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MH17: Moscou met son veto à l'ONU à la création d'un tribunal spécial

La Russie a mis son veto mercredi au Conseil de sécurité de l'ONU à une résolution qui aurait créé un tribunal spécial pour juger les responsables du crash du vol MH17 abattu en juillet 2014 dans l'est de l'Ukraine.

Onze pays ont voté pour, trois se sont abstenus (Chine, Venezuela, Angola). Juste avant le vote, les 15 pays membres avaient observé une minute de silence en souvenir des 298 victimes du crash du Boeing malaisien, dont 196 Néerlandais et 39 Australiens.

Ce tribunal international indépendant était réclamé par les cinq pays qui mènent l'enquête sur ce crash (Malaisie, Pays-Bas, Australie, Ukraine et Belgique).

La résolution, déposée par la Malaisie, était soutenue notamment par Londres, Washington et Paris qui accusent les rebelles ukrainiens pro-russes d'avoir abattu l'avion.

La Russie de son côté a incriminé l'armée ukrainienne.

L'ambassadeur russe Vitali Tchourkine a réaffirmé mercredi que la création d'un tribunal "n'était pas du ressort du Conseil" et qu'il convenait d'attendre les conclusions de l'enquête, prévues pour octobre. Il a accusé les partisans du tribunal de vouloir politiser cette affaire.

Le président ukrainien Petro Porochenko a lui promis la justice aux proches des victimes malgré ce veto. "Les résultats parlent par eux-mêmes", a-t-il écrit en référence aux résultats du vote au Conseil. "Mais l'Ukraine ne s'arrêtera pas là", a-t-il promis. "Les coupables doivent être punis."

Le ministre malaisien des Transports Dato Sri Liow Tiong Lai s'est déclaré "très déçu". Il a estimé que le Conseil "avait envoyé un dangereux message d'impunité" à d'éventuels terroristes voulant s'attaquer aux avions civils.

"Tous ceux qui voyagent par avion courront davantage de risques", avait-il averti juste avant le vote. Il avait alors appelé à adopter la résolution "car nous le devons aux familles des victimes".

La Malaisie "reste déterminée à obtenir justice pour toutes les victimes innocentes", a-t-il ajouté.

- 'Trouver un autre mécanisme' -

Le ministre néerlandais des Affaires étrangères Albert Koenders a lui aussi "exprimé sa très profonde déception" et a jugé le veto russe "incompréhensible".

Son homologue australienne Julie Bishop a dénoncé "un affront fait aux victimes et à leurs proches et amis". Elle a estimé que "les prétextes invoqués par la Russie méritaient le plus profond mépris".

Les cinq pays impliqués dans l'enquête vont "trouver un autre mécanisme pour poursuivre en justice les responsables et faire éclater la vérité", a-t-elle affirmé.

L'ambassadrice américaine Samantha Power s'est déclarée "scandalisée" de voir la Russie "tenter de s'opposer à ce que les 298 victimes à bord de cet avion obtiennent justice".

"Cela aurait pu arriver à n'importe laquelle de nos familles", a-t-elle souligné. "Il ne peut pas y avoir et il n'y aura pas d'impunité" pour les responsables.

Le vol MH-17 de Malaysia Airlines avait été abattu dans l'est de l'Ukraine le 17 juillet 2014.

Kiev et les Occidentaux soupçonnent les séparatistes pro-russes d'avoir utilisé un missile sol-air Bouk, fourni par la Russie, pour abattre l'appareil.

Moscou a catégoriquement démenti toute implication.

Peu après le crash, le Conseil avait adopté à l'unanimité la résolution 2166. Elle demande que les responsables de cette catastrophe aérienne "rendent des comptes" et que tous les pays "collaborent pleinement" dans ce sens. La Russie avait alors voté oui.

La résolution rejetée mercredi aurait obligé les pays à coopérer avec le tribunal spécial sous peine de sanctions.

Le Premier ministre néerlandais Mark Rutte avait exhorté mercredi au téléphone le président russe Vladimir Poutine d'accepter la création du tribunal.

Selon le Kremlin, M. Poutine a répondu que "la Russie continue de croire que la création d'un tel tribunal n'est pas la meilleure marche à suivre".

C'est la deuxième fois en un mois que la Russie met son veto à une résolution occidentale.

Moscou s'était opposé le 8 juillet à une résolution britannique qualifiant de génocide le massacre de 8.000 musulmans par les forces serbes à Srebrenica (Bosnie) en juillet 1995.

"Le vote d'aujourd'hui marque un grave échec pour ce Conseil", a déploré l'ambassadeur français François Delattre.

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