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L'Europe du Sud arrache des "regrets" du chef de l'Eurogroupe

Mis en cause par les pays du Sud de l'Europe après avoir laissé entendre qu'ils dilapidaient leur argent en "schnaps" et en "femmes", le président de l'Eurogroupe, Jeroen Dijsselbloem, a exprimé des regrets mercredi, mais écarté toute démission.

"Si certains ont été offensés par la remarque, je le regrette", a déclaré le ministre travailliste néerlandais, qui avait dans un premier temps fermement refusé de s'excuser.

"Je ne compte pas démissionner", a assuré celui qui préside depuis 2013 l'institution regroupant les ministres des Finances des 19 pays de la zone euro, invoquant sa "franchise néerlandaise" et son "style direct".

Dans un entretien lundi au quotidien allemand Frankfurter Allgemeine Zeitung, M. Dijsselbloem s'était exprimé sur la solidarité des "pays du nord de la zone euro" avec les "pays en crise".

Avant d'ajouter: "Mais celui qui la réclame a aussi des devoirs. Je ne peux pas dépenser tout mon argent pour le schnaps (une eau de vie: ndlr) et les femmes et ensuite réclamer leur soutien".

Ces propos lui ont valu mercredi de virulentes réactions de la part des pays du Sud, comme la Grèce, l'Espagne, l'Italie ou le Portugal, là où les effets de la crise financière se font le plus ressentir.

"Dans une Europe sérieuse, M. Dijsselbloem serait déjà viré", a lancé le Premier ministre socialiste du Portugal, Antonio Costa, le plus remonté contre le ministre des Finances néerlandais.

"Il est inacceptable qu'une personne qui a un comportement comme cela et qui a une vision raciste, xénophobe et sexiste d'une partie des pays européens puisse présider une organisation comme l'Eurogroupe", a poursuivi M. Costa.

Réputé pour son sérieux, son sens du compromis, mais aussi son franc parler, M. Dijsselbloem, 50 ans, avait d'abord refusé refuser de s'excuser -- "Certainement pas !"-- face à des eurodéputés espagnols.

- 'Clichés' sur le Sud -

Le grand argentier néerlandais s'apprête à perdre son poste au gouvernement après la débâcle de son parti travailliste aux élections législatives, mais il espère garder la tête de l'Eurogroupe au moins jusqu'à la fin de son mandat le 1er janvier 2018, et pourquoi pas plus tard --même s'il n'est plus ministre-- à condition que ses collègues européens l'acceptent.

"Décider de ce qui se passera (...) revient à l'Eurogroupe", avait-il plaidé lundi lors d'une réunion à Bruxelles avec les autres ministres des Finances, juste avant la polémique.

Mais ses propos dans la presse allemande pourraient jouer en sa défaveur.

En Grèce, Dimitris Tzanakopoulos, porte-parole du gouvernement, a fustigé des "propos sexistes" et "des clichés qui creusent le fossé entre le nord et le sud".

En Italie, Matteo Renzi, ancien chef du gouvernement centre-gauche, des "réflexions stupides", ajoutant: "Le plus tôt il démissionnera, le mieux ce sera".

En Espagne, Luis de Guindos, ministre conservateur de l'Economie, qui fait partie des candidats pressentis pour lui succéder à la présidence de l'Eurogroupe, a regretté "un commentaire malheureux, sur la forme comme sur le fond".

M. Dijsselbloem a cependant reçu mercredi soir le soutien, du bout des lèvres, du président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker, qui lui a précédé à la tête de l'Eurogroupe.

"Ce que M. Dijssselbloem a semblé avoir dit, le connaissant, ne reflète pas sa pensée profonde", a assuré M. Juncker.

Un peu plus tôt dans la journée, le puissant ministre des Finances allemand, Wolfgang Schäuble, avait rappelé, par l'intermédiaire d'un porte-parole, qu'il estimait "beaucoup le travail" de son homologue néerlandais.

"Nous partons du principe" que M. Dijsselbloem continuera à présider "les prochaines réunions" de l'Eurogroupe "tant que le gouvernement" néerlandais est en place, a-t-il assuré.

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