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Législatives britanniques: à Chester comme ailleurs, le Labour se prépare à souffrir

Député pour le Labour à Chester, au nord-est de l'Angleterre, Chris Matheson se veut combatif. Mais comme dans les 649 autres circonscriptions du Royaume-Uni, les législatives du 8 juin s'annoncent difficiles pour le parti travailliste.

Au vu des sondages à sens unique en faveur des conservateurs de Theresa May, le Labour, qui compte jusqu'à 24 points de retard, se prépare à souffrir lors de ce scrutin anticipé du 8 juin phagocyté par la question du Brexit.

La mission s'annonce rude aussi à Chester, une ancienne ville romaine qui a longtemps fait figure de baromètre des élections.

Devenue travailliste avec l'arrivée au pouvoir de Tony Blair en 1997, elle a basculé dans le camp tory en 2010. Elle est finalement retombée d'extrême justesse dans la besace du Labour il y a deux ans, avec une majorité de 93 voix seulement, record national du plus petit écart.

Sorti vainqueur du combat, le député sortant Chris Matheson affiche sa détermination. "On a ferraillé dur la dernière fois et on a gagné. Une sacrée bataille nous attend encore cette fois et nous allons le gagner aussi", assure-t-il à l'AFP.

Son équipe mène déjà campagne alors que les conservateurs doivent encore se choisir un candidat. Pour l'instant, les Tories font profil bas, à l'image de la Première ministre Theresa May qui a mis en garde ses troupes vendredi contre tout excès de confiance.

- "Pas fait" -

"C'est loin d'être couru d'avance. Mais nous n'avons rien à perdre et allons tout faire pour l'emporter", glisse simplement Pamela Hall, conseillère municipale pour le Parti conservateur.

Pour les analystes, Chester est clairement ciblé par les Tories. "Elle est certainement tout en haut de la liste de Theresa May des circonscriptions à ravir au Labour pour renforcer sa majorité", souligne Simon Lee, maître de conférence à l'université de Hull.

La Première ministre a justifié cette semaine la tenue de ces législatives anticipées par l'ambition de se doter d'une majorité "forte et stable" pour mieux aborder les négociations du Brexit. Actuellement, elle ne dispose que d'une courte majorité de 17 députés au Parlement qui ne la met pas à l'abri d'une rébellion au sein de son propre parti.

"Je veux que ce soit Theresa May qui s'occupe de gérer le Brexit. Elle sait ce qu'elle fait", estime Gina Mayne-Flower, une habitante de Chester de 60 ans. Jeremy Corbyn, le leader radical du Labour? "Pas à la hauteur", tranche-t-elle.

La rhétorique de Jeremy Corbyn, qui promet de défendre "les gens contre l'establishment" et de lutter pour les services publics, trouve une certaine résonance à Chester où l'on s'inquiète de l'impact des coupes budgétaires sur les hôpitaux et les écoles.

- "La question Corbyn" -

"Le parti conservateur est un tas de merde, ils ne font que couper toutes mes allocs", peste Carla Futcher, une mère de famille de 26 ans.

Mais beaucoup ici doutent des capacités du vétéran gauchiste à incarner une vraie alternative, lui qui est plébiscité par les militants autant qu'il est honni par une grande partie de l'appareil de son parti.

"Sur l'économie, c'est là où le Labour marque le pas", estime Thomas Mawdsley, un ingénieur informatique de 24 ans.

En amont du scrutin du 8 juin, ils sont plusieurs à avoir déjà pris leurs distances avec Jeremy Corbyn.

"La question Corbyn est très sensible. Plusieurs candidats vont essayer de la contourner en axant leur campagne sur les problématiques purement locales", commente Patrick Diamond, politologue à la Queen Mary University de Londres.

Chris Matheson, le député de Chester, avait participé l'année dernière à une rébellion avortée contre le chef du Labour.

Aujourd'hui, il assure qu'il l'appuie pour devenir Premier ministre et le décrit comme un homme "bon et honnête". Mais lorsqu'on lui demande s'il utilisera l'effigie de Corbyn sur ses tracts, il refuse de répondre.

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