Accueil Actu

Ukraine: l'UE hausse le ton contre Moscou

L'UE et six pays issus de l'ex-URSS ont promis vendredi à Bruxelles d'approfondir leur "partenariat", lors d'un sommet à l'issue duquel le président du Conseil européen Donald Tusk a condamné avec virulence "l'agression russe" en Ukraine.

Promettant vingt "avantages concrets pour les citoyens" d'ici 2020, l'UE a voulu mettre l'accent sur la coopération économique, la mobilité des étudiants, le développement des réseaux énergétiques et internet ou encore la réduction des frais d'itinérance mobile lors de ce sommet du "Partenariat oriental".

Mais cette réunion avec les dirigeants d'Ukraine, de Géorgie, de Moldavie, du Bélarus, d'Arménie et d'Azerbaïdjan n'était "pas un sommet d'élargissement ou d'adhésion", a d'emblée précisé le président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker.

"Ce n'est pas le moment opportun. Nous avons le Brexit et nous devons régler les problèmes à l'intérieur" de l'UE, a expliqué le Premier ministre luxembourgeois Xavier Bettel.

- 'Concours de beauté '-

"Le Partenariat oriental (...) n'est pas un concours de beauté géopolitique entre la Russie et l'UE, mais un vrai partenariat entre des pays souverains, sans menaces et contraintes politiques, économiques ou militaires", a lancé Donald Tusk, qui préside l'instance réunissant les dirigeants des 28 Etats membres de l'UE, adoptant un ton particulièrement dur envers Moscou.

"Nous devons avoir les yeux ouverts sur les actions d'Etats hostiles comme la Russie, qui menacent la croissance potentielle de nos partenaires orientaux et tentent de détruire notre force collective", a renchéri la Première ministre britannique Theresa May.

"Des conflits gelés et armés continuent d'empêcher le développement et de générer des souffrances" dans ces pays, a déploré M. Tusk, alors que les Occidentaux accusent la Russie de soutenir en sous-main des rebelles sécessionnistes dans les six pays du "Partenariat oriental".

Les relations entre l'UE et la Russie se sont fortement détériorées en raison de la crise en Ukraine, où les affrontements entre séparatistes prorusses et l'armée ont fait plus de 10.000 morts depuis le printemps 2014.

Les Européens ont imposé de lourdes sanctions économiques à la Russie, qui a répliqué par un embargo sur les importations de produits agroalimentaires en provenance de l'UE.

La mort jeudi de cinq soldats ukrainiens dans des affrontements avec des rebelles prorusses dans l'est de ce pays, qui subit un regain de violences, "illustre une nouvelle fois les conséquences tragiques de l'agression russe en Ukraine", a martelé M. Tusk.

"L'Union européenne condamne l'agression russe et ne reconnaîtra jamais l'annexion illégale de la Crimée" par la Russie, a-t-il réaffirmé.

La chancelière allemande Angela Merkel a, elle, rencontré son homologue ukrainien Petro Porochenko "pour voir si éventuellement nous pouvons faire des petits progrès" dans la mise en oeuvre des accords de Minsk, censés instaurer un cessez-le-feu dans l'est ukrainien.

Signe tangible du "Partenariat oriental", l'UE a conclu des accords d'association et mis en place des régimes sans visas pour les courts séjours avec ses trois partenaires les plus europhiles: l'Ukraine, la Géorgie et la Moldavie.

Vendredi soir, un accord de rapprochement scellé avec l'Arménie, qui est membre de l'Union économique eurasienne initiée par la Russie, doit être signé à Bruxelles.

Mais le ton virulent employé par M. Tusk, un ex-Premier ministre polonais qui a rappelé avoir "passé la première moitié de (sa) vie dans le bloc soviétique", ne se retrouve pas dans la déclaration commune publiée à l'issue du sommet, reflet des nombreux désaccords entre les Européens et leurs hôtes de l'ex-URSS.

Ce texte ne comporte aucune mention du conflit ukrainien ou de l'annexion de la Crimée, ni des affrontements entre l'Arménie et l'Azerbaïdjan au Nagorny-Karabakh, et il appelle pudiquement à "résoudre pacifiquement" les nombreux conflits sécessionnistes dans la région.

- 'Deux grands feux' -

"Le Bélarus se trouve entre deux grands feux, la Russie d'un côté, l'Union européenne de l'autre. Elles sont malheureusement rivales et nous aimerions nous éloigner de cette rhétorique de confrontations", a insisté le ministre des Affaires étrangères du Bélarus Vladimir Makeï, appelant à "joindre nos forces pour les surpasser".

L'UE a été critiquée par les défenseurs des droits de l'homme pour avoir invité à cette réunion des dirigeants dénoncés pour leur autoritarisme, à l'instar des présidents du Bélarus Alexandre Loukachenko - qui a décliné l'invitation- et de l'Azerbaïdjan Ilham Aliev.

Les Européens insistent pour dire que leur aide et une coopération accrue doivent aller de pair avec une lutte accrue contre la corruption, davantage de démocratie et des réformes pour rendre l'appareil judiciaire plus indépendant dans les pays partenaires.

À la une

Sélectionné pour vous