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L'UE des 27 revendique son unité dans les préparatifs du Brexit

Les dirigeants de l'UE vont revendiquer leur "unité" à 27 à l'occasion d'un sommet sans le Royaume-Uni samedi à Bruxelles, où seront adoptés les grands principes directeurs du camp européen dans les négociations sur le Brexit.

"Il y a des sujets sur lesquels les Etats membres ne s'entendent pas. Apparemment, sur le Brexit, les 27 ont le même positionnement", note en souriant un haut responsable européen qui avoue que les préparatifs du sommet de samedi ont déjoué ses propres pronostics en se déroulant "sans accroc".

Le front européen fait écho à l'avertissement de la chancelière allemande Angela Merkel qui a dénoncé les "illusions" de certains responsables britanniques, déclenchant une joute verbale avec Theresa May.

Depuis Londres, la Première ministre britannique en est venue à accuser le reste de l'UE de "s'unir contre" le Royaume-Uni.

"Elle a raison", répond sous couvert d'anonymat un diplomate européen, qui conseille à Mme May de ne "pas sous-estimer l'engagement à l'unité" pris par les 27.

Les "orientations de négociations" qui doivent être adoptées samedi par les 27 chefs d'Etat et de gouvernement ont vocation à mettre noir sur blanc les grands principes qui guideront l'action des négociateurs de l'UE, dont le Français Michel Barnier a pris la tête.

- Addition à 60 millions d'euros -

"Il a fallu neuf mois au Royaume-Uni pour préparer sa notification", souligne non sans ironie le haut responsable européen.

"Les 27, eux, auront une position commune sur le Brexit un mois après" que Londres a déclenché formellement la procédure de sortie de l'Union le 29 mars.

Ces "orientations" fixeront l'approche "progressive" privilégiée par les Européens et le principe de "progrès suffisants" effectués dans les négociations sur l'accord de retrait avant d'envisager de parler de la "future relation" entre l'UE et le Royaume-Uni.

"Avant de parler de notre futur, nous devons régler les questions du passé", a prévenu le président du Conseil européen Donald Tusk, dans sa lettre d'invitation aux 27 dirigeants pour le sommet de samedi.

Selon M. Tusk, ce n'est pas seulement une "question de tactique": "Etant donné le temps limité (deux ans selon l'article 50 qui régit le départ d'un Etat membre), c'est la seule approche possible".

L'UE à 27 s'est donnée trois problèmes clés, indissociables, à résoudre dans l'accord de retrait.

Elle s'apprête à défendre farouchement les droits des citoyens, principalement des 3 millions de ressortissants européens qui vivent ou travaillent au Royaume-Uni (mais aussi du million de Britanniques établis dans le reste de l'UE).

Les deux parties devront aussi trouver un terrain d'entente sur le solde des comptes, sujet probablement le plus politiquement sensible. La facture s'annonce salée pour Londres, estimée autour de 60 milliards d'euros.

- La question irlandaise -

"Ce sera une discussion difficile, pour savoir quels éléments du passif devront être inclus, et ceux qui seront écartés", prédit un diplomate européen.

Les 27 jugeront d'eux-mêmes de l'avancée des progrès avant de passer à la phase suivante, peut-être avant la fin de l'année "si les choses se passent bien", avance le haut responsable européen.

Le troisième point concerne "la question irlandaise". Personne ne souhaite voir rétablie une frontière physique entre l'Irlande et la province britannique d'Irlande du Nord, ni remettre en cause les accords de paix chèrement acquis après 30 ans de "Troubles" et plus de 3.000 morts.

Les 27 devraient aussi commencer à se pencher sur la question des deux agences européennes actuellement basées à Londres, l'Autorité bancaire européenne (EBA) et l'Agence européenne des médicaments (EMA), qui seront transférées pour rester sur le territoire de l'UE.

Dès la semaine prochaine, la Commission européenne devrait publier sa proposition de "directives" de négociations, plus détaillées, qui se baseront sur ces orientations. Leur adoption par les 27 est prévue le 22 mai.

En ordre de bataille, les Européens espèrent entamer les négociations après les élections générales britanniques du 8 juin, convoquées par Theresa May afin d'obtenir un soutien politique sans faille.

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