Accueil Actu

Un buraliste jugé pour le meurtre d'un cambrioleur plaide la légitime défense

Le patron d'un bar-tabac de Lavaur (Tarn), jugé à Albi pour avoir tué un cambrioleur de 17 ans d'un coup de fusil de chasse, voulait "faire peur aux voleurs", a-t-on appris lundi au premier jour de son procès.

Luc Fournié, 58 ans, avait lui-même appelé les gendarmes et les secours après avoir tué le jeune cambrioleur, dans la nuit du 14 décembre 2009, quand deux voleurs s'étaient introduits dans son établissement.

"J'ai tiré sans viser, c'était pour leur faire peur et éviter qu'ils ne reviennent", avait indiqué M. Fournier lors de sa garde à vue.

Devant la cour d'assises du Tarn, sa sœur aînée Isabelle, avec laquelle il détient le bar-tabac depuis 2003, a déclaré: "On n'a pas pensé à des jeunes, on croyait que c'était une bande de l'Est".

Quelques jours avant les faits, elle avait alerté son frère que les barreaux d'une fenêtre du bar-tabac avaient été sciés. M. Fournié s'en était ouvert à la gendarmerie qui lui a assuré qu'une "surveillance ciblée" serait mise en place.

Sous les recommandations de sa sœur, M. Fournié avait aussi installé "un système d'alerte" : un fil de pêche tendu entre des chaises.

"Ce fil devait nous avertir et eux (les cambrioleurs, NDLR) pouvaient repartir", a indiqué à la cour Mme Fournié lundi après-midi. "Ce n'était pas un piège mais un avertisseur", a-t-elle insisté.

M. Fournié détenait par ailleurs un fusil de chasse, dont l'origine n'a pu être déterminée, et avait récupéré dans sa maison du Lot des munitions le jour du drame.

L'arme, chargée, était conservée à l'étage où dormaient sa mère, sa sœur et son neveu, tandis qu'il avait installé un lit de camp au rez-de chaussée de l'établissement.

"J'ai eu peur qu'on s'en prenne à ma famille", s'était-il défendu lors de son expertise psychologique.

- "Je ne me sens pas coupable" -

La nuit du 14 décembre 2009, M. Fournié, alerté par du bruit, s'était rendu à l'étage de son établissement pour réveiller sa sœur et s'emparer d'un fusil de chasse.

Apercevant deux ombres dans le bar-tabac, il avait ouvert le feu et abattu Jonathan, un lycéen de 17 ans, entré par effraction dans l'établissement avec un autre mineur.

Selon l’ordonnance de renvoi lue à l'audience, Jonathan s'est effondré après avoir été touché au ventre par un tir de fusil de chasse de calibre 12 à une distance de 1 mètre à 1,50 mètre. M. Fournié avait ensuite enjambé le corps pour poursuivre le fuyard et avait fait feu dans sa direction.

A l'arrivée des pompiers, quelques minutes après le drame, il avait déclaré "avoir raté le deuxième individu".

Il n'avait pas allumé la lumière avant de tirer mais Hugo, le deuxième cambrioleur, avait précisé au cours de sa garde à vue que les lampadaires extérieurs permettait d'y voir "relativement bien".

"Je ne me sens pas coupable et je referai la même chose dans les mêmes conditions", avait ajouté M. Fournier au cours de l'expertise psychologique.

Des propos qu'il a confirmés lors d'une conversation téléphonique avec un ami, alors qu'il était placé sur écoute. M. Fournié avait estimé que "son acte était normal" et qu'il "valait mieux que ce soit lui qui ait tiré".

Sept habitués du débit de boisson de la famille Fournié ont été appelés à témoigner par la défense lundi. Ils ont évoqué un homme "aimable", "calme" et "très bon commerçant".

La présidente de la cour d'assises, Corinne Chassagne, a rappelé à l'ouverture du procès que le juge d'instruction avait rejeté le principe de légitime défense invoqué par M. Fournié. Pour le juge, les mesures prises par ce dernier ont été "à l'origine du danger dans lequel il s'est trouvé".

À la une

Sélectionné pour vous