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A Paris, la complainte d'un policier contre le manque de moyens

Voitures "en ruine", manque d'effectifs sur le terrain, gilets pare-balles hors d'âge: parce qu'il en a lui aussi "ras-le-bol" des conditions d'exercice de son métier, Antoine, brassard rouge "police" au bras, s'est joint jeudi soir aux près de 500 policiers une nouvelle fois rassemblés à Paris.

Cet agent de police d'une trentaine d'années en poste dans la capitale, qui ne donne pas son vrai prénom, brave son devoir de réserve pour crier son malaise. L'attaque aux cocktails Molotov contre des collègues à Viry-Châtillon (Essonne), le 8 octobre, a été le déclencheur de ce mouvement de grogne, qui place le gouvernement sur la défensive et a dépassé les syndicats.

"Les syndicats ne pensent qu'à leur gueule, ils font leur guéguerre entre eux, de la politique, c'est pour ça que le pouvoir panique: cette-fois il ne peut pas leur donner un truc pour nous calmer", explique-il au milieu de ses collègues rassemblés sur l'esplanade du Trocadéro avant de partir en cortège sauvage une nouvelle nuit vers les Champs-Élysées.

Pourtant ce qu'il faut, ce sont des moyens. "Le matériel, c'est n’importe quoi", lâche-t-il.

"J'ai le même gilet (pare-balles) depuis 8 ans, les plaques bougent, j'ai fait une demande pour le changer en janvier, j'attends encore. Il y a deux gilets neufs par commissariat pour les mecs qui font la garde statique devant. Les autres gardent leurs vieux gilets", détaille-t-il.

- 'Personne en patrouille' -

Quant aux voitures de fonction, "elles ont des problèmes d’embrayage, elles partent en ruine". Après l'attaque de Viry-Châtillon, le Premier ministre Manuel Valls a annoncé que les véhicules seraient dotés de filtres anti-caillassage, voire de blindage.

Une annonce qui est loin de convaincre Antoine: "Déjà quand on est deux, la voiture n'avance pas, alors ajoutez-y un blindage... Et puis ça revient à dire aux mecs qu'ils peuvent nous caillasser, on est blindés". Les tenues ignifugées, également promises par Manuel Valls? "Au bout de cinq lavages elles ne le seront plus", croit-il savoir.

L'état des locaux n'est selon lui pas meilleur: "Allez voir le commissariat du VIIIe, ils mangent avec les souris, les chiottes sont à la turque".

Mais c'est surtout le manque de moyens sur le terrain qui exaspère Antoine. "On retire des gars du terrain pour rédiger des plaintes, il n'y a plus personne en patrouille et après on s'étonne", dénonce-t-il, en réclamant la fin des gardes statiques devant les bâtiments car "c'est pas notre boulot, pendant ce temps-là on ne fait pas d'anticriminalité".

A la suite des attentats de 2015, le gouvernement a doté policiers et gendarmes de fusils d'assaut, de nouvelles voitures, des moyens qui ont principalement bénéficié aux services spécialisés aux dépens des policiers de la sécurité publique.

Défendant les efforts du gouvernement, le ministre de l'Intérieur Bernard Cazeneuve a rappelé mercredi qu'une "hausse de 15% des crédits" d'équipements du ministère était décidée pour 2017 et souligné que 6.300 postes avaient été créés depuis 2012, 2.700 supplémentaires venant s'y ajouter l'an prochain.

Pour répondre aux revendications des policiers, le ministre a également annoncé des "concertations" d'ici décembre avec les fonctionnaires de police sur la question des dotations ou encore des travaux immobiliers.

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