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Série Gomorra: les femmes dans la Camorra ont parfois le pouvoir

L'actrice italienne Maria Pia Calzone, 46 ans, a révélé dans la série Gomorra, le visage parfois cruel et sans pitié des femmes de la Camorra, la mafia napolitaine, qui n'hésitent pas quand il le faut à prendre le pouvoir.

"Les femmes de la Camorra ne sont pas soumises ou impuissantes. Elles sont dévouées à leurs hommes, mais dans une forme moderne de féminisme", a-t-elle expliqué dans un entretien avec l'AFP.

L'actrice joue le rôle d'Imma, la femme d'un chef de clan, personnage qu'elle est parvenue à rendre odieux aux téléspectateurs de la série, diffusée en France depuis le mois de janvier sur Canal+.

"C'est ce que je voulais, qu'on la déteste. Et pour y parvenir, je me suis basée sur la réalité", explique Maria Pia Calzone, récompensée pour ce rôle par le titre de meilleure actrice au Roma Fiction Fest en novembre, équivalent des oscars pour la télévision italienne.

Pour entrer dans son personnage, une femme qui, désobéissant à son mari arrêté par la police, prendra le contrôle du clan, quitte à se montrer cruelle avec son propre fils, l'actrice a rencontré des femmes, mères ou épouses de mafieux.

"J'ai essayé pendant des mois, pour finalement parvenir à ce que des femmes, ex-épouses de mafieux, m'ouvrent leur porte. Ca a été un parcours très difficile et évidemment il m'a fallu vaincre beaucoup de résistances. Ca a été mon apprentissage, je ne pouvais pas comprendre certains aspects de leur mentalité et de leur sensibilité sans avoir parlé avec elles", a-t-elle expliqué à l'AFP.

Sans sa connaissance du dialecte local, les choses auraient sûrement été plus compliquées, reconnaît-elle.

- Touche de féminité-

Maria Pia Calzone apporte aussi une touche de féminité à son personnage grâce à la direction du metteur en scène Stefano Sollima, qui lui a "imposé" les canons de l'esthétique mafieuse: talons hauts, pantalons près du corps, cheveux ramenés en arrière, très loin de ce qu'elle est en réalité.

Basée sur le roman éponyme de Roberto Saviano, succès littéraire qui a condamné son auteur à une vie sous protection policière pour avoir montré la réalité de la Camorra, la série Gomorra a elle aussi rencontré le succès, y compris à l'étranger où elle a été vendue dans 70 pays dont les Etats-Unis, le Brésil, la France ou l'Allemagne.

"Je ne suis ni juge ni avocate, seulement une actrice. Mon point de vue est celui de quelqu'un qui a voulu comprendre sans pour autant justifier certains comportements. Ce que, oui, je comprends, c'est que cette vie est un enfer. Que tu sais, mais que tu fais semblant de ne pas savoir. Que tu comprends que tes êtres les plus chers vont mourir, que la vie est courte et que l'argent ne te sert pas à avoir une vie meilleure. Un enfer", assure l'actrice.

- Guerre sans pitié -

Pour raconter la guerre sans pitié entre les clans rivaux, les Savastano et les Conte, qui se disputent le contrôle du nord de Naples, les producteurs ont pu compter sur la collaboration de Roberto Saviano.

"Je ne connais pas Saviano. Quand la série a été diffusée il m'a envoyé une très belle lettre et a fait des déclarations publiques qui m'ont beaucoup émue. Il a dit que j'étais parvenue avec mon personnage à résumer toutes les femmes de la Camorra que lui a racontées, et ça m'a énormément plu. Aujourd'hui on communique par lettres", explique l'actrice italienne, originaire de la région de Naples.

Pas moins de six scénaristes ont travaillé à l'adaptation du roman compliqué de Saviano qui mélange histoires d'assassinat, d'extorsions, pour raconter les agissements de la mafia napolitaine.

"On a mis ce monde à nu, on l'a littéralement déshabillé. On a raconté tous ses aspects de l'intérieur, sans aucun filtre ni volonté d'adoucir les choses", explique encore Maria Pia Calzone, ajoutant que le choix de tourner à Scampia, un haut lieu de la Camorra, a beaucoup compté pour crédibiliser la série.

"Scampia est le symbole de beaucoup de choses. Près de 90% des gens qui y vivent sont des gens honnêtes, qui souffrent de cette situation. Ce serait injuste de généraliser. Une poignée de gens conditionnent la vie des autres", raconte encore l'actrice.

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