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La rage de survivre plus forte que la mort: les émotions des survivants d'Auschwitz

Ils ont été victimes de l'une des barbaries les plus atroces de l'histoire humaine et ils ont eu la chance et la force d'y survivre : les émotions des rescapés d'Auschwitz, pour la plupart nonagénaires, sont toujours aussi fortes, 70 ans après la libération du camp d'extermination nazi.

"Nous ne voulons pas que notre passé soit l'avenir de nos enfants", a déclaré mardi, extrêmement ému, Roman Kent, venu des Etats-Unis, la voix brisée par l'émotion.

S'exprimant devant quelque 300 survivants et une dizaine de chefs d'Etat réunis pour célébrer le 70ème anniversaire de la libération du camp d'extermination, il a mis en garde contre la tentation de donner une image "aseptisée" de l'Holocauste.

"Etre témoin des atrocités commises à l'entrée d'Auschwitz, c'est assez pour me tenir éveillé jusqu'à la fin des temps", a-t-il confié.

"Même 70 ans après, la cruauté du camp hante pour toujours mon esprit", a poursuivi M. Kent, qui vit à New York et préside le Comité international Auschwitz.

"Comment pourrai-je jamais oublier l'odeur des chairs brûlées qui flottait dans l'air ?"

Une survivante, Halina Birenbaum, venue, pour sa part, d'Israël, a ému l'audience en disant simplement que, destinée au four crématoire, elle était toujours vivante.

"J'ai cru que j'allais être incinérée ici et que jamais je ne vivrai l'expérience de mon premier baiser. Mais, je ne sais comment, moi, jeune fille de 14 ans, j'ai survécu", a raconté Mme Birenbaum, née à Varsovie en 1929 et qui a connu enfant, quatre camps nazis dont Auschwitz. Emigrée en Israël en 1947, elle est devenue poétesse et écrivaine.

Mais, tout en exprimant leur espoir de ne plus jamais voir se répéter l'horreur d'Auschwitz, les survivants ne pouvaient éviter d'évoquer leurs souvenirs des moments les plus sombres. Un ancien prisonnier politique polonais, Kazimierz Albin, a dépeint, en quelques mots, l'image à jamais gravée dans sa mémoire de l'arrivée au camp des transports de Juifs.

"Les médecins SS procèdent à la sélection. Les femmes aptes au travail sont conduites au camp Auschwitz I, les hommes à Birkenau. Les femmes enceintes, les malades, les vieux et les enfants sont dirigés vers les chambres à gaz. L'Holocauste récolte sa moisson mortelle et les tortionnaires ne sont pas satisfaits du rendement des fours crématoires".

Parmi les émotions exprimées par plusieurs survivants, le pardon a malgré tout trouvé sa place. Pardon pour les Allemands en tant que nation, qu'ils veulent distinguer des assassins hitlériens.

"Il ne m'appartient pas de pardonner, il ne m'appartient pas de condamner", a estimé devant la presse David Wisnia, Polonais juif déporté à Auschwitz en 1942. "Je n'ai jamais condamné une nation entière pour les crimes de quelques personnes".

"Je suis croyant et je crois fermement que nous pouvons choisir entre le Bien et le Mal. vous avez le choix, alors, choisissez la vie".

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