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Vivendi veut modifier l'accord sur Mediaset Premium, colère de Mediaset

Vivendi a évoqué mardi des "différends significatifs" avec Mediaset au sujet des résultats futurs du bouquet de télévision payante Mediaset Premium et ne souhaite plus en acquérir que 20% au lieu de 100%, provoquant la colère du groupe italien.

Mediaset a souligné qu'il était déterminé à "faire valoir ses droits". Selon le quotidien économique Il Sole 24 Ore, il étudierait une possible action en justice pour réclamer à Vivendi entre 1 et 1,5 milliard d'euros.

Le groupe français a indiqué pour sa part qu'il souhaitait toujours "construire une alliance stratégique majeure avec Mediaset et Mediaset Premium", mais sous une forme différente.

A la Bourse de Milan, les investisseurs ont très mal accueilli cette information: Mediaset, qui a perdu jusqu'à 14% dans la journée, a fini sur un recul 6,94%, à 3,006 euros. A Paris, en revanche, Vivendi a gagné un petit 0,09% à 17,385 euros.

Les groupes de Vincent Bolloré et du magnat Silvio Berlusconi avaient dévoilé le 8 avril un "accord stratégique" passant par un échange de participations croisées de 3,5% et prévoyant le lancement d’une plateforme de contenus susceptible de concurrencer l’américain Netflix.

Dans le cadre de cet accord, Vivendi devait prendre le contrôle de 100% de Mediaset Premium, mais il a finalement fait machine arrière.

D'après Mediaset, le groupe français, "tout en confirmant l'échange de participation de 3,5% du capital de Vivendi contre 3,5% du capital de Mediaset, a proposé d'acheter seulement 20% de Mediaset Premium et, dans les trois ans, quelque 15% de Mediaset à travers une obligation convertible obligatoire".

Vivendi a confirmé les grandes lignes de ce montage dans un communiqué publié mardi soir à la demande du gendarme boursier français, en assurant que "cette nouvelle structure permettrait d’aligner pleinement les intérêts des deux groupes".

Le groupe français a expliqué avoir "par une lettre en date du 21 juin, fait part aux dirigeants de Mediaset de différends significatifs dans l'analyse des résultats" de Mediaset Premium et avoir fait lundi une "proposition (...) pour trouver un nouvel accord en des termes différents".

Le bouquet de télévision italien, qui comptait 2,01 millions d'abonnés fin décembre, affiche des pertes significatives: sur le seul premier trimestre, elles se sont chiffrées à 56,6 millions d'euros. Le groupe italien avait indiqué qu'il renouerait avec l'équilibre en 2017, mais, selon certaines sources, cela pourrait ne pas être le cas.

"C'est la structure même de l'opération qui pose problème. Vivendi n'a plus envie d'être actionnaire majoritaire de Mediaset Premium", a souligné Jean-Baptiste Sergent, analyste pour Mainfirst.

"C'est plutôt une bonne nouvelle (pour les actionnaires) si Vivendi renonce à cette acquisition", a-t-il ajouté, en estimant la perte opérationnelle de Mediaset Premium à 150 millions d'euros en 2016, "ce qui aurait pesé sur les résultats" du groupe français.

- "Incorrection absolue" -

Mediaset a vivement dénoncé ce revirement, critiquant le fait que Vivendi n'ait "pas l'intention d'honorer l'accord contraignant signé: cette offre est en "évidente contradiction avec les engagements pris par Vivendi dans le cadre de l'accord signé le 8 avril, conclu après de longues négociations ayant abouti à l'approbation de tous les organes compétents de chacune des parties".

Fininvest, la holding de la famille Berlusconi, a fustigé "l'exceptionnelle gravité et l'incorrection absolue du comportement de Vivendi", en évoquant une décision qui "viole les principes les plus élémentaires du droit et l'éthique économique".

Mediaset réunira son conseil d'administration jeudi pour prendre "officiellement position" et décider de la façon d'agir.

Le président du directoire de Vivendi, Arnaud de Puyfontaine, a souligné, lors d'une conférence de presse à Milan, que son groupe avait "proposé une autre façon de faire sur le long terme, avec une relation encore plus ambitieuse entre Vivendi et Mediaset".

"Nous avons des discussions positives en cours et je suis sûr que nous aurons une issue positive", a-t-il ajouté, en contestant les informations laissant entendre que Vivendi veuille prendre le contrôle de Mediaset.

Mais le groupe italien a nié toute "négociation en cours", soulignant que celles-ci s'étaient conclues avec l'accord du 8 avril.

Vivendi, qui est engagé dans une politique tous azimuts pour devenir "un leader mondial des contenus et des médias", est également présent en Italie à travers Telecom Italia, dont il est devenu l'actionnaire de référence l'an passé avec une participation atteignant 24,7%.

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