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A Nice, les intentions de vote FN dopées par les attentats

"L'attentat m'a décidé", tranche André, 48 ans. Pour la première fois, il votera Marine Le Pen à la présidentielle, comme d'autres habitants de Nice, toujours sous le choc de l'attaque jihadiste qui a fait 86 morts le 14 juillet.

Pour ce commerçant rencontré sur la Promenade des Anglais en plein chantier de sécurisation, la cause de la candidate FN est entendue: "Au moins pour un quinquennat, ce serait bien qu'elle passe".

Selon le Front national des Alpes-Maritimes, il y a eu un "boum de 10% des adhésions après l'attentat, puis une augmentation progressive dans les semaines suivantes".

"Toute cette immigration et toute cette insécurité qu'il n'y avait pas avant. Je ne mets pas tout le monde dans le même panier, mais il faut remettre les frontières et arrêter de donner des visas à tout va", poursuit André, jugeant dérisoires les efforts entrepris par la mairie pour empêcher un nouveau massacre.

Sur des kilomètres, des marteaux-piqueurs défoncent le trottoir et des ouvriers creusent pour planter des plots anti-intrusion assez costauds pour empêcher un camion de foncer sur les piétons du célèbre boulevard de front de mer, comme le soir de l'attentat. La mairie projette aussi de poster un policier armé par école primaire à la rentrée 2017.

Hervé, 48 ans, qui fait ses 10 kilomètres de jogging quotidien sur la Promenade, n'ira "probablement pas" voter, mais il est d'avis que le traumatisme de l'attentat pèsera "certainement" dans les urnes. "Pour les Niçois, ce ne sera plus pareil. Pendant des mois, il y a eu des traces de sang sur la Promenade", dit-il.

"Le Pen, Giscard ou le bon Dieu, quel que soit le président, ça ne changera rien", relativise Patrick Venturini, interrogé dans sa loge de gardien près de l'immeuble où habitait Mohamed Lahouaiej-Bouhlel, l'auteur de l'attentat de Nice. "Je le connaissais, personne ne savait ce qui allait se passer."

- 'Tout le monde se recroqueville' -

"Que voulez-vous qu'ils fassent? Il faut renforcer les effectifs de police, de cyber-enquête, mais je ne suis pas sûr que ce soit efficace. Ce sont des fous embrigadés", estime François Baunier, 45 ans, technicien informatique qui habite non loin.

"Les gens ont peur, et en ont très très marre de tout: du climat qui s'est installé en France, de ce que la France ne soit plus le grand pays qu'elle était (...) et la question soulevée est le manque de moyens pour surveiller le pays", constate Pascale Guit, la maire de Gattières, une commune de l'arrière-pays niçois dont un habitant a perdu six membres de sa famille dans l'attentat. Elle prédit un raz-de-marée en faveur de Marine Le Pen, "plus de 30%".

"A la limite, il se présenterait un bonhomme de neige, avec l'étiquette FN, ce serait pareil", ajoute l'élue, lassée des minutes de silence à répétition et qui préfère désormais passer à la place une chanson hommage.

Michel Lottier, son homologue du village de Blausasc, où le FN a réalisé une percée aux régionales de 2015, observe "ce malaise des gens". "Tout le monde est touché et se recroqueville", dit-il.

Durant l'été après l'attentat, la tension avec la communauté musulmane a été à son comble. A L'Ariane, quartier niçois à forte population immigrée, Hasmane Bida, d'origine algérienne, craint davantage de racisme après la présidentielle. "Ce sera sévère", prédit-elle.

"Marine Le Pen appuie là où ça fait mal, même si elle ne résoudra rien", estime un voisin, Yvan Sinico, chauffeur de poids-lourds, 56 ans.

"Les gens veulent du Trump!", assure Fabrice, 50 ans, un vigile de l'hippodrome de Cagnes-sur-mer. "On désire plus de sécurité, sans automatiquement passer par le FN", nuance son collègue, Jean-Marc, 62 ans. Mais après les soupçons d'emplois fictifs pesant sur François Fillon et les propos d'Emmanuel Macron sur la colonisation qui ont déboussolé cet homme issu d'une famille pied-noir, il ne sait plus pour qui voter.

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