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Loup Bureau, journaliste étudiant à l'IHECS détenu en Turquie, pourrait être transféré dans une prison plus reculée

L'avocat du journaliste français étudiant à Bruxelles détenu en Turquie Loup Bureau a dénoncé mardi une décision "scandaleuse" des autorités turques, qui veulent, selon lui, le transférer dans une nouvelle prison située à des centaines de kilomètres de l'actuelle, ce qui compliquerait très fortement sa défense.

Maître Martin Pradel, un des deux avocats français qui assurent la défense du journaliste, en liaison avec un confrère basé en Turquie, a expliqué à l'AFP que les autorités turques voulaient transférer le journaliste de Sirnak, près de la frontière avec l'Irak, vers la ville de Van, plus proche de la frontière avec l'Iran. "Il y a une première décision qui a été prise, et qui est en attente de confirmation. Elle pourrait être confirmée aujourd'hui ou demain (mardi ou mercredi, ndlr), et à partir de là Loup Bureau pourra être immédiatement transféré", a-t-il précisé à l'AFP.

D'après Me Pradel, un tel transfert aurait pour conséquences d'éloigner Loup Bureau de son avocat turc, installé à Sirnak, "à neuf heures de route de Van", alors qu'il est quasiment son seul contact avec le monde extérieur, et rendrait beaucoup plus difficiles les démarches pour sa défense, le journaliste étant "poursuivi par le procureur de Sirnak" et l'affaire "confiée à un juge qui se trouve à Sirnak".


Interpellé le 26 juillet

Loup Bureau, journaliste indépendant et étudiant à l'IHECS à Bruxelles, qui a notamment collaboré avec les médias TV5 Monde, Arte et Slate, avait été interpellé le 26 juillet à la frontière entre l'Irak et la Turquie, après que des photos le montrant en compagnie de combattants kurdes syriens des YPG (un mouvement considéré comme une organisation "terroriste" par Ankara), et issues d'un reportage qu'il avait réalisé en 2013, eurent été trouvées en sa possession. 

Si le journaliste est transféré à Van, "cela va avoir un effet désastreux, son avocat qui lui rend visite tous les deux jours, ne pourra plus travailler normalement, et lui va se retrouver isolé", déplore Me Pradel, qui dénonce "une atteinte très grave au libre exercice de sa défense". L'avocat français demande aux autorités françaises d'intervenir contre ce projet de transfèrement, qui relève d'une simple décision administrative et non judiciaire.


Etudiants, professeurs et journalistes demandent à Didier Reynders d'intervenir

Par ailleurs, les Associations étudiantes et la direction de l'Institut des hautes études de communications sociales (Ihecs) signent mardi une lettre ouverte au ministre des Affaires étrangères Didier Reynders afin de lui demander d'intervenir en faveur de la libération du journaliste Loup Bureau. "Nous vous demandons, monsieur le vice-Premier ministre et ministre des Affaires étrangères, de tout mettre en œuvre pour accélérer la libération de Loup et de joindre vos efforts à ceux des autorités de la République française afin de permettre à cet étudiant de revenir en Belgique terminer ses études dans les meilleures conditions", stipule la lettre.

"Son seul tort est d'avoir exercé son métier, son seul tort est d'être journaliste. Nous rappelons que Loup est le troisième journaliste français arrêté en Turquie au cours de ces douze derniers mois et que des centaines d'autres y sont actuellement incarcérés", relèvent les signataires. "Loup est quelqu'un de réfléchi, qui s'intéresse aux pays en guerre, plus pour souligner l'impact des conflits sur les populations que pour le conflit en tant que tel", selon Patrick Remacle, ancien reporter et professeur à l'Ihecs, cité dans le document.

La lettre est signée par l'Union des étudiants de la Communauté française, le Conseil des étudiants de la Haute-école Galilée, l'administrateur de l'Ihecs Jean-François Raskin, l'Association des journalistes professionnels, la Fédération européenne des journalistes ainsi que l'Académie de recherche et d'enseignement supérieur et la Confédération des organisations de jeunesse indépendantes et pluralistes. Un comité de soutien et une pétition ont également été lancés lundi pour demander la libération de l'étudiant.

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