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Le "non" à la Constitution européenne: 10 ans après ses détracteurs persistent et signent

Dix ans après le rejet du projet de Constitution européenne, les partisans du +non+ persistent et accusent Nicolas Sarkozy comme François Hollande d'avoir "méprisé" les Français avec l'adoption du traité de Lisbonne par voie parlementaire.

François Hollande et Nicolas Sarkozy côte à côte, et tout sourire: cette photo, publiée en Une de Paris Match le 17 mars 2005 pour afficher leur soutien commun au projet de constitution, continue de poursuivre l'ex et l'actuel président de la République.

Deux mois plus tard, les Français, à plus de 55%, avaient rejeté ce projet de traité constitutionnel élaboré sous le patronage d'un autre ex-président français, Valéry Giscard d'Estaing. Cette campagne référendaire avait en quelque sorte précipité la retraite politique de Jacques Chirac deux ans avant son terme et déchiré les deux camps de l'intérieur.

A droite, Nicolas Sarkozy avait fait campagne pour le "oui", tout en assurant en privé que "c'était plié" en faveur du "non", suivant l'analyse de celui qui allait devenir son conseiller, l'ancien journaliste d'extrême droite Patrick Buisson.

Au PS, qui avait opté pour le "oui" lors d'un référendum interne, la fracture fut douloureuse. La gauche du parti (Mélenchon, Montebourg...), rejointe par Laurent Fabius, avait mené une énergique campagne pour le "non" et le rejet du traité avait mis François Hollande en grande difficulté, au grand bénéfice de Ségolène Royal en 2006 et 2007.

Pour mémoire, Manuel Valls avait milité pour le "non" lors de la campagne interne au PS avant de défendre le "oui" lors de la campagne nationale.

- 'Magnifique geste de rébellion' -

Une décennie plus tard, les mêmes arguments demeurent. "Nous avons perdu 10 ans", a déclaré vendredi Pierre Laurent, secrétaire national du Parti communiste, pour qui le rejet de cette Constitution "a été fondateur" car "tous les mouvements qui posent la question du changement en Europe sont nés de cette bataille". Le PCF organise samedi et dimanche un "forum européen des alternatives" pour "constituer un front anti-austérité en Europe".

Selon un sondage Ifop pour le Figaro, seulement 29% des Français revoteraient pour le "oui" et 47% pour le "non" (24% ne se prononcent pas).

A gauche, les sympathisants du PS (45%) et d'Europe Ecologie-Les Verts (49%) seraient majoritairement en faveur du "oui" tandis que le "non" reste majoritaire au sein du Front de Gauche (65%). Mêmes tendances à droite, avec un "oui" majoritaire chez les sympathisants UMP (50%), UDI (43%) tandis que le "non" est largement majoritaire parmi les sympathisants du FN (72%).

"Il y a dix ans, le peuple français a donné son avis. Deux dirigeants, Nicolas Sarkozy et François Hollande (...) se sont accordés pour que le +non+ des Français se transforme en un +oui+. C'est-à-dire que le texte qu'ils avaient rejeté, ils l'ont quand même fait adopter au congrès à Versailles", a de son côté dénoncé Jean-Luc Mélenchon pour qui depuis 2005, "l'Europe est illégitime en France".

Pour Marine Le Pen, présidente du Front national, le "non" fut un "magnifique geste de rébellion, de libération" et l'adoption d'un traité simplifié par le congrès en 2008 constitue "la trahison la plus grave depuis la Seconde Guerre mondiale".

Peu suspect de sympathie pour l'actuelle construction européenne, le député UMP Henri Guaino a pourtant défendu le choix fait par Nicolas Sarkozy en 2007-2008. "Pendant sa campagne présidentielle, il a dit +moi, si je suis élu président de la République, je négocierai un nouveau traité et je le soumettrai au congrès+. Il a donc pris le risque d'être désavoué. (...) Il a assumé, il ne l'a pas fait en catimini". "On peut dire que c'était une mauvaise idée mais on ne peut pas dire que le peuple a été méprisé".

"Je sais que ça a laissé des traces, j'en suis parfaitement conscient, et moi qui suis partisan fanatique du référendum, je pense que c'est dommage. Mais imaginez qu'on ne l'ait pas fait, on n'aurait pas pu remettre l'Europe sur les rails avant la crise financière" de 2008, a argumenté l'ancien conseiller spécial de Nicolas Sarkozy.

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