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Le gouvernement espagnol est actuellement en réunion de crise pour prendre contrôle de la Catalogne

Le chef du gouvernement conservateur Mariano Rajoy devait dévoiler à la mi-journée les mesures qu'il a longuement négociées, précisant quelles compétences vont être retirée à la Catalogne, en application d'un article jamais encore utilisé de la Constitution de 1978.

Le gouvernement espagnol se réunit samedi pour décider comment reprendre le contrôle de la région autonome de Catalogne qui se dirige vers la sécession, après avoir reçu un soutien éclatant du roi Felipe VI et de l'Union européenne.

Le roi d'Espagne est intervenu dans cette crise, la pire qu'ait traversée son pays depuis la fin de la dictature de Francisco Franco en 1975, assurant vendredi que l'Etat saurait faire face à cette "tentative inacceptable de sécession (...) avec ses institutions démocratiques légitimes".

"Nous ne voulons pas renoncer à ce que nous avons construit ensemble", a déclaré le souverain à l'occasion de la remise du Prix Princesse des Asturies, dont l'Union européenne était un des lauréats.

Un conseil des ministres extraordinaire a commencé peu après 10H00 heure locale pour décider quelles compétences retirer à la Catalogne, en application d'un article jamais encore utilisé de la Constitution de 1978. Le chef du gouvernement conservateur Mariano Rajoy devait dévoiler à la mi-journée les mesures qu'il a longuement négociées avec le Parti socialiste (PSOE), la principale force d'opposition, et ses alliés centristes de Ciudadanos.

Elles seront ensuite soumises à l'approbation du Sénat, attendue pour la fin octobre. Logiquement, Madrid devrait prendre le contrôle de la police régionale, les Mossos d'Esquadra, dont le chef a été inculpé de sédition pour ne pas avoir empêché un référendum d'autodétermination le 1er octobre.

Le quotidien El Pais croit savoir samedi que le gouvernement va également destituer l'ensemble de l'exécutif catalan et convoquer des élections le plus tôt possible, peut-être dès janvier, en Catalogne. Sommé de revenir à la légalité, le chef du gouvernement de Catalogne Carles Puigdemont a au contraire menacé de faire proclamer officiellement l'indépendance de cette région de 7,5 millions d'habitants si son autonomie était suspendue.

La majorité des Catalans ne voit pas de base légale...

Tout aurait pu être évité, à la vue de certains sondages offrant un peu de recul sur la question. La majorité de la population catalane estime que le référendum du 1er octobre dernier n'offre pas de base légale pour une scission de leur région du reste de l'Espagne, selon un sondage publié par le journal local El Periodico samedi.

Ainsi, 55,6% des Catalans sont d'avis que le parlement régional ne dispose pas d'un mandat pour déclarer unilatéralement l'indépendance.

En outre, 68,6% des sondés se disent en faveur de la tenue de nouvelles élections régionales afin de résoudre la crise constitutionnelle actuelle entre la Catalogne et Madrid. Un pourcentage quasi similaire (68,3%) soutient par ailleurs des négociations sur une révision de la constitution espagnole afin d'obtenir davantage d'autonomie pour cette région d'Espagne, plutôt qu'une indépendance complète.


Risque de mobilisation populaire

Malgré tout, une mobilisation populaire est attendue si la suspension des prérogatives d'une région très jalouse de son autonomie, est effective même si la population est divisée sur la question de l'indépendance.

Une grande manifestation était d'ailleurs prévue pour 17H00 à Barcelone pour réclamer la libération de deux leaders indépendantistes.

Aussi Madrid insiste-t-il sur le fait que ces mesures seront limitées, provisoires et doivent déboucher à court terme sur de nouvelles élections régionales. Le PSOE souhaiterait les organiser dès la fin janvier.

Sommé de revenir à la légalité, le chef du gouvernement de Catalogne Carles Puigdemont a au contraire menacé de faire proclamer officiellement l'indépendance de cette région de 7,5 millions d'habitants si son autonomie était suspendue.

Le fameux référendum

M. Puigdemont et son cabinet indépendantiste affirment avoir un mandat pour faire sécession, après avoir organisé un référendum d'autodétermination interdit par la justice.

D'après eux, plus de deux millions de Catalans, soit 43% de l'électorat, ont voté à 90% oui à l'indépendance malgré des interventions parfois violentes de la police pour les en empêcher.

Après ce scrutin, M. Puigdemont avait fait une déclaration ambigüe sur l'indépendance, annonçant immédiatement qu'il en suspendait les effets.

Mais c'est le Parlement catalan, où il dispose avec ses alliés d'une courte majorité absolue de 72 sièges sur 135, qui devrait officiellement proclamer la "République de Catalogne".

Cette même assemblée avait déclenché dès novembre 2015 le processus de rupture avec l'Espagne, l'objectif étant d'instaurer une république indépendante au plus tard en 2017, annonçant qu'elle ne reconnaissait plus les décisions de la Cour constitutionnelle

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