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A Colomiers, la majorité socialiste fait sa rentrée en torpillant Sarkozy

"Une menace considérable". C'est par ses mots que Manuel Valls a dénoncé à Colomiers (Haute-Garonne) la "dérive" de Nicolas Sarkozy, au cours d'un meeting où la majorité a fait feu sur l'ancien président et appelé la gauche à la "responsabilité".

"Vers où Nicolas Sarkozy est-il prêt à emporter le pays pour l'emporter ? (...) C'est une menace considérable. C'est un programme brutal, d'affrontements, qui vise les corps intermédiaires et notre modèle social", a déclaré le Premier ministre, pour qui M. Sarkozy, entré officiellement en campagne la semaine dernière, est celui "qui impose à toute la droite son agenda, ses thèmes et sa dérive".

S'exprimant avant le Premier ministre, le premier secrétaire du PS Jean-Christophe Cambadélis, et les ministres Stéphane Le Foll, Marisol Touraine et Najat Vallaud-Belkacem s'en sont eux aussi pris avec virulence à une droite qui "a les mains moites" (Cambadélis), qui "a sorti le vitriol" (Le Foll), ou "abandonné cette foi républicaine" (Touraine).

Dramatisant l'enjeu de la présidentielle -"jamais sous la Ve République une élection n'aura été aussi importante, complexe et périlleuse" - Manuel Valls a souligné "l'immense responsabilité" de la gauche dans ce "moment historique" marqué par le surgissement d'"un totalitarisme islamiste", la menace d'une "dislocation de l'Europe", la "trumpisation des esprits".

"Si nous partons divisés, nous perdrons à coup sûr", a-t-il mis en garde en dénonçant -à destination d'Arnaud Montebourg et Benoît Hamon- la "surenchère des diviseurs" et "les attaques outrancières ... parfois intolérables, à l'égard même du chef de l’État !"

"On ne s'improvise pas candidat(...) L’époque, réclame du sérieux, de l'expérience, de l'autorité, et aussi une capacité d'incarner l'espérance", a lancé le Premier ministre, en précisant vouloir "à la place qui est la (s)ienne (...) aider la gauche à inventer en toute liberté".

Manuel Valls, qui s'exprimait devant un aréopage d'une douzaine de ministres, et environ un millier de militants dans ce fief de la gauche, a souligné la nécessité d'avoir "un projet, une vision" qui donne envie aux Français de "donner un nouveau quinquennat à la gauche".

Redisant son attachement à une "République ferme et généreuse, forte et bienveillante", il a estimé qu'il faudrait "aller plus loin" en matière d'égalité, d'efficacité économique, de solidarité.

- +Marianne n'est pas voilée+ -

Alors que Manuel Valls s'est retrouvé isolé la semaine dernière au sein de son propre gouvernement sur la question du "burkini", il a réaffirmé son attachement indéfectible à la "liberté" des femmes.

"Sur la place des femmes, nous ne pouvons transiger", a dit l'ancien maire d’Évry qui s'est livré à une envolée: "Marianne, le symbole de la République, elle a le sein nu parce qu'elle nourrit le peuple, elle n'est pas voilée parce qu'elle est libre. C'est ça, la République".

S'exprimant à la tribune avant lui, Najat Vallaud-Belkacem s'est attachée à minimiser le désaccord entre elle et le chef du gouvernement à ce sujet: "Je suis révoltée quand j'entends des voix qui voudraient nous opposer".

La ministre de l'Education nationale a, comme M. Valls, mis en garde les candidats à la primaire: "Ne faisons pas de ce moment un moment d’autodestruction".

Le ministre de l'Agriculture a de son côté ironisé sur le "contre-meeting" auquel avait appelé une intersyndicale CGT-FSU-Solidaires-Unef-Fidl-UET (Union des étudiants de Toulouse) devant la mairie de Colomiers. "Il y a toujours eu des chafouins (...) des grincheux (...) des gens jamais contents", a-t-il raillé, en appelant les opposants à la gauche de gouvernement à prendre conscience que "l'alternative ne se jouera pas au sein de la gauche".

Environ 400 personnes, selon la police, s'étaient réunis à partir de 17H00 pour dénoncer "la trahison de la gauche". "Ci-gît le Parti socialiste", proclamait une pancarte brandie dans la foule.

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