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Attentat contre Charlie Hebdo: les tueurs restent introuvables

Une traque sans précédent est en cours en France pour retrouver les frères Kouachi, suspectés d'avoir commis l'attentat sanglant au siège de Charlie Hebdo. Ils ont été reconnus jeudi matin par le gérant d'une station-service qu'ils ont braquée, à 80 km au nord de Paris, en Picardie. La région a été placée au niveau maximum d'alerte antiterroriste. Les unités d'élite du Raid (police) et du GIGN (gendarmerie) y sont déployées. Bernard Cazeneuve, le ministre de l'Intérieur français, a annoncé que neuf personnes se trouvaient toujours en garde à vue dans le cadre de l'enquête.

Deux jours après l'un des attentats terroristes les plus meurtriers de l'histoire en France, commis mercredi matin en plein Paris dans les bureaux du journal satirique Charlie Hebdo et faisant 12 morts et 11 blessés, les deux frères Kouachi, auteurs présumés des faits continuent d'échapper aux unités anti-terroristes de la police et de la gendarmerie. Ce matin, tous les espoirs d'un dénouement prochain étaient pourtant permis après qu'ils avaient été identifiés par le gérant d'une station-essence braquée dans le nord de la France, dans le secteur de Villers-Cotterêts (Aisne). Ce vendredi matin, les médias français rapportaient que les recherches semblaient piétiner malgré l'imposant déploiement impliquant plusieurs hélicoptères et de nombreux policiers qui observés tout au long de l'après-midi ratissant des villages et hameaux des environs de la station-essence, progressant presque maison par maison.

Voici un rappel des faits survenus ces derniers jours.


LA TRAQUE

Mercredi soir, le plan Vigipirate est relevé au niveau le plus élevé, "alerte attentat", en Ile-de-France. Des perquisitions interviennent à Strasbourg, Pantin et Gennevilliers, en région parisienne. A Reims (Marne) et Charleville-Mézières (Ardennes) des opérations d'envergure impliquent des policiers d'élite du Raid jusqu'à minuit passé.

Un avis de recherche national est lancé contre trois hommes: Chérif et Saïd Kouachi - deux frères de 32 et 34 ans, de nationalité française et de parents algériens et Mourad Hamyd, 18 ans, beau-frère de Chérif Kouachi. Les enquêteurs sont remontés aux deux frères, dont l'un, Chérif, est un jihadiste condamné en 2008. Chérif, a en effet appartanu à celle qu'on a nommée "la filière des Buttes-Chaumont". Entre 2003 et 2005, sous la houlette d'un jeune prédicateur, une dizaine de jeunes, âgés de moins de 25 ans, et habitant tous dans le 19e arrondissement de Paris, sont partis rejoindre les rangs de la branche irakienne d'Al-Qaïda, rappelle le média France Télévision. Chérif avait été arrêté avant d'être parti en Irak.

Les deux frères ont été confondus par des analyses génétiques et la carte d'identité de Saïd retrouvée dans leur voiture abandonnée à Paris. Des sources proches du dossier affirment qu'une dizaine de cocktails Molotov et un drapeau jihadiste ont aussi été retrouvés dans la voiture.


Mourad se rend: il semble ne pas être lié avec l'attentat

Vers 23H00, Mourad Hamyd se rend au commissariat de Charleville-Mézières. Il est placé en garde à vue comme d'autres personnes de l'entourage des frères Kouachi. Il n'est visiblement pas impliqué dans l'attentat.

La police diffuse les photos des frères Kouachi.

La tension s'aggrave jeudi en matinée avec une fusillade dans la banlieue sud de Paris au cours de laquelle une stagiaire de la police est tuée et un autre agent municipal grièvement blessé. L'auteur présumé est en fuite. La fusillade est sans lien "à ce stade" avec l'attentat, selon le ministre de l'Intérieur Bernard Cazeneuve. La section antiterroriste est toutefois été saisie, annonce le parquet.

Parallèlement, plusieurs lieux de culte musulman sont visés dans le pays sans faire de victime.


