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Attaque de Levallois: Hamou B. avait des velléités de jihad en Syrie

Même s'ils n'ont pu auditionner le suspect, toujours hospitalisé, de l'attaque contre des militaires à Levallois le 9 août, les enquêteurs ont découvert qu'Hamou B. s'intéressait aux "organisations terroristes islamistes" et avait des velléités de départ en Syrie.

"Les investigations (...) viennent non seulement étayer le caractère prémédité de cette attaque, mais également son caractère terroriste", a déclaré le procureur de Paris, François Molins, lors d'un point presse, deux semaines après cette nouvelle attaque qui avait relancé le débat autour de l'opération Sentinelle.

Six militaires avaient été blessés, dont trois sérieusement, par une BMW qui avait délibérément foncé sur eux au moment de la relève, vers 08H00, devant leur local de Levallois-Perret (Hauts-de-Seine), à l'ouest de Paris.

Quelques heures plus tard, le véhicule avait été intercepté par la police sur l'autoroute vers Calais et son conducteur, Hamou B., un Algérien de 36 ans, avait été blessé par balles alors qu'il refusait d'obtempérer.

Son état "à ce jour ne permet toujours pas (...) une audition par les services de police" avant "plusieurs jours, voire plusieurs semaines", a indiqué le procureur.

Mais l'enquête, désormais confiée à des juges d'instruction, a progressé malgré tout.

Selon les images de vidéosurveillance, Hamou B., également manutentionnaire dans une grande surface, avait effectué un "repérage préalable" sur les lieux trois jours avant, au volant du véhicule de location de la société de VTC qui l'employait depuis mars.

- Acte solitaire? -

Sur deux téléphones, les inspecteurs ont retrouvé des recherches internet récentes, notamment à propos de billets d'avions Paris-Istanbul pour début septembre 2017, de la région d'Idleb en Syrie, en partie contrôlée par des groupes jihadistes, ou de "la légitimité dans la religion musulmane de tuer des musulmans ou (...) des mécréants".

Le téléphone saisi chez lui à Bezons (Val-d'Oise) comporte par ailleurs "une douzaine d'images relatives à l'État islamique", l'organisation jihadiste ayant revendiqué plusieurs des attentats qui se sont succédé en France depuis janvier 2015, faisant 239 morts.

Le procureur a également souligné la proximité ancienne d'Hamou B. avec le "mouvement fondamentaliste Tabligh - en français: Association pour la prédication -, mouvement qui prône une vision ultra-rigoriste, littérale de l'islam". Et il aurait participé "en 2013 et 2014 à une campagne de propagande organisée par ce mouvement".

Mais "on n'a pas aujourd'hui d'éléments qui permettent d'affirmer qu'il aurait eu des connexions" avec l'EI, a dit le procureur, interrogé sur ce point.

"Ca renvoie effectivement à ces schémas qui sont très difficiles à détecter de la part des services", avec des gens "qui se radicalisent tout seuls dans leur coin, sans forcément avoir des connexions par Internet ou avec des individus", a déclaré M. Molins, sans conclure encore qu'il s'agissait d'un acte solitaire.

Une personne avait été placée en garde à vue à Marseille la semaine dernière. Cet homme de 35 ans, domicilié à Argenteuil, a été remis en liberté deux jours plus tard, sans poursuite. Son audition n'a pas permis "de rassembler suffisamment d'éléments probants pour le rattacher" à cette attaque.

Jamais condamné et titulaire d'un titre de séjour récent, Hamou B. était jusqu'ici "inconnu des services spécialisés". Il avait "uniquement été signalé à Toulouse en juin 2009 (...) dans une affaire de vente de cigarettes de contrefaçon, et pour une affaire de séjour irrégulier sur le territoire", a relevé le procureur, "ainsi qu'à Sartrouville (Yvelines) en 2013 pour séjour irrégulier".

Cette attaque a relancé le débat sur l'opération Sentinelle, qui mobilise 7.000 soldats en permanence depuis 2015. Pour certains experts, ces militaires sont désormais surtout des "cibles". Le 14 juillet, le président Emmanuel Macron a annoncé que le dispositif allait être revu "en profondeur".

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