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Royaume-Uni: après le vote du Brexit, Ukip peine à mobiliser

A quelques semaines des élections législatives britanniques, le parti europhobe Ukip semble avoir perdu son pouvoir de séduction, maintenant que le Brexit va devenir réalité.

Il est désormais crédité de 5% des intentions de vote, son plus bas niveau depuis mars 2012, selon un sondage YouGov/Sunday Times publié dimanche.

L'United Kingdom Independant Party paie là son incapacité à formuler un programme politique renouvelé depuis le vote en faveur du Brexit, sa raison d'être, ainsi que sa crise de leadership, loin d'être résolue.

Symbole de ces difficultés, Paul Nuttall, le nouveau dirigeant élu à la tête du parti en novembre 2016, n'a toujours pas décidé s'il serait candidat aux élections du 8 juin.

Il était sorti décrédibilisé d'une défaite face au candidat du Labour dans une législative partielle en février à Stoke-on-Trent (centre de l'Angleterre), qui détient pourtant le record du vote pro-Brexit parmi les 30 plus grandes villes du pays.

Son échec l'avait entraîné dans une guerre personnelle avec Arron Banks, principal donateur de Ukip, qui menace de quitter le parti s'il n'y fait pas "le ménage".

Quant à l'unique député du Ukip, Douglas Carswell, il a claqué la porte en mars, faute d'y avoir trouvé sa place et vient tout bonnement de renoncer à se représenter et d'annoncer qu'il soutiendrait les conservateurs, son ancienne formation. Non sans avoir prôné la dissolution de l'Ukip, qui selon lui a achevé sa mission.

L'Ukip se lance donc dans une campagne sans élus nationaux, et sans son leader historique, Nigel Farage, qui a renoncé à se lancer dans la compétition après s'être déjà présenté sept fois sans jamais être élu.

- Retour aux fondamentaux -

Mais son plus gros défi demeure sa capacité à proposer un programme politique cohérent, alors que le Brexit, qui a été son cheval de bataille pendant des années, est désormais sur les rails.

"Le parti est en plein désordre", analyse Brian Klaas, chercheur en sciences politique à la London School of Economics. "Il se cherche un autre programme que simplement faire pression sur (la Première ministre) Theresa May" dans les négociations de sortie de l'Union européenne, "mais concrètement, il n'a rien d'autre à proposer qu'un Brexit dur", synonyme de moins d'immigration européenne et de sortie du marché unique.

Ce que reconnaît à demi-mot Peter Harris, candidat du parti dans la circonscription de Dagenham-Rainham, en soulignant que son parti veut se concentrer d'abord sur les négociations du Brexit. "Nous entrons dans une période de négociations de deux ans, et nous devons nous assurer que le Royaume-Uni va vraiment récupérer le pouvoir sur ses procédures législatives, ses zones de pêche ou ses frontières".

Mais sur les sujets de politique intérieure, Peter Harris se fait beaucoup moins bavard. Il renvoie au programme établi pour les précédentes élections législatives, en 2015, et précise seulement que l'Ukip se préoccupe des "enjeux locaux", prenant l'exemple de la signalisation routière à la sortie des écoles.

Pour remobiliser ses électeurs, le parti revient donc à ses fondamentaux, notamment la lutte contre l'immigration. Lors d'une conférence de presse lundi, ses dirigeants ont présenté le volet dit "intégration" de leur programme, qui cible les minorités religieuses du pays, notamment musulmanes.

"Personne n'a voté pour une société multi-culturelle mais pourtant, nous vivons avec", a ainsi attaqué Peter Whittle, numéro deux du parti, et membre de l'assemblée de Londres. Il souhaite rouvrir un débat, "fermé depuis trop longtemps par les autres formations politiques", sur l'identité britannique, estimant que son pays est "de plus en plus fragmenté".

Il réclame aussi la baisse de l'aide internationale versée par le Royaume-Uni et affirme "c'est en se montrant radical que l'Ukip a toujours été le plus performante".

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