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Athènes demande à l'Europe du temps pour proposer un nouveau pacte sur la dette

Le gouvernement grec a débuté dimanche à Paris une tournée européenne pour convaincre ses partenaires, en particulier l'Allemagne, de donner le temps au nouveau pouvoir afin de proposer une remise à plat du problème pressant de la dette, espérant une solution d'ici fin mai.

"Il serait très raisonnable d'espérer avoir un nouveau contrat pour la Grèce et toutes les nations (européennes) d'ici la fin du mois de mai", a déclaré le ministre des Finances Yanis Varoufakis à l'issue d'une rencontre avec son homologue français, Michel Sapin, première étape d'un voyage qui doit le mener lundi à Londres et mardi à Rome, et plus tard, à une date pour l'heure inconnue, en Allemagne.

"D'ici là nous n'allons pas demander de nouveaux prêts" aux créanciers de la Grèce, a-t-il affirmé, alors que l'Europe entière scrute avec circonspection les premiers pas du nouveau pouvoir grec, élu dimanche dernier sur la promesse de mettre un terme à l'austérité. Les marchés se demandent combien de temps la Grèce, aux abois, pourra tenir sur le plan financier.

"Nous avons besoin d'un peu de temps" pour expliquer la position du gouvernement aux différents partenaires d'Athènes, a déclaré le ministre des Finances, souhaitant avoir "jusqu'à la fin de ce mois (de février) pour mettre sur la table nos propositions détaillées".

parti Syriza "Après, dans un délai d'un mois, peut-être six semaines, nous pourrions arriver à un accord", a-t-il estimé, lors d'une conférence de presse où il est apparu calme dans sa tenue désormais presque habituelle: costume sans cravate, chemise sortant du pantalon.

"La France accompagnera, facilitera, sera toujours là pour qu'on trouve une voie, une solution qui permette à chacun de surmonter ses difficultés", a pour sa part déclaré M. Sapin, estimant qu'il revenait à Athènes que les jours qui viennent "soient des jours le plus tranquilles possible".

Les premiers pas du nouvel exécutif grec avaient laissé entrevoir de potentielles fractures avec certains partenaires européens, notamment vendredi lors d'une conférence de presse tendue entre M. Varoufakis et le patron de l'Eurogroupe Jeroen Dijsselbloem.

La formation de gauche radicale Syriza vient de prendre les manettes d'un pays qui ploie sous une dette de plus de 300 milliards d'euros (près de 175% du PIB). De nombreux pays, dont la puissante Allemagne, se méfient des ses propositions.

Samedi, la chancelière allemande Angela Merkel a écarté toute idée d'effacement pur et simple de la dette, largement détenue par les Etats européens, à commencer par l'Allemagne (40 milliards d'euros) et la France (31 milliards).

M. Varoufakis n'a pas détaillé les positions grecques, souhaitant un "accord qui remette à plat la situation, et qui lie nos remboursements à la croissance" grecque.

- Berlin, bien sûr -

Le ministre a assuré dimanche qu'il se rendrait "bien sûr" en Allemagne, pour discuter avec son homologue Wolfgang Schäuble à Berlin et avec la Banque centrale européenne (BCE), à Francfort, sans préciser la date de son voyage.

Le nouveau Premier ministre grec, Alexis Tsipras, sera mardi à Rome et mercredi à Paris (après un passage par Bruxelles pour rencontrer l'exécutif européen). Ces deux grandes capitales, tenues par des gouvernements de gauche, militent contre les politiques d'austérité en Europe, et apparaissent comme des alliés d'Athènes.

MM. Sapin et Varoufakis ont largement répété que la place de la Grèce était dans l'euro, écartant une sortie du pays de la monnaie unique. Ils ont aussi balayé toute idée de fracture entre les pays du Nord emmenés par l'Allemagne et ceux du Sud qui soutiendraient la Grèce.

"Ce serait le meilleur moyen pour aboutir à un échec", a prévenu M. Sapin, insistant sur l'importance de la relation franco-allemande sur ce point.

L'agence italienne Ansa a affirmé dimanche soir que Matteo Renzi et Angela Merkel ont eu un long entretien dimanche après-midi, essentiellement "sur la crise grecque et ses conséquences pour l'économie européenne".

- Rôle clé de la BCE -

M. Varoufakis a expliqué pourquoi la Grèce ne veut pas de la dernière tranche de prêt de quelques 7 milliards d'euros attendue fin février.

"Nous avons désespérément besoin de l'argent", mais "depuis cinq ans, la Grèce a vécu dans l'attente de la prochaine tranche de prêt, comme un drogué", a affirmé M. Varoufakis, ajoutant que son gouvernement voulait mettre un terme à cette addiction au profit d'un accord refondateur.

En attendant, il "est parfaitement possible, en accord avec la BCE, de mettre en place les liquidités nécessaires, comme cela a tant de fois été fait par le passé, pas seulement pour la Grèce", a déclaré M. Varoufakis.

Cela met en lumière le rôle crucial pour la zone euro que va jouer - une fois de plus - la BCE. L'institut monétaire est notamment celui qui permet aux banques grecques (celles qui financent largement l'Etat grec en achetant des obligations de court terme), de disposer d'un système de liquidités d'urgence, baptisé ELA.

M. Tsipras doit justement rencontrer mercredi à Bruxelles le patron de la BCE, l'italien Mario Draghi, selon le vice Premier-ministre Ioannis Dragasakis sur la télévision grecque Mega TV.

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