour éviter de recevoir une gifle de la justice belge".

"La vraie raison, c'est la crainte que l'extradition soit refusée parce qu'en Espagne, un procès équitable n'était pas garanti", a soutenu le défenseur, sur la télévision publique catalane.

Jusqu'à présent, la défense de M. Puigdemont disait qu'il épuiserait toutes les voies de recours pour rester en Belgique, au-delà même du scrutin.

A présent, "c'est à lui de décider" s'il doit rentrer en Espagne, a dit son avocat. "Il sait que s'il pose un pied sur le territoire espagnol il sera automatiquement arrêté".

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