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Momentum, le mouvement pro-Corbyn qui veut "transformer la société"

Le Labour est-il infiltré par des trotskistes, comme l'affirme certains médias britanniques ? "Grotesque", répond le mystérieux mouvement pro-Corbyn "Momentum", accusé d'être au cœur de la conspiration mais qui affirme vouloir seulement "un parti plus démocratique" capable de "transformer la société".

Prolongement direct de la campagne qui a porté Jeremy Corbyn à la tête du parti travailliste il y a un an, Momentum ("la dynamique") a planté sa tente pour quatre jours samedi à Liverpool, où ses membres animent un festival politique et culturel en marge du congrès du Labour.

A en croire certains titres de la presse conservatrice, c'est le diable en personne qui s'est installé sur les bords de la Mersey. Fort aujourd'hui de 18.000 membres, le mouvement est accusé de vouloir cannibaliser le Labour de l'intérieur avec ses idées révolutionnaires tout en faisant la chasse aux anti-Corbyn.

Deux documentaires filmés en caméra cachée diffusés cette semaine par la BBC et Channel 4 prétendent montrer comment ses militants cherchent à infiltrer les conseils locaux pour mieux en évincer les députés travaillistes réfractaires aux idées de leur leader très à gauche.

Plusieurs cadres du parti ont également exprimé leur inquiétude. Owen Smith, le rival de Corbyn pour la présidence du Labour, dénonce "un parasite" et "un parti dans le parti". Le vice-leader du Labour, Tom Watson évoque, lui, "des entristes trotskistes qui essayent de peser partout où ils peuvent".

- "Canaliser cette formidable énergie" -

"L'idée que, soudain, des milliers de gauchistes aient inondé le parti est totalement grotesque", assure à l'AFP James Schneider, l'un des responsables du mouvement, en supervisant les derniers préparatifs au centre Black-E, où a lieu le festival "The World Transformed" (le monde transformé).

"Nous voyons un déclin des partis sociaux-démocrates partout en Europe, explique James Schneider. Momentum sert seulement à canaliser la formidable énergie née avec Jeremy pour construire un Labour plus ouvert et plus démocratique, capable de gagner des élections et d'ensuite transformer la société".

L'enthousiasme militant qui a accompagné l'arrivée de Jeremy Corbyn à la tête du parti en septembre 2015 a alimenté dès le départ les rumeurs sur l'infiltration de militants écologistes et de l'extrême gauche. Le Labour a gagné 300.000 membres en un an et vu presque doubler son nombre d'adhérents.

Pour Jeremy Corbyn, cet impressionnant afflux n'est pas une menace mais une chance. Grâce à lui, tous ceux qui s'étaient détournés de la politique, les partisans du "tous pareil", les déçus du blairisme et les jeunes qui s'en moquaient, s'intéressent soudain de nouveau ou pour la première fois à la politique.

- "Avant la politique ne l'intéressait pas" -

"Avant, la politique des partis ne m'intéressait pas. Le Labour, j'avais l'impression qu'il ne s'adressait pas à moi. Aujourd'hui, les choses ont changé", souligne Hattie Craig, 24 ans. Éducatrice pour enfants handicapés, elle a rejoint Momentum il y a quelques mois et aide à monter l'événement à Liverpool.

Les critiques et les moqueries du camp conservateur laissent tout le mode de marbre au Black-E. Tout juste si on balaye d'un sourire las la sortie du leader du parti libéral-démocrate, Tim Farron, qui a qualifié de laboratoire pour "petits trotskistes" les ateliers pour enfants organisés pendant le festival.

"Lorsque vous ne distinguez pratiquement plus aucune différence entre les différents partis, les gens ne se sentent plus représentés", accuse l'organisateur du festival, Roland Singer-Kingsmith, 28 ans. "Jeremy, quand il parle, il provoque une étincelle. Il est authentique et c'est pourquoi les gens lui font confiance".

Comment expliquer alors la méfiance qui continue d'entourer Momentum?

Oui, reconnaît James Schneider, il y a eu quelques actes d’intimidation contre des députés rebelles à Corbyn. "Mais ils se comptent sur les doigts d'une main et nous avons été très clairs, tout comme Jeremy, que ces actes sont inacceptables", insiste-il.

Si Momentum dérange, conclut-il, c'est tout simplement "parce que certains composantes de la société sont particulièrement réfractaires au changement".

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