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Les Grecs donnent le pouvoir à Syriza, avec l'espoir d'en finir avec l'austérité

Les Grecs ont donné dimanche une victoire claire au parti de gauche radicale Syriza, pour "écrire l'Histoire" en "laissant l'austérité derrière" eux, a affirmé Alexis Tsipras, premier dirigeant européen élu sur le rejet explicite des politiques difficiles imposées par l'UE à ses membres.

Toutefois dès son premier discours de vainqueur dimanche soit M. Tsipras a soufflé le chaud et le froid : "le verdict du peuple grec signifie la fin de la troïka", a-t-il d'abord lancé évoquant les experts de la BCE, l'UE et du FMI, qui dictent à la Grèce une politique d'austérité depuis quatre ans en échange de 240 milliards d'euros de prêts pour sauver le pays de la faillite.

Mais quelques minutes plus tard, il a annoncé devant ses partisans que le nouveau gouvernement "serait prêt à coopérer et à négocier pour la première fois avec ses partenaires une solution juste, viable et qui bénéficie à tous".

Le Premier ministre Antonis Samaras avait auparavant reconnu sa défaite notant que "le peuple grec a parlé et nous respectons sa décision".

"Je remets un pays qui est en train de sortir de la crise, qui est membre de l'Union européenne et de la zone euro et j'espère que le prochain gouvernement va maintenir ces acquis", a-t-il déclaré.

- 'Thriller" -

Vers 22h15 GMT, après dépouillement de 70,72% des bulletins, Syriza comptait 36,03% des voix et Nouvelle Démocratie de M. Samaras 28,15%. La gauche radicale totalisait alors 149 sièges sur 300 au Parlement. Mais savoir s'il aura en définitive la majorité absolue de 151 sièges relevait du "thriller", selon le responsable de la société informatique chargée du dépouillement.

La victoire a été saluée par une explosion de joie de centaines de supporters, venus de toute l'Europe, au point de ralliement de Syriza, une tente dans le centre d'Athènes.

"C'est une grande chance pour la Grèce et l'Europe, une grande, grande chance pour tout le monde", se réjouissait Claudia, une Italienne.

Le scrutin était attendu anxieusement par les partenaires européens d'Athènes, inquiets de la volonté de Syriza de "fermement" renégocier l'énorme dette grecque et défier de manière inédite les programmes d'austérité imposée par Bruxelles.

Mais l'UE, elle, semble décidée à discuter rapidement avec M. Tsipras. Les premiers signaux devaient être envoyés dès lundi lors de la réunion des ministres des Finances de la zone euro sur l'avenir du programme d'aide accordée à Athènes.

"On ne va pas échapper à une renégociation (sur la dette), la question est +sur quoi va-t-elle porter+ : les échéances, les montants, ou les deux", a confié dimanche à l'AFP une source européenne à Bruxelles. "Pour les montants, a-t-elle ajouté, ce sera plus difficile".

La président de la banque centrale allemande, Jens Weidmann, a exhorté Syriza pour sa part à "ne pas faire de promesses illusoires" à ses concitoyens.

Le succès de Syriza, en revanche, a fait naître l'espoir pour les gauches européennes. Selon Pablo Iglesias, le dirigeant de Podemos en Espagne, "les Grecs auront enfin un président et non plus un délégué de Merkel", a-t-il lancé dimanche soir.

- 'Lame de fond' -

En France, le leader du parti de gauche Jean-Luc Mélenchon a évoqué "une lame de fond", "une page nouvelle pour l'Europe".

Le gouvernement de M. Samaras a été sanctionné pour avoir essayé de satisfaire au maximum les exigences de réformes de la troïka depuis 2012. En effet, la facture est lourde pour la population victime d'un taux de chômage à 25%, ou de réductions de salaires drastiques.

Alexis Tsipras avait promis des mesures immédiates comme une remontée du salaire minimum de 580 à 751 euros tout en prévenant qu'il ne se contenterait pas d'un simple aménagement de la dette (175% du PIB, plus de 300 milliards d'euros), mais d'une nette réduction. Il ne souhaite cependant pas que le pays sorte de la zone euro, comme il l'a dit à plusieurs reprises et comme son discours de dimanche soir le confirme.

Son score lui permet d'espérer avoir "les mains libres" dans la négociation, comme il l'avait espéré, même s'il lui manque en définitive un ou deux députés. Il pourrait trouver des soutiens parmi ceux du parti souverainiste des "Grecs indépendants", ou auprès de "la Rivière", nouveau venu de centre-gauche aux points de vues moins extrêmes.

Il devait rencontrer dès lundi le président de la République Carolos Papoulias pour en discuter.

Enfin, malgré la vaste enquête qui le vise en tant "qu'organisation criminelle", et l'incarcération pour appartenance à une telle organisation de sept de ses 16 députés actuels, le parti d'inspiration néonazie Aube dorée restait la troisième force du pays, créditée de près de 7% des suffrages et de 17 députés.

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