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"Les Républicains": vifs débats autour du nouveau nom de l'UMP

Les débats sont vifs autour de la future appellation de l'UMP, "Les Républicains", un nouveau nom voulu par son président Nicolas Sarkozy et qui doit être avalisé mardi en même temps que de nouveaux statuts.

Signe que les débats pourraient durer plus longtemps que prévu, le bureau politique (BP) de mardi a été convoqué une heure plus tôt qu'à l'heure habituelle, 17h00 au lieu de 18h00. Le BP se penchera sur les statuts de la nouvelle formation, qui font la part belle à la "démocratie participative", comme l'avait promis l'ancien chef de l'Etat.

Ces statuts seront ensuite soumis pour approbation aux quelque 210.000 adhérents (à jour de cotisation le 31 décembre 2014) lors d'un vote électronique les 28 et 29 mai, l'avant-veille et la veille du congrès fondateur du nouveau parti prévu pour se dérouler à la Grande Halle de la Villette à Paris.

"Nicolas Sarkozy veut un nouveau élan en redonnant la parole aux adhérents et cela sera parfaitement respecté, la soixantaine de membres du BP devra se prononcer sur le package de la nouvelle formation, comprenant le nouveau nom", affirme en effet son entourage.

Mais des caciques du parti, par ailleurs tous membres du BP, ne sont pas favorables à un vote global sur ce "package". Des partisans de Bruno le Maire ou d'Alain Juppé en particulier souhaiteraient que les militants tranchent "trois ou quatre questions qui vont bouger un peu les lignes de l'UMP, ce qui inclut évidemment la question sur le nom", a argumenté le député juppéiste Benoist Apparu.

- Tribune commune -

Le filloniste Gérard Larcher a souhaité un vote militant sur le nouveau nom, ce que n'exclut d'ailleurs pas la numéro deux du parti Nathalie Kosciusko-Morizet. "Si la question est très débattue au BP du 5 mai, je ne serais pas surprise qu'on aille à un vote", a dit cette semaine la vice-présidente déléguée de l'UMP.

D'ici là toutefois, NKM et Laurent Wauquiez, secrétaire général du parti, ne désespèrent pas de convaincre les récalcitrants du bien-fondé de cette nouvelle dénomination. Tous deux signent une tribune commune dans Le Monde des 3-4 mai.

"De la même façon que les socialistes s'appellent socialistes parce qu'ils défendent d'abord le socialisme, nous souhaitons nous appeler les Républicains, car nous défendons avant tout l'idée républicaine", y soulignent-ils.

"Les Républicains, c'est un nom qui véhicule des valeurs, celles de la laïcité contre le communautarisme, du travail opposé à l'assistanat, de respect, d'autorité, et qui nous permet de prendre conscience à quel point on a baissé pavillon sur ces valeurs qui sont celles de la République", a affirmé M. Wauquiez à l'AFP.

Le député-maire UMP de Saint-Quentin, Xavier Bertrand, avoue lui n'être "pas fan" du nouveau nom, Les Républicains, et aurait préféré, "Les Populaires", dans un entretien au Journal du Dimanche.

"Les Républicains, je n’en suis pas fan à cause de la référence américaine, et j’ai écrit à Nicolas Sarkozy pour le lui dire. Cela étant, on a mieux à faire que de se déchirer sur ce sujet", poursuit l'ancien ministre du travail qui met en garde "ceux qui réclament un vote séparé" espèrant "secrètement mettre Nicolas Sarkozy en minorité sur le nom" et rappelle à chacun qu'il a "un devoir et une obligation : l’unité."

- D'accord sur un point -

Partisans et opposants au nouveau nom sont toutefois d'accord sur un point: Nicolas Sarkozy est "légitime" à vouloir le changer, puisqu'il l'avait dit dans la campagne interne de l'automne, fait remarquer le sénateur Roger Karoutchi. "Donc il reçu mandat pour ça", reconnaît M. Apparu.

Le parti de droite a d'ailleurs plusieurs fois changé de nom au cours de son histoire depuis la Seconde Guerre mondiale: UNR, UDR, RPR, UMP... Mais, à chaque fois, relève l'ex-ministre Apparu, un nouveau projet s'incarnait dans ce nom.

C'était particulièrement vrai en 2002, quand l'UMP voulue par Jacques Chirac et Alain Juppé est née de la fusion des gaullistes du RPR, des libéraux de Démocratie Libérale et des centristes de l'UDF.

Mais pour un élu UMP non-sarkozyste, ce que veut l'ancien chef de l'Etat, c'est "forger un parti à sa main dans la perspective de 2017".

Selon un sondage Odoxa publié à la mi-avril, deux Français sur trois, mais surtout plus d'un sympathisant UMP sur deux préfèrent UMP aux Républicains. 53% des sympathisants jugent que "Les Républicains" fait trop américain. Un tacle à celui qui était jadis surnommé "Sarko l'Américain".

La gauche aussi crie haro sur le nouveau nom, dénonçant une "captation d'héritage".

"Le républicanisme promu par Nicolas Sarkozy et ses soutiens est en fait d'inspiration américano-lepéniste", accuse aussi une porte-parole du PS, Corinne Narassiguin.

Même des intellectuels comme Jean-Noël Jeanneney ou Marcel Gauchet ont fait part de leur courroux. Réponse des proches de Nicolas Sarkozy: pour lui, "ce n'est pas un sujet". Désireux d'accoler le nouveau nom au sigle UMP dès la campagne des départementales, Sarkozy avait néanmoins dû reculer face à la bronca.

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