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"J’ai envie de voir ton cul": le député français Denis Baupin accusé de harcèlement sexuel démissionne

L’homme politique français Denis Baupin est accusé de harcèlement sexuel, révèlent ce lundi Mediapart et France Inter. Aucune plainte n’a cependant été déposée.

En France, plusieurs élues écologistes ont accusé Denis Baupin, vice-président de l'Assemblée nationale, de harcèlement sexuel. Après plusieurs semaines d’enquête menée conjointement par Mediapart et France Inter, le député est plus que jamais dans la tourmente. Quatre élues ou ex-élues d’Europe Ecologie Les Verts (parti politique écologiste français) ont livré plusieurs témoignages le mettant en cause.


"C’était du harcèlement quasi quotidien de SMS provocateurs, salaces"

Dans son entretien accordé à Mediapart, Sandrine Rousseau, aujourd’hui porte-parole d’Europe Ecologie Les Verts (EELV), raconte: "En octobre 2011, je suis sortie de la salle de réunion que j’animais ce jour-là. Dans le couloir, Denis Baupin est venu, m’a plaquée contre le mur en me tenant par la poitrine et a cherché à m’embrasser".

Députée du Calvados, Isabelle Attard, qui a quitté EELV en décembre 2013, affirme elle avoir reçu des dizaines de SMS obscènes. "C’était du harcèlement quasi quotidien de SMS provocateurs, salaces. C’était par exemple: 'J’aime bien quand tu croises tes jambes comme ça.' C’était même crûment dans des réunions ou des déjeuners de travail le fait de me proposer d’être mon amant. Au début, c’est dit sur le ton de la rigolade. Et puis, cela devient vite très lassant, pénible... "

Elen Debost, élue EELV au Mans, a aussi reçu des SMS à caractère sexuel de M. Baupin. "Au total, j’ai reçu une centaine de messages du type: 'Je suis dans un train et j’aimerais te sodomiser en cuissarde' ou encore 'J’ai envie de voir ton cul'"

Conseillère régionale en Ile-de-France, Annie Lahmer déclare, elle, que Denis Baupin lui envoyait des SMS même la nuit. Se trouvant un soir seule dans un bureau au siège du parti, elle affirme que Denis Baupin s'est mis à lui "courir après autour du bureau".

D’autres femmes ont également livré des témoignages à charge. Selon certaines sources du parti écologiste, le député, figure de la vie politique parisienne, aurait également "pincé les fesses" d’une collaboratrice dans un ascenseur de l’Assemblée.  


Déclencheur soudain

Pour Sandrine Rousseau, "il y a eu un déclencheur, qui est cette photo du 8 mars, où Denis Baupin apparaît avec du rouge à lèvres pour soi-disant défendre le droit des femmes et qui moi m’a fait un électro choc", a-t-elle déclaré au micro de France Inter. Cependant, aucune des élues accusant Denis Baupin n'aurait porté plainte jusqu’ici. "Mon conjoint m’a incitée à porter plainte mais j’ai estimé qu’en étant dans ma position, je venais d’arriver à la direction d’EELV, ça m’était difficile donc je ne l’ai pas fait. Aujourd’hui, je le regrette mais sur le moment, je me sentais fragile et isolée", ajoute-t-elle.

Annie Lahmer, l’une des élues écologistes, explique à Mediapart ne pas avoir porté plainte par crainte de perdre son travail, "voire d’être sur la 'blacklist' des collaboratrices qui dénoncent du harcèlement sexuel et dont on dit qu’elles ne retrouvent plus jamais de poste en politique". "A l’époque, j’étais vulnérable. J’avais besoin de mon boulot, j’étais maman seule avec mes deux petites filles, ma vie était compliquée..."

A la suite de ces accusations, Denis Baupin a présenté sa démission à l’Assemblée nationale ce lundi. Néanmoins, il conteste tout harcèlement sexuel et envisage de porter plainte pour diffamation, selon son avocat.

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