"Cagoulés, avec kalachnikov et lance-roquettes"

En milieu de matinée, les frères Kouachi sont reconnus en Picardie par le gérant d'une station-essence près de Villers-Cotterêt (Aisne) qu'ils ont agressé, "cagoulés, avec kalachnikov et lance-roquettes apparentes". L'objet de cette attaque: se ravitailler, suppose-t-on. Le Raid et le GIGN se déploient en Picardie, pour la première fois ensemble. Le niveau "alerte attentat" est étendu à la Picardie. A la tombée de la nuit, les deux hommes, qui ont abandonné leur voiture, restent en fuite.

Neuf personnes au total sont en garde à vue, selon M. Cazeneuve, qui précise que Saïd Kouachi a été "formellement reconnu sur photo comme agresseur".


RAPPEL: L'ATTENTAT

Vers 11H30 mercredi deux hommes vêtus de noir, cagoulés et porteurs d'armes automatiques se rendent à Paris au siège de Charlie Hebdo et ouvrent le feu sur deux hommes à l'accueil, tuant l'un d'eux. Ils montent alors au deuxième étage où se tient la conférence de rédaction et tuent huit membres de la rédaction, un policier et un invité de la rédaction.

Parmi les victimes figurent les dessinateurs Charb, Wolinski, Cabu, Tignous et Honoré, ainsi que le chroniqueur Bernard Maris. Caché sous une table, un journaliste entend les deux tireurs crier "nous avons vengé le prophète" et "Allah akbar".


"On a vengé le prophète Mohamed! On a tué Charlie Hebdo!"

Après un appel police-secours, des policiers sont dépêchés. Les deux agresseurs s'enfuient dans une Citroën noire qu'ils ont garée devant l'immeuble et échangent des coups de feu avec deux patrouilles de policiers, sans faire de blessés.

Puis les assaillants déclenchent une troisième fusillade avec les policiers. L'un d'eux est alors touché et se retrouve à terre où l'un des agresseurs l'achève d'une balle en pleine tête. Avant de repartir en voiture les assaillants crient: "On a vengé le prophète Mohamed! On a tué Charlie Hebdo!".

En s'enfuyant vers le nord-est de Paris, les assaillants abandonnent leur véhicule puis braquent un automobiliste pour s'enfuir avec sa Clio vers le nord de Paris. Les forces de l'ordre perdent leur trace.


REACTIONS et MOBILISATIONS

Le président François Hollande, qui s'est rendu sur les lieux immédiatement après l'attentat, annonce mercredi soir un deuil national pour le lendemain. Les réactions se multiplient dans le monde, de John Kerry, qui s'exprime en français, à Angela Merkel ou Vladimir Poutine. L'ONU dénonce un attentat "lâche et barbare", le pape François un acte "abominable".

Des centaines de milliers d'internautes utilisent le hashtag #jesuischarlie. En soirée, plus de 100.000 personnes se rassemblent notamment à Paris, Rennes et Lyon, mais aussi dans plusieurs villes européennes, New York, Washington et au Canada.


Les quotidiens se couvrent de noir

Jeudi, les quotidiens se couvrent de noir en Une, des anonymes déposent fleurs, crayons, bougies, dessins et messages près du siège de Charlie Hebdo.

A midi, la France observe une minute de silence, présidée au Sénat par un socialiste et un UMP en signe d'unité nationale. Des milliers de personnes, arborant des feuilles marquées "JeSuisCharlie" s'immobilisent dans les rues. Le glas sonne à Notre-Dame de Paris, ainsi qu'à Londres. A Bruxelles, les drapeaux sont en berne devant les institutions européennes.

Des "marches républicaines" s'organisent pour dimanche à travers le pays. La plupart des grandes fédérations musulmanes appellent à y participer comme les principaux "partis républicains", gauche droite et centre confondus. Marine Le Pen dénonce "l'exclusion" du Front national.

L'Etat islamique qualifie les auteurs de "héros"

La radio de l'organisation Etat islamique (EI) a qualifié jeudi de "héros" les auteurs de l'attaque contre le journal Charlie Hebdo qui a fait 12 morts mercredi à Paris. "Des héros jihadistes ont tué douze journalistes et blessé plus de dix autres travaillant dans le journal Charlie Hebdo et cela pour venger le prophète Mahomet", a indiqué le bulletin de la radio al Bayane de l'EI, qui contrôle de larges pans de territoire en Irak et en Syrie.

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