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Rajoy menace avant une nouvelle poussée de fièvre indépendantiste

Mariano Rajoy a tenté mardi de reprendre la main sur le dossier de la Catalogne, promettant de défendre avec fermeté la souveraineté de l'Espagne à l'approche d'un vote crucial au parlement régional censé lancer le processus d'indépendance de la région.

Le chef du gouvernement espagnol, au pouvoir depuis fin 2011 et qui espère y rester après les législatives du 20 décembre, a pris la parole à la mi-journée lors d'une allocution télévisée organisée en un temps record.

"Je veux adresser un message de tranquillité à tous les Espagnols", a déclaré M. Rajoy: "Cet acte de provocation (...) n'aura aucun effet", a-t-il dit après la diffusion d'un projet de résolution parlementaire promu par les indépendantistes et qui sera soumis au vote du en principe d'ici au 9 novembre.

Le texte en neuf points n'est autre que la mise en oeuvre de la première étape de la "feuille de route" qui doit mener la région à l'indépendance en 2017 au plus tard: il promet, de "déclarer solennellement le lancement du processus de création d'un Etat catalan indépendant sous la forme d'une république".

Le texte, qui devrait encore faire l'objet de discussions avec d'autres formations, souligne que le Parlement régional est le "détenteur de la souveraineté" et ne sera plus "tributaire des décisions des institutions espagnoles, et en particulier de celles du Tribunal constitutionnel".

Mariano Rajoy n'a pas tardé à réagir.

"L'Etat ne renoncera pas à l'utilisation de tous les mécanismes politiques et juridiques que lui attribuent la loi et la Constitution pour défendre la souveraineté de l'Espagne", a-t-il dit.

"Tant que je serai président du gouvernement, l'Espagne restera une nation de citoyens libres et égaux", a ajouté le chef du gouvernement conservateur avant d'évoquer notamment un nouveau mécanisme qui permettra au tribunal constitutionnel de sanctionner les fonctionnaires et autorités récalcitrants.

Le nouveau Parlement catalan s'est constitué lundi, après des élections régionales, le 27 septembre, ayant donné la majorité absolue de sièges (72 sur 135) aux listes indépendantistes : la coalition Junts pel Sí (Ensemble pour le Oui, 62 sièges), et la CUP (gauche anticapitaliste, 10 sièges).

Bien qu'elles n'aient pas obtenu la majorité absolue des voix (47,8%), elles sont décidées à lancer le processus d'indépendance de cette région du nord-est de l'Espagne de 7,5 millions d'habitants.

Ainsi un cocktail politique potentiellement explosif peut attendre l'Espagne en fin d'année, avec d'une part des législatives, et d'autre part la formation d'un gouvernement séparatiste en Catalogne.

Depuis la victoire des indépendantistes en Catalogne, M. Rajoy fait l'objet de pressions croissantes au sein de son camp pour regagner le terrain de la fermeté cédé au parti de centre droit Ciudadanos -- troisième force politique selon les derniers sondages et talonnant son Parti populaire -- chantre de la défense de l'intégrité de l'Espagne.

Albert Rivera, chef de Ciudadanos, a d'ailleurs assuré sur Twitter que la résolution était un "défi à la démocratie". "Nous demandons au gouvernement qu'il saisisse le tribunal constitutionnel".

M. Rajoy pourrait être tenté par la fermeté tandis que le président catalan sortant Artur Mas, briguant aussi un nouveau mandat, est poussé à la fuite en avant par les plus radicaux des indépendantistes dont il a besoin pour gouverner.

"Nous sommes en campagne électorale. Mariano Rajoy aurait aimé éviter le sujet de la Catalogne car il restera dans l'histoire comme le président sous lequel les indépendantistes catalans ont obtenu une majorité absolue au Parlement, mais (...) il fallait qu'il montre qu'il est le mâle dominant", estime le politologue Josep Ramoneda.

"Et pour M. Mas, cette résolution est la condition indispensable du soutien de la CUP", qui n'est pas encore acquis, analyse-t-il.

L'annonce de la résolution intervient alors que par ailleurs des perquisitions ont été menées mardi dans une enquête sur des malversations impliquant le parti de M. Mas, CDC. La corruption est l'une des pommes de discordes entre les deux listes.

